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Retour de mission de coopération humanitaire à Arbollé, Burkina Faso
Depuis 33 ans, les missions des Amis d’Arbollé dans ce pays d’Afrique de l’Ouest se suivent mais ne se ressemblent pas. Celle de février-mars 2014 est unique et restera dans les annales de l’association rétaise. Tout devait être simple, et tout a été compliqué sur place. Toutefois l’expérience vécue est positive, de par la richesse des échanges avec la population locale.
Attendre et patience
Ce sont les maîtres-mots du séjour de quatre semaines dans ce village de brousse. De quoi forger le caractère des Français habitués à vouloir aller vite ! Là où il aurait fallu une petite semaine pour mener à bien la mission, les palabres et discussions ont duré un mois. Le container de 17 tonnes acheminé sur place, par bateau et par la route, a été vidé de son contenu au bout de quinze jours. Son déplacement sur le terrain des femmes n’a pu s’opérer que 48 heures avant le départ des Amis d’Arbollé. Les clés du Magic Bus, offert par Bernard Dupont de Saint-Clément-des-Baleines, n’ont pu être remises au maire d’Arbollé que le matin du départ pour la France. Les exigences et des divergences de vue de certains groupes de population locale ont engendré de nombreuses et longues tergiversations.
Partir en mission dans la brousse, c’est aussi vivre au coeur du village
Les Amis d’Arbollé est la seule association à y passer un long moment. C’est une bonne façon de constater l’évolution d’une année sur l’autre. Et ça bouge ! L’électricité doit arriver prochainement, elle changera sans aucun doute bien des choses. Un centre médical est en construction, de nouvelles cases d’habitation poussent un peu partout. En plus du lycée départemental deux nouveaux lycées privés se sont montés. L’attractivité du village est évidente. La première maternité a été construite par les Amis d’Arbollé, elle a contribué au rayonnement et à l’attrait. En 1980, lorsqu’Alain Neveur a proposé de créer l’association française, Arbollé comptait 1500 habitants, tout comme Ars-en-Ré à l’époque. Aujourd’hui Ars a 1370 habitants et Arbollé… 50 000, répartis sur 46 lieux-dits, dans un rayon de 30 km.
L’eau est toujours tirée au puits. Pour aller la chercher il faut de bons bras, la nappe est en profondeur. Les moyens de subsistance sont essentiellement la culture du mil, l’élevage de porcs, chèvres, moutons, poulets et la récolte de tomates, d’oignons, et de choux. La culture de l’igname, un tubercule qui pourrait faire penser à la pomme de terre par son goût, est encouragée par les autorités locales et nationales, d’autant que l’igname d’Arbollé est prisé dans tout le pays. Au village, le nombre d’enfants malnutris est en nette régression. Des enfants, il y en partout, toujours joyeux, et surtout curieux de regarder comment vivent les Français dans leur village.
Les 1600 tricots, confectionnés par les mamies françaises, remportent toujours un vif succès auprès des sages-femmes de la maternité qui les offrent aux mamans venues assurer la pesée de leurs bébés. Continuez à tricoter pour nous, demandent-elles. La dizaine de fauteuils d’handicapés, acheminés dans le container, ne suffiront pas à contenter tout le monde, il en faudrait dix fois plus. Les couvertures apportées, pourtant nombreuses, ne serviront qu’à une poignée de population, la plus nécessiteuse. Les matelas européens sont plébiscités car sur place on dort sur la natte ou sur des matelas de mousse, souvent en provenance de Chine. À Arbollé, les machines à coudre à pédales piquent à tout va. Une école d’apprentissage professionnel vient de se monter, à l’initiative d’un privé.
Les femmes, des piliers
Elles se mobilisent, elles font régulièrement appel au micro-crédit pour monter un petit business ou pour payer la scolarité des enfants. Elles cueillent les graines de karité pour le transformer en beurre pour l’hygiène de la famille ou pour le vendre au marché. Elles vont dans les villages pour porter la bonne parole sur la santé, la contraception, la prévention. Pour montrer leur contentement et exprimer leurs mercis, elles chantent et elles dansent. Depuis un an, elles attendaient avec impatience le container, qui une fois vidé, doit leur servir de local de stockage pour leur karité et le neem qu’elles exploitent et pour les produits qui en sont dérivés. À terme, il leur servira peut-être de local de travail.
Partir ainsi, dans la brousse d’Arbollé, ne laisse pas indifférent. Les cinq bénévoles rétais partis sur place, dont j’ai fait partie, peuvent en témoigner : il y a un avant voyage et un après voyage. OEil, coeur, certitudes reviennent chamboulés…
Trois questions à René Chaussin, président des Amis d’Arbollé
Quel est le point saillant de votre dernière mission ?
Au bout de quatre semaines à Arbollécentre, d’être arrivé, au prix de beaucoup d’efforts, à mettre en place le container sur son lieu de destination fi nale, le terrain des femmes de l’association ALFA. Le Magic Bus devrait aussi être très utile à la population locale, les écoles ont tout de suite vu l’intérêt de ce véhicule pour leurs sorties pédagogiques. La mairie en est maintenant propriétaire et assurera sa gestion au travers d’une convention avec les associations locales.
Séjourner quatre semaines dans la brousse par 45° est-ce difficile ?
Non, si on se conforme à la vie locale. 6h du matin debout au chant du coq. Jusqu’à midi, ça va, après nous émergeons à 16h. Il faut boire beaucoup d’eau et quelques bières pour le plaisir. Et se nourrir avec des produits locaux qui ne sont quand même pas très variés. Il faut aussi s’adapter à la poussière rouge qui pénètre partout.
Quelle est la suite du programme ?
Réfléchir aux priorités ici et là-bas. Nous organisons à Ars-en-Ré deux lotos, dimanche 27 avril et mardi 5 août, et des ventes de gâteaux confectionnés par les bénévoles rétais sur le parvis de l’église le 13 juillet et le 15 août. Nous avons rapporté dans nos valises de l’artisanat burkinabé, qui sera proposé à la vente lors des manifestions organisées par l’association. Il faut refaire la cagnotte pour les projets futurs. Et pour là-bas, un voyage est envisagé au début 2015, afin d’évaluer les besoins et les attentes du village. Le chef coutumier nous a assuré de son soutien, il s’est proposé de nous accompagner à la rencontre des autres lieux-dits d’Arbollé. Vraisemblablement, ce sera un voyage d’étude.
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