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- Bilan de mandat - Sainte-Marie de Ré
Redonner une identité au village
Après avoir – au travers d’une interview de Lionel Quillet – dressé un bilan global de l’action intercommunale de 2008 à 2013, Ré à la Hune va interviewer chacun des 10 Maires de l’île de Ré pour établir le bilan de leur mandat entamé en 2008 et qui s’achèvera en mars prochain. Cette série d’interviews commence par celle de Gisèle Vergnon, Maire de Sainte-Marie-de-Ré.
Ré à la Hune : À quelques mois des prochaines municipales, quel bilan tirez-vous de ce premier mandat de Maire ?
Gisèle Vergnon : Partant du constat que Sainte-Marie a connu une profonde mutation – notamment sociologique – la nouvelle équipe municipale a souhaité engager dès le début du mandat un Plan de Référence pour conforter ses propositions et pour concrétiser ses projets de mandat, au travers d’orientations générales pour le territoire et d’actions à engager, avec une programmation défi nie, ceci sur la base d’un diagnostic.
Notre profession de foi précisait notre feuille de route au travers de 6 actions et 50 propositions. Nous avons été très fidèles à celle-ci, avec des actions en grande partie réalisées, même si certains dossiers n’ont pas encore totalement abouti comme le Bassin d’irrigation.
Même si nous connaissions parfaitement l’état dégradé du gymnase, nous avons eu quelques surprises, nous ne nous attendions pas à un tel manque d’entretien des bâtiments communaux (ancienne école de La Noue, snack du camping, toitures de nombreux bâtiments communaux et salle d’Antioche surtout), ce qui nous a contraints à différer certains projets pour pouvoir fi nancer leur remise en état, mais aussi à la destruction et reconstruction de la salle des fêtes.
Mais, habitant depuis 34 ans dans la commune, je souhaitais que l’environnement soit pris en compte, valorisé, c’est une forte et belle identité pour notre village : avec les associations environnementales présentes à l’ANCRE, le label Villages Étoilés et la dynamisation de Station Verte, je crois que nous avons réuni les bonnes conditions pour donner cette identité de qualité de vie.
En matière environnementale justement quelles sont les grandes actions de ce mandat ?
Le dossier de l’aménagement de la frange côtière a bien avancé puisqu’à la suite de l’étude globale sur l’ensemble du trait de côte de Sainte-Marie, présentée en janvier 2011, puis des études de 2012 en vue de réaliser des aménagements sur les sites « Les Grenettes », « La Salée », « La Basse Benaie », et « La Maladrerie », un dossier de demande d’autorisation au titre du site classé a été déposé en mai 2013. Sainte-Marie bénéficie de sites de grande diversité paysagère et écologique, soumis à l’érosion naturelle mais aussi à une forte fréquentation touristique. Aussi le projet d’aménagement des arrière-plages vise à gérer la fréquentation et ses impacts, tant en arrière du trait de côte que sur le front de mer, tout en offrant une valorisation touristique (le village est classé station de tourisme). Le but est de restaurer et protéger les qualités intrinsèques des sites, définir les modes d’accès aux sites et à la plage tout en sensibilisant le public au respect des sites, ceci en tenant compte bien sûr des usages locaux. Inauguré le 13 juillet dernier, le Sentier des cinq paysages permet de juxtaposer les biodiversités remarquables de la mer et de la forêt. Le parcours permet de découvrir et d’admirer la flore et la faune locales. Cinq zones différentes ont été mises en évidence, toutes destinées à sensibiliser les populations à l’importance du milieu naturel. Il s’agit d’une démarche collective qui réunit et fédère des associations comme la LPO, Ré Nature Environnement, la Verdinière ainsi que les services techniques de la Commune de Sainte-Marie.
Depuis le 16 mars 2013, Sainte- Marie de Ré est aussi labellisée Village étoilé. Une première étoile a couronné la démarche de la municipalité. Son objectif : la prévention, la limitation, voire la suppression des nuisances lumineuses et l’appréciation des Maritais est très positive.
À la fin juillet 2013, les bateaux mis à l’eau ont bénéficié de la toute nouvelle zone de mouillages organisés à l’Anse Port Notre Dame. En effet, pour sécuriser et favoriser les activités nautiques, 25 places ont ainsi été créées, dans le cadre de Schéma de mise en valeur de la mer (SMVM) et du Schéma de cohérence territorial (ScoT). L’inauguration aura lieu le 28 septembre prochain.
Par ailleurs, pour respecter son statut de « station de tourisme » acquis en février 2009, la Commune procède depuis 2012 à une surveillance accrue des spots de baignades ce qui lui a permis d’être certifiée pour la qualité de l’eau à nouveau en 2013. Bien d’autres actions environnementales ont été entreprises : l’inscription de la commune à l’ABC de la biodiversité, la réouverture de la Cabane de Montamer, oubliée pendant de nombreuses années, le nettoyage des plages par un Trait Poitevin, action non seulement efficace mais permettant de sensibiliser les plus jeunes à la pollution littorale. Bientôt un jardin potager et une vigne pédagogique, pour les enfants, réalisés en partenariat avec les membres maritais de l’Association des Jardiniers de l’île de Ré, seront en place. C’est aussi le fleurissement du village, sans oublier les plantations d’arbres au Marais des Grands Prés par les écoliers et leurs aînés, en attendant que ce marais unique reprenne vie, avec le concours de la CdC. La mise en place du 30 km/heure, la présence à l’année de la navette électrique pour le transport en commun intra-muros sont aussi des actions concrètes qui visent à améliorer notre environnement quotidien, sans oublier le remplacement de l’antenne relais à proximité de l’école, par deux antennes plus éloignées.
