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Réunion publique du Bois-Plage : ton plus mesuré mais message de fond très ferme
Si certains ont trouvé le président de la communauté de communes, Lionel Quillet, un peu plus « mesuré » lors de la réunion publique du 31 juillet au Bois-plage qu’il ne l’avait été 3 semaines plus tôt à Ars, il n’a cependant pas mâché ses mots quant à son appréciation des services de l’État et du préfet. La mesure fut donc plus dans un exposé plus construit, davantage sur le registre rationnel que passionnel, et dans une plus grande pédagogie d’explication sur les imbrications entre SCoT, PAPI et PPRN (voir nos dossiers dans ré à la Hune N° 72 et N° 73, très appréciés de nos lecteurs pour leur clarté).
La grande évolution dans le discours du Président de la CdC a été de préciser qu’annoncer que 16 000 maisons peuvent être « impactées » ne veut pas dire qu’elles le seront toutes et que tout est dans la définition de ce que veut dire « impacté ». À cet égard, tout n’est pas clair, loin s’en faut.
Une adhésion massive des Rétais au discours de élus… Et l’avis favorable des Commissaires enquêteurs
Il n’en reste pas moins qu’entre la réunion d’Ars qui avait accueilli 900 personnes et celle du Bois qui a dépassé les 1000 personnes, cette forte participation – exceptionnelle pour des réunions « politiques » – témoigne d’une réelle inquiétude des Rétais et résidents secondaires. Et que le Président de la Communauté de Communes excelle dans ce type de réunion, par son charisme et ses talents d’orateur, si l’on en croit les applaudissements appuyés de la salle dans les deux cas. Sur le fond, la grande nouveauté lors de cette réunion du Bois-Plage fut l’annonce de l’avis favorable à l’unanimité des trois commissaires-enquêteurs qui vont même au-delà des attentes des élus (voir ci-contre) et renforcent considérablement leur position, Lionel Quillet ayant toujours annoncé qu’ils seraient « les juges de paix ».
Une légitimité renforcée
Il puise aussi dans les événements passés la légitimité de sa fronde vis à vis des Services de l’État, et n’a pas manqué de rappeler qu’heureusement qu’il était monté au créneau lors de la gestion désastreuse par les services de l’État de l’Après-Xynthia (« sans aucun débat contradictoire les experts ont voulu en 3 jours élaborer les zonages et en 15 jours boucler ce que l’on a mis 2 ans et demi à faire autour du PPRN ») , le rapport de la Cour des Comptes étant à cet égard très explicite. Et dans la présidence de la Mission Littoral que lui a confié le Président du Conseil général une autre légitimité encore, puisque celle-ci visait à ce que le Conseil général mène sa propre expertise. Il n’a pas manqué de rappeler que le Tribunal de Poitiers avait donné raison au Maire des Portes qui a délivré un permis de construire malgré l’avis négatif des services de l’État (qui a donné près d’une trentaine d’avis négatifs sur des permis de construire sur les communes du Canton Nord depuis quelques semaines, tout de même), rappelant que les élus ne disposent d’aucune base juridique pour refuser les permis, même en zone dite submersible.
Il a répété que les élus rétais sont des élus responsables « il n’y a pas un mot sur les élus rétais dans le rapport de la Cour des Comptes » et s’est demandé pourquoi alors que la protection de l’île de Ré a bien été prise en compte « à Paris » lors de la labellisation du PAPI, elle ne l’était pas à « La Rochelle ». Les tableaux et cartes présentés le sont sur la base des relevés topographiques, et montrent que 16 000 habitations sont « impactées » si l’instruction des permis de construire se fait à Xynthia + 20 cm, 17 400 habitations à Xynthia + 60 cm, « où sont les mensonges des élus ? » s’est-il interrogé, ne manquant pas de relever la discordance entre ce titre racoleur et les propos réels de la Préfète.
Le Président de la République appelé en arbitre par 9 Maires rétais
Lionel Quillet a conclu en précisant que les Maires rétais (hormis Léon Gendre qui a refusé de le signer) ont envoyé un courrier au Président de la République pour rappeler à la Préfète qu’il existe une méthode – à l’instar de celle mise en oeuvre dans le cadre du PPRN de 2002 et du PAPI de 2012. Les élus souhaitent aussi savoir comment argumenter les refus de permis de construire durant la période transitoire. Enfin il a annoncé qu’à son instigation tous les élus du littoral de Charente-Maritime vont se réunir avec les Députés concernés en septembre prochain, afin d’obtenir de la Préfecture qu’une méthode soit débattue et mise en place. « Juges et commissaires-enquêteurs nous donnent raison, il faut que le SCOT passe, que le projet de vie permanente pour l’île de Ré soit pris en compte, que “certains” acceptent enfin l’avis des commissaires-enquêteurs, il faut laisser travailler les élus et les Rétais, il sera toujours temps de dégager les élus à la fin de leur mandat si nous avons mal travaillé ».
L’intervention de l’ « incontournable » Patrick Salez, expert européen dont on croit savoir qu’il a travaillé sur certains sujets européens avec Béatrice Abollivier, au cours de laquelle il a fustigé notamment le durcissement des relations entre les élus rétais et l’État et pris ouvertement la défense de la Préfète en expliquant qu’elle ne faisait qu’appliquer la circulaire de juillet 2011 (prise en compte de Xynthia en matière d’urbanisme) et était elle aussi « coincée », fut balayée d’un revers de paroles : « Madame le Préfet s’est trompée de méthode, et nous avons demandé un arbitrage de compétences au ministère, il faut un renfort de compétences au plan local. Je ne voudrais pas que tout ceci soit un prétexte au service d’un grand fantasme de certains : “il y a trop de monde sur l’île de Ré”, et prétexte à tout mélanger. Je veux un arbitrage de sérénité et de sécurité, et non pas que l’on cherche à résoudre d’autres choses, nous élus rétais sentons qu’il y a pour l’île de Ré un arbitrage excessif de la part de la Préfecture. Par exemple, sur Aytré, c’est beaucoup plus souple, le Préfet arbitre différemment selon les territoires. Or il n’y a aucune base juridique qui permette d’anticiper l’aléa comme c’est fait aujourd’hui ».
En aparté, le Président de la CdC précisait sa pensée : « Il serait logique qu’il y ait un surseoir à statuer sur tous les permis de construire en attendant l’arrivée des cartes d’aléas, que dans les nouveaux PLU en cours d’élaboration dans les communes un nouveau PADD (plan d’aménagement durable) soit voté, que la Préfecture favorise le SCOT et travaille avec les élus et non en opposition au SCOT rétais ».
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