Rétais, vous êtes filmés !
Rassurante pour certains, intrusive pour d’autres, la vidéosurveillance (ou « vidéoprotection », selon la terminologie officielle employée par l’État) est devenue la norme pour la majorité des villes de l’hexagone. Les petites communes de l’île de Ré n’échappent pas à cette tendance sécuritaire.
C’est la commune de Rivedoux- Plage qui a installé les premières caméras de vidéoprotection de l’île. « Suite à de très, trop nombreuses dégradations à proximité du poste de secours, le conseil municipal a décidé, le 17 septembre 2010, d’équiper le site avec un système fixe de vidéosurveillance de quatre caméras extérieures », explique Patrice Raffarin, le maire de la commune. En juillet 2014, lors de l’achèvement des travaux du marché et des locaux commerciaux place de la République et avenue de la Plage, la commune de Rivedoux-Plage s’est équipée de six nouvelles caméras extérieures fixes de vidéoprotection. « L’association des plaisanciers du port de Rivedoux-Plage se plaignait aussi de visites trop nombreuses sur leurs bateaux, nous avons donc ajouté une caméra sur le port », ajoute l’édile. En 2019, une nouvelle caméra a été installée à l’entrée de l’aire naturelle des Tamaris. D’autres caméras sont en cours d’installation pour la protection du nouveau complexe sportif et de loisirs (salle omnisports, terrains de tennis, boulodrome, City stade…).
Quelle efficacité ?
« La présence de ces caméras a pour objet la protection des bâtiments communaux, la surveillance de leurs abords et du domaine public en général. Elles contribuent ainsi à la prévention des atteintes à la sécurité des personnes et des biens », affirme Patrice Raffarin. Sur sa commune, les caméras ont en effet permis de constater et d’identifier les auteurs de dégradations de biens publics (tags, bancs, panneaux de signalisation routière, candélabres, bâtiments communaux…) et de biens privés (véhicules, bateaux sur le port, vols de sacs et effets personnels sur la plage sud…). Des vols de portables, dégradations de façades commerciales, vols de véhicules et de commerces ou encore des dépôts sauvages ont également été condamnés grâce au dispositif. Des individus recherchés par les forces de sécurité de l’État ont par ailleurs pu être interpellés.
Pour que coût ?
« Le coût total de cet investissement est de 76 738 euros. Pour chaque installation, une demande de subvention d’environ 50 % du coût total de l’installation est sollicitée auprès des services de l’État. Les économies réalisées suite à l’identification des auteurs d’actes malveillants ou la dissuasion engendrée par la pose de ces caméras sont réelles et bien supérieures au coût de l’investissement », assure Patrice Raffarin.
Des riverains visiblement satisfaits
« Personne ne peut se satisfaire d’avoir recours à un système de vidéoprotection, la dissuasion est cependant efficace et elle a fait diminuer de façon importante les dégradations, les riverains le reconnaissent et apprécient », analyse le maire de Rivedoux-Plage. Même analyse du côté de Saint-Clémentdes- Baleines, qui a installé ses premières caméras de vidéoprotection en juillet 2019 afin de lutter contre les incivilités. Un investissement de 17 000 euros qui s’avère efficace. « Les sept caméras installées dans le centre du village (place de l’église, école primaire, mairie, clos et petit clos de la mairie, office de tourisme et à l’arrière de l’église ont permis aux gendarmes plusieurs interventions : plaques d’immatriculation, brutalités, dégradations. Globalement, les riverains sont satisfaits de la baisse de la délinquance », affirme Alain Viguier, adjoint au maire de Saint-Clément-des-Baleines. Dans le canton nord également, Ars-en-Ré, qui a installé dix caméras afin de surveiller certains bâtiments publics (capitainerie, salle des sports…), espaces fréquentés (place Carnot, placette ludique, aires de jeux, marché) et à risque (pontons) ne déplore « aucune réaction négative à ce projet » et surtout « moins de dégradation du mobilier urbain et la résolution d’affaires par la gendarmerie ».
Le Bois-Plage, la commune la plus filmée
Entre 2017 et 2019, pas moins de 24 caméras ont été installées sur la voie publique et dans les lieux publics du Bois-Plage : la halle et les abords du marché ont été les premiers à être équipés du dispositif de vidéoprotection, puis la fourrière municipale, la place de la mairie, le périmètre des salles municipales et les locaux associatifs et enfin en 2019, le groupe scolaire. Un investissement de près de 60 000 euros – auquel s’ajoutent les dépenses annuelles de maintenance de l’ordre de 3 000 euros, à la hauteur des résultats attendus : « L’efficacité de ce dispositif correspond bien aux attentes de la municipalité car depuis trois années consécutives, les actes de malveillance et les dégradations importantes ont considérablement réduit », assure le maire de la commune, Jean-Pierre Gaillard. « Ce dispositif a été conçu pour améliorer la protection des personnes et des biens, la lutte contre les incivilités, les vols de vélos, les dégradations et d’une manière générale dans l’esprit d’investir davantage pour prévenir que pour réparer », ajoute-t-il. Le maire du Bois-Plage indique par ailleurs que concernant les riverains, « aucune remarque négative n’a été adressée à la mairie, étant précisé que les images des caméras ne sont pas visualisées en direct mais enregistrées sur disque informatique avec auto écrasement à 30 jours s’il n’y a pas eu d’événement nécessitant d’exploiter les images ».
À contre-courant
Du côté de La Couarde-sur-Mer, trois caméras ont été disposées sur le pourtour des bâtiments constituant l’îlot de la mairie au moment de sa construction en 2014 et ne se sont pas avérées avoir été utiles à ce jour. Si la tendance est à tout filmer (les agents de police municipale peuvent désormais être autorisés à porter des caméras mobiles dans l’exercice de leurs missions), toutes les communes de l’île ne sont pas équipées en caméras de vidéoprotection. C’est le cas de Saint-Martin-de-Ré, La Flotte, Loix, Les Portes-en-Ré et Sainte-Mariede- Ré. La délinquance est-elle pour autant supérieure au sein de ces communes-ci ? Aucune donnée ne peut le prouver.
Le pont sous haute surveillance
Depuis 2010, 16 caméras sont installées sur le pont de l’île de Ré. « Le dispositif est utilisé pour assurer la sécurité des personnes, suivre les accidents et les incendies, prévenir l’atteinte aux biens publics, constater les infractions et réguler le trafic. Cela permet également d’alerter la police ou la gendarmerie en cas de tentative de suicide », explique Catherine Desprez, Vice-Présidente du Département de la Charente- Maritime en charge des transports et du pont de l’île de Ré.
Que dit la loi ?
La surveillance de la voie publique ou d’un lieu ouvert au public peut être autorisée pour différents motifs. Le public doit être informé de l’existence des caméras : l’information doit être faite par affiche ou pancarte comportant un pictogramme représentant une caméra. Toute personne peut accéder aux enregistrements la concernant et en vérifier la destruction dans le délai fixé par l’autorisation préfectorale. Cet accès est un droit. Toutefois, il peut être refusé pour les motifs suivants : sûreté de l’État, défense, sécurité publique, lors d’une instruction judiciaire en cours ou pour protéger le secret de la vie privée d’autres personnes.
Source : Ministère de l’intérieur.
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