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Réserve de Lilleau des Niges et Maison du Fier : le double anniversaire
2020 sera marqué par un double anniversaire pour les naturalistes de l’île de Ré : les 40 ans de la création de la réserve de Lilleau des Niges et les 20 ans de la Maison du Fier. L’occasion de revenir sur l’histoire de ces deux entités et leur rôle dans la préservation d’un environnement fragile.
« Plusieurs réserves naturelles nationales sont gérées ou co-gérées par la LPO (Ligue pour la protection des oiseaux) en Charente-Maritime et en Vendée dont la réserve de la Belle Henriette à la Tranche-sur-mer, de la Baie de l’Aiguillon, de la Baie d’Yves, de Saint- Denis-Du-Payré, de Moëze Oléron et celle de Lilleau des Niges aux Portes-en-Ré », rappelle Dominique Chevillon, administrateur et vice-président de la LPO France. « Ces réserves naturelles nationales sont instruites et créées par l’Etat, elles sont donc publiques. L’État en délègue la gestion à la LPO, en gestion propre ou en gestion associée avec une autre organisation », précise-t-il. Ces six réserves nationales constituent une mosaïque de territoires entièrement protégés sur les littoraux vendéens et charentais. Elles sauvegardent des milieux terrestres et marins et leur flore et faune associées.
Une histoire de marais de plusieurs siècles
Les marais de Lilleau des Niges accueillent chaque année des milliers d’oiseaux migrateurs ou sédentaires. C’est en 1980 que la Réserve naturelle nationale de Lilleau des Niges (dont la majorité des marais appartient au Conservatoire du Littoral) est créée. Gérée par la LPO pour le compte de l’État, elle est située au coeur du Fier d’Ars et des marais salants et abrite un patrimoine naturel remarquable, caractéristique des marais côtiers atlantiques. Le territoire de la Réserve naturelle a été conquis sur la mer entre le XVIe et le XIXe siècle pour la création de marais salants. Après avoir connu son apogée sur l’île de Ré au XVIIIe siècle, la saliculture régresse progressivement. La mer reprend alors plusieurs marais suite à des tempêtes et à un manque d’entretien des digues. Le dernier marais salant sur l’actuel territoire de la Réserve a été exploité jusqu’en 1976. « Le but premier de la création de cette réserve est de protéger les oiseaux inféodés aux zones humides. Elle constitue une réserve très importante en termes de stationnement des oiseaux », s o u l i g n e J e a n – Christophe Lemesle, conservateur et coordinateur de la Réserve naturelle nationale de Lilleau des Niges. « Certaines zones, à l’instar de Lilleau des Niges, sont classées en réserve pour leur intérêt ornithologique bien entendu, mais la LPO s’intéresse à l’ensemble de la biodiversité de ces sites. Si l’enjeu majeur reste les oiseaux, chaque réserve poursuit des objectifs différents selon les milieux et les espèces qu’elle a en gestion, ce qui permet par exemple d’étudier et développer une flore favorable aux espèces animales qu’elle souhaite encourager à fréquenter la réserve », explique Dominique Chevillon.
