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Rétais, qui étais-tu ? Devoir de mémoire

Après La Flotte, Roselyne Roth-Haillote a visité le Musée Ernest Cognacq pour une conférence sur son ouvrage « On était Rétais, on en était fier… ». Rencontre avec une démarche, un livre et son auteur.
Le sous-titre interpelle : « ethnologie d’urgence ». Est-ce à dire que le Rétais, le vrai pour ne pas dire le pur, est en voie de disparition ? Oui, non, un peu quand même. C’est sûr, les Rétais dits d’adoption sont de plus en plus nombreux. Sûr aussi que les Rétais « d’avant », le Pont notamment, ne sont plus tout jeunes, loin s’en faut. D’où cette « urgence » à recueillir leur mémoire. Un travail important dans le fond, la forme et la symbolique.
Collecter la parole rapidement
Roselyne Roth-Haillotte est justement l’une de ces Rétaises d’adoption qui a eu l’envie de conjuguer son métier (ethnologue) avec son amour d’un territoire qu’elle connaît depuis vingt ans. Elle s’est donc attelée à une lourde tâche : rassembler la mémoire éparse, parfois diffuse, magnifiée ou incomplète des anciens. Pour cela elle a mené une quarantaine d’entretiens (toujours sur recommandations), retranscrivant mot pour mot, y compris les silences, le fruit de ces conversations, tout en prenant des notes sur les comportements, les réactions émotionnelles suscitées parfois à l’évocation de souvenirs. Une prise directe avec le réel qu’elle a ensuite croisée avec la lecture de quelques ouvrages de référence. Il en ressort un livre riche et minutieux.
Avant et Après le pont
Son travail couvre une large période allant de la fin du dix-neuvième siècle à l’après seconde guerre mondiale. Les conflits successifs mais aussi les progrès techniques signent cette époque charnière qui vit la fin d’un monde et l’avènement d’un autre, celui de la consommation et du loisir, venant comme ailleurs bouleverser la vie de ce petit bout de terre maritime. Semblables et solidaires face à l’océan, les Rétais cultivent aussi leurs différences. Affirmées, elles se déclinent du nord au sud en deux cantons, mais aussi de village en village et parfois d’une rue à l’autre. Mais les Rétais sont, avant toute chose, des insulaires. Un statut presque honorifique dont ils sont fiers et qui ancre leur identité. Nul doute qu’en 1988, en reliant Ré au continent, le Pont laissa le champ libre à la nostalgie.
Cinq parties pour comprendre
Cheminant sur le fil ténu de la mémoire orale, le livre s’articule en cinq parties allant de la construction de l’identité rétaise à vie collective et familiale, en passant par la représentation sociale du corps mais aussi la santé et l’alimentation. Bien sûr, il en fut souvent ici comme dans nombre de milieux ruraux, mais la mémoire vivante de nos anciens révèlent aussi des spécificités liées au territoire, transmises inlassablement jusqu’à composer l’ADN d’une population.
Toujours accueillie avec gentillesse, se voyant confier photographies, vêtements ou objets comme autant de témoins précieux d’un temps révolu, Roselyne Roth-Haillote avoue avoir vécu une magnifique expérience humaine. Et s’il était une seule chose à retenir, ce serait sans doute cet amour indéfectible pour Ré, dont on peut dire qu’il flotte toujours dans l’air.
Pauline Leriche-Rouard
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