- Patrimoine
- Exposition et bandes dessinées
Regards sur l’affaire Dreyfus
Les Archives départementales de la Charente-Maritime abritent une exposition d’une grande richesse, du 17 mai au 28 octobre 2016.
Celle-ci se compose d’une trentaine de panneaux explicatifs, des extraits de revues, d’une photocopie agrandie de la une du journal « L’île de Ré » relatant l’affaire Dreyfus (le numéro 103 du 27 décembre 1894), plusieurs « visions » de la presse locale, des courriers, des photos, nombre d’extraits d’Alfred Dreyfus : « Cinq ans de ma vie », la présentation au public du « Registre d’écrou du dépôt de forçats de Saint-Martin » sur lequel figurent, en évidence le nom et tous les renseignements concernant le condamné.
Un engrenage infernal
Tous les détails relatant la vie du parcours carcéral de Dreyfus sont mis en évidence. Le 15 octobre 1894, sur ordre du ministre de la guerre, le général Mercier, le capitaine Dreyfus est arrêté. Il est accusé d’être l’auteur d’un bordereau ramassé dans une corbeille à papiers dans le bureau de l’attaché militaire à l’ambassade d’Allemagne. Enfermé à la prison du Cherche-Midi, le 22 décembre de la même année, Dreyfus est condamné pour haute trahison et la descente aux enfers est enclenchée : 5 janvier 1895, dégradation de l’officier dans la grande cour de l’Ecole militaire, sous les huées d’une foule haineuse et antisémite. Immédiatement incarcéré à La Santé, il arrive 13 jours plus tard, au dépôt de Saint-Martin de Ré. L’exposition s’attarde sur tous les détails de l’univers pénitentiaire. La photo du bagne, où l’on indique d’une flèche le quartier d’isolement de Dreyfus : « Le condamné doit être isolé de tous les autres condamnés ». On découvre une présentation de la liste des objets appartenant au capitaine déchu, on découvre son rude combat pour survivre. On lit ses courriers et prend conscience de sa lutte ardente pour demander la révision de son procès. Le 12 mars 1895, le bagnard arrive à Cayenne et est incarcéré dans la sinistre île du Diable…
A l’extérieur, le combat éclate
Le 13 janvier 1898, Emile Zola publie son célèbre « J’accuse » dans les colonnes de « L’Aurore » (le journal sera tiré à 300 000 exemplaires). Une lutte acharnée se développe entre partisans et anti-dreyfusards. D’un côté, Zola, Combes, Clémenceau et Jaurès (entre autres) mènent un combat acharné pour obtenir la révision du procès, de l’autre, à l’extrême-droite, Barrès, Mauras et Drumont crient à la trahison.
Finalement, la révision du procès a lieu à Rennes et la cour militaire conclut, à nouveau, à la culpabilité de Dreyfus. Le 9 septembre 1898, il est condamné à dix ans d’emprisonnement. Ses partisans ne désarment pas. L’affaire a pris une ampleur nationale qui dépasse maintenant les frontières. Face à ce bouillonnement, le président Loubet décide de prononcer la grâce. Ce n’est qu’après un nouveau combat, facilité par l’arrivée au pouvoir de la Coalition des Gauches qu’Alfred Dreyfus sera innocenté et réhabilité par la Cour de Cassation le 12 juillet 1906.
Une invitation au devoir de mémoire
L’exposition se termine sur une présentation de plusieurs extraits de la bande dessinée de Jean-Marie Digout. Ce célèbre avocat rochelais, président de l’association « France Justice », vient de réaliser une BD sur l’histoire de l’affaire Dreyfus (comme il l’avait fait pour Guillaume Seznec). Il a, d’ailleurs, tenu le 17 mai dernier, une conférence lors de l’inauguration de cette exposition éminemment pédagogique, témoignant d’une plaie dont la cicatrice est gravée, à jamais, dans l’histoire de la République et dont la portée doit réveiller chez chaque citoyen des sentiments de justice et de tolérance. De nos jours, la lutte contre le racisme et l’antisémitisme reste d’une actualité brûlante.
Lire aussi
-
Patrimoine
La Redoute de Sablanceaux sélectionnée
Le projet de restauration et valorisation patrimoniales de La Redoute de Sablanceaux, cher au coeur de la municipalité de Rivedoux-Plage, sera soutenu financièrement par le Loto du Patrimoine. Le montant alloué sera annoncé en fin d’année.
-
Loisirs
Journée du Patrimoine
Les 21 et 22 septembre 2024 ont lieu les journées européennes du patrimoine. En complément de notre article paru dans Ré à la Hune 287 (www.realahune.fr/des-journees-du-patrimoine-terre-et-mer/), voici quelques idées d’animations...
-
Environnement & Patrimoine
Des Journées du Patrimoine terre et mer
Elles sont à la rentrée ce que le cartable est à l’écolier. Les Journées européennes du Patrimoine reviennent les 20, 21 et 22 septembre.
Je souhaite réagir à cet article