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Le renouveau des vieux gréements a trouvé un terrain propice !
Sauver, restaurer et faire naviguer les bateaux traditionnels des Pertuis Charentais : c’est la mission des membres de l’Association Flottille en Pertuis.
Interrogés sur leur rencontre avec les vieux gréements, les membres de l’association Flottille en Pertuis assurent qu’il n’y a pas « une », mais « des » histoires, propres à chacun d’entre eux. Il n’empêche, la genèse reste pour tous, la passion de la voile ! « Petit garçon déjà, à peine arrivé sur l’île, je ne quittais pas la mer d’une semelle », raconte Jean- Christophe Vidé, chez qui on est navigateur de père en fils. Formé sur les bateaux légers de l’école de voile de La Flotte, ce dernier ne tarde pas à développer le goût de la navigation à l’ancienne, sur des embarcations traditionnelles, autrefois utilisées par les pêcheurs, les ostréiculteurs ou les mytiliculteurs. À l’âge de 15 ans, sa rencontre avec Jean-Marie Chauvet, qui possède lui même un vieux gréement (la Marie- Thérèse, une yole qui date de la fin du XIXème) lui permet de rallier la joyeuse troupe de « voileux » rassemblée autour de Roger Touton. Tous sont animés du désir de faire revivre ces vieilles coques abandonnées dans des vasières au profit de bateaux plus modernes, mais moins nobles.
Qui ne se souvient pas du Doux-Zephyr (bateau-crêperie de Saint-Martin), superbe voilier datant de 1937, remorqué jusqu’à La Rochelle au milieu des années 70, pour y être détruit ? La trentaine de membres actifs (qui se sont structurés depuis la création de l’Association « Flottille en Pertuis » en 1984, puis de sa petite soeur, « La Maison du Platin » en 1986, sous l’impulsion de Jean-Marie Chauvet (et de son complice Jacques Bureau) s’attache à ne plus jamais être témoin d’un tel carnage ! C’est pourquoi ces propriétaires passionnés, ne se contentent pas de bichonner leur bijou d’histoire (allant même jusqu’à leur offrir une délicate intervention chirurgicale pour le ressusciter, à l’instar d’ Amphitrite, le vieux sloop de Roger Touton, classé Monument Historique) ; Ils sont en veille permanente et toujours prêts à l’action pour contribuer à sauvegarder notre patrimoine charentais. La tâche n’est pas aisée comme le souligne Jean-Marc Brault de Bournonville (qui partage la Présidence de l’Association avec Jean-Marie Chauvet), mais la passion et l’implication de chacun a permis au Port de La Flotte de s’embellir d’une collection de 13 majestueux voiliers (dont cinq sont classés Monument) que Flottille espère compléter avec le temps.
« L’important c’est d’être sur l’eau et de naviguer ensemble » !
Acons, yoles, pinasses, sloups, sont autant d’embarcations typiques de la flotte charentaise, une flotte très diversifiée dont la construction date pour l’essentiel de la première moitié du XXème siècle. Que leurs propriétaires continuent à s’adonner à la pêche, vocation première de ces bateaux de travail, où qu’ils optent pour la navigation de plaisance, l’essentiel est d’être à flot, et de partager les joies d’un savoir-faire retrouvé. Bien que particulièrement adaptés pour sillonner les pertuis, ces coques lourdes requièrent connaissance et habileté. Pour exemple, le Laisse Les Dire, sloup de 1929 dont Jean-Marie Chauvet a fait l’acquisition en 85, pèse 4 tonnes pour 7 mètres et 64 m2 de voilure ! Ces bêtes là s’apprivoisent, il faut apprendre à les manoeuvrer… Et ne comptez pas sur un winch pour hisser et border leurs voiles gigantesques… Tout au long de l’année, les amateurs peuvent voir ces merveilles danser sur l’eau. Qu’il s’agisse d’accompagner l’Hermione, comme ce sera le cas à l’occasion de son retour fin août, où de disputer d’amicales courses, les gréements paradent une quarantaine de fois par an. Comme chaque année, après la régate de Saint-Trojon à Oléron, les capitaines se sont retrouvés à l’occasion des rendez-vous de l’île de Ré samedi 1er août, dans la baie de La Flotte, pour une seconde manche. L’événement rassemble à chaque fois un public plus nombreux, venu saluer les racines d’une région, mais les participants se raréfient dans les bateaux…
Et demain ?
Les Présidents de l’Association Flottille en Pertuis, tout comme Jean-Christophe Vidé (heureux propriétaire du Léon-Charlotte), aimeraient à présent, voir les plus jeunes prendre la relève, pour que les vieux gréements continuent de sillonner les pertuis. « De tels bateaux sont des violons, les laisser sous bâche ou dans un garage, c’est leur tirer trois balles ! » insiste ce dernier. Car pour l’association, il ne s’agit pas de créer un « catalogue » pour les amoureux des restaurations de qualité, mais bien de partager la passion de la voile. Si La Maison du Platin, permet par ses actions de sensibiliser les élèves de l’île (notamment dans le cadre des TAPE) aux traditions des anciens, il serait bon de voir se remplir les écoles de voile, de ce territoire profondément ancré dans sa culture maritime. Car tel l’Albatros, majestueux dans les airs, c’est en mer que sont dignes ces grandes voiles, déployant la richesse du passé.
Renseignements sur le site : www.maisonduplatin.fr
À admirer sur le port de La Flotte (Quai de Sénac) :
5 bateaux, classés Monument Historique :
– Construit en 1927 Amphitrite est un des plus anciens parmi les survivants de la riche production des Chantiers Bernard de La Tremblade.
– Le Général Leclerc est un canot mytilicole que son propriétaire Jean-Marc Brault de Bournonville, a récemment remis dans son neuvage.
– Laisses les Dire, l’un des bateaux les plus emblématiques des Pertuis, vient de souffler ses 85 bougies pour la plus grande joie de son propriétaire Jean-Marie Chauvet !
– Père Gabriel le plus grand du port, date de 1949.
– L’Aurore (1926), témoin d’une longue histoire de labeur, fait honneur à la collection de Flottille en Pertuis.
Il n’y a pas que les monuments qui sont beaux :
Le Léon-Charlotte, dont les formes rappellent des gazelles des Sables est une réplique d’un sloup de 1914.
Petit Normandie (1933), Rivoallan (1951) et le canot Key Largo tout d’acajou et d’acacia, méritent le détour.
Voir la venue de voiliers anciens à Saint-Martin-de-Ré le 30 août 2015
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