Un hangar chargé d’histoire
À deux pas de la Réserve naturelle, la Maison du Fier, également gérée par la LPO, constitue un formidable espace muséographique dédié au patrimoine naturel de l’île de Ré. Installée dans un ancien hangar à sel, elle accueille des expositions permanentes sur la faune, la flore et les paysages de l’île. « Le Conservatoire de l’Espace Littoral en a acheté une partie en 1997 en vue de la réalisation d’une Maison de la Nature, aujourd’hui Maison du Fier. Le bâtiment a ensuite été réhabi l i t é grâce des financement de l’Union européenne, de la Communauté de Communes de l’île de Ré, du Département, de la Région et de l’État », commente Jean-Christophe Lemesle. Témoin de l’activité salicole de l’île de Ré au cours des siècles passés, cet ancien hangar à sel du vieux-port des Portesen- Ré a retrouvé une seconde jeunesse. Vers 1914, deux hangars à sel sont construits sur les quais du vieux-port des Portes-en-Ré. Certaines années, jusqu’à 2 000 tonnes de sel y sont stockées. Puis, avec l’abandon progressif des marais salants, la voie maritime perd peu à peu de son intérêt et le port n’est presque plus fréquenté. Vers 1950, l’un des deux hangars est démoli. L’autre est reconverti en atelier de charpente navale. C’est Erik Maturi, charpentier de marine et propriétaire du bâtiment, qui vendra les trois quarts du hangar au Conservatoire. Avant l’aménagement de ce bâtiment, dans les années 1980 et 1990, la réserve naturelle était accueillie chaque été, dans l’ancienne école de Saint-Clément-des- Baleines. En 2000, la Maison du Fier ouvre ses portes au public.
Depuis trente ans, des inventaires, des suivis et des recherches sur la faune et la flore sont menés régulièrement par le personnel de la Réserve et par des étudiants stagiaires.
Une muséographie évolutive
« Le premier conservateur, Hervé Robreau a énormément donné pour le projet et a dû faire face à de nombreuses oppositions, notamment de la part des chasseurs », relève Jean-Christophe Lemesle. En 2013, grâce au soutien de la Communauté de Communes de l’île de Ré, du Conservatoire du Littoral, du Département de la Charente-Maritime, de la Région Poitou-Charentes ainsi que de la fondation EDF, le bâtiment a été largement réaménagé et une toute nouvelle muséographie a vu le jour : « Ré, île Nature ». « La muséographie de la Maison du Fier sera entièrement renouvelée dans les années à venir », ajoute-t-il.
Un lieu hautement touristique
La Réserve de Lilleau des Niges, tout comme la Maison du Fier, sont devenues au fil des ans un véritable argument touristique pour le nord de l’île. En témoignent les quarante mille passages de piétons recensés chaque année sur le sentier qui la longe. « La Réserve est connue et reconnue en tant qu’outil de valorisation du patrimoine naturel, avec la particularité d’être en dessous du niveau de la mer [le site de Lilleau des Niges n’est ainsi pas pris en compte par le PAPI – Programme d’actions de prévention des inondations, NDLR]. Elle est fréquentée tout au long de l’année par les ornithologues et par tous les amoureux de la nature. Les Rétais sont nombreux à s’y rendre, ainsi que les scolaires », se réjouit Dominique Chevillon. Un partenariat entre la Maison du Fier, la CdC et le Département permet en effet de mener des actions avec les écoles rétaises afin de sensibiliser les plus jeunes à la faune et à la flore qu’abritent les marais.
Désormais parfaitement intégrées dans le paysage portingalais en particulier et rétais en général, la Réserve de Lilleau des Niges et la Maison du Fier célébreront leurs anniversaires respectifs tout au long de l’année 2020. Un programme dense (conférences, ateliers découverte, concerts, lectures, bal, soirée conte…) à découvrir dès le mois de janvier dans Ré à la Hune et sur www.realahune.fr
Quelques dates clés
1972 : classement du domaine public maritime du Fier d’Ars en Réserve de chasse.
1975 : le Ministère de la Qualité de la Vie formule le détail du projet de création d’une Réserve naturelle.
1980 : création de la Réserve naturelle le 31 janvier. L’Etat en confie la gestion à la LPO et à l’ASSIP (Association de sauvegarde des sites des Portes-en-Ré).
1982 : acquisition par le Conservatoire de l’Espace Littoral (CEL) de plusieurs parcelles. Cet organisme public est aujourd’hui propriétaire de 35 hectares, soit environ 70% des marais de la Réserve.
1989 : importants travaux hydrauliques réalisés en collaboration avec l’Entente interdépartementale de démoustication.
1993 : réalisation du premier plan de gestion.
2010 : la tempête Xynthia submerge la Réserve.
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