En cette période de rentrée scolaire 2013, les écoles de Sainte-Marie de Ré ont accueilli 250 élèves (+20 enfants par rapport à 2012), plaçant de loin la commune en tête des dix communes rétaises. À quoi attribuez- vous ce dynamisme social ?
Je suis en effet très heureuse et fière de cette dynamique liée principalement à l’arrivée de nouvelles familles. Elle vient récompenser notre politique en matière de logements locatifs à l’année : la réhabilitation de l’ancien théâtre et de la maison Mallard, la construction de la résidence du Verger ont conduit à la création de 23 logements locatifs « BBC », gérés par Habitat 17, et occupés à 92 % par des Maritais. Ces projets ont été d’un impact certain pour la réouverture en 2010 de la 4e classe de maternelle. Nous avons aussi participé activement au projet des « Hauts de Ré », projet mené entre propriétaires des terrains, services de l’État et de la Commune. Cela a permis au promoteur de construire 12 maisons à la vente à condition de proposer sur le même site 18 maisons locatives à l’année. Ce programme est unique sur l’île : une très belle réalisation qui permet une diversité sociale.
Ainsi nous avons pu proposer, en moins de six ans, 41 logements locatifs à l’année satisfaisant des familles principalement maritaises, sans attendre que les projets intercommunaux aboutissent.
Quelles sont les actions entreprises par votre équipe municipale en matière économique ?
Depuis plusieurs années nous avons des demandes importantes de TPE et PME, soit déjà installées et qui veulent se développer, soit qui souhaitent s’implanter sur Sainte-Marie de Ré. La zone artisanale actuelle est en site classé, la demande d’extension située en face de cette zone est d’intérêt communautaire et s’étendrait en face de l’existante sur 1,84 hectare, retenue dans le Schéma de Cohérence Territoriale (ScoT) de l’île de Ré. Ce projet est maintenant passé à la phase d’étude d’incidences paysagère, environnementale et architecturale, étude incontournable du fait de l’implantation du projet en site classé. Cette zone et notamment les parcelles situées le long de la Départementale 103 sont laissées à l’abandon depuis 30 ans, elles servent de parking, dépôt de gravats et de matériaux. De plus, la RD doit être bientôt élargie à 6 mètres, pour permettre aux poids lourds de rejoindre la Flotte et Saint-Martin via l’itinéraire sud depuis Rivedoux. Il serait paradoxal de ne pas pouvoir réaliser l’extension de la zone artisanale, alors même qu’un flux de camions longera le site pour aller desservir d’autres zones artisanales et commerciales. Une zone artisanale intégrant de fortes contraintes paysagères et qui se voudra exemplaire doit raisonnablement trouver sa place ici. Nous irons ainsi jusqu’au bout : après l’étude d’incidences qui devrait s’achever fin 2014, et si nous avons une réponse positive, l’extension de la ZA pourrait débuter en 2015.
Par ailleurs, la Commune a acquis en 2010 le bâtiment de l’ancienne Menuiserie Dazelle, située Cours des Écoles, afin d’y aménager six ateliers destinés à accueillir des artisans d’art. Le permis de construire est validé. Plusieurs professionnels sont déjà pressentis, tels une couturière en prêt à porter, un encadreur, un atelier de découpage de tissus, un souffl eur de verre… les dossiers de demandes de subventions ont été déposés en 2011, puis de nouveau cette année. Aussi, si le projet est retardé, il n’est pas abandonné car ce pôle donnera aux artisans d’art une belle opportunité de valoriser leur savoir-faire, contribuera à dynamiser la vie locale et sera créateur d’emplois.
Enfin, à la croisée d’enjeux environnementaux, paysagers, et économiques la création d’une zone agricole irriguée de 70 hectares revêt un fort potentiel pour le canton sud de l’île de Ré : en effet, la préservation des espaces agricoles pour le maintien d’une activité compatible avec l’objectif de préservation de l’environnement constitue une priorité. Sur le secteur concerné à Sainte-Marie – en partie compris dans le territoire AOC de la pomme de terre de l’île de Ré – les deux conditions nécessaires à la remise en culture sont la mise en oeuvre d’une irrigation et le redécoupage des parcelles en îlots de taille d’exploitation suffi sante.
La présence de surfaces classées AOC pommes de terre et l’irrigation sont des atouts considérables pour permettre aux exploitants en place la rotation de leurs cultures, mais aussi le maraîchage, les vergers, les cultures de plantes aromatiques et médicinales.
Le projet avance puisque – après les promesses de vente – ce sont les actes de vente qui sont présentés par le Conseil général auprès des propriétaires des parcelles ayant confirmé leur accord.
15 candidats potentiels – Maritais, Rétais ou de la région – ont été auditionnés en juin dernier, par des représentants de la Chambre d’Agriculture, du Conseil général, d’Uniré et les élus.
Nous attendons les réponses concernant les subventions sollicitées auprès de la Région, du Syndicat des Eaux, de l’Agence de l’Eau Loire Bretagne et du Conseil général. Le Conseil Régional, sollicité pour 200 000 € dans le cadre du Contrat Régional de Développement Durable (CRDD) via la Communauté de Communes doit faire parvenir sa réponse d’ici fin septembre. En effet, le coût global du projet s’élève à 1 393 000 € et nécessite que la Commune soit aidée. Sous réserve de l’obtention des financements avant la fin de l’année 2013, les premiers travaux du bassin d’irrigation débuteraient à partir de mars 2014. Le montant de l’annuité envisagée par agriculteur serait de 750 € l’hectare.
Avez-vous des regrets ou déceptions par rapport à votre action municipale et vous représenterez-vous devant les électeurs pour un nouveau mandat ?
Les tentatives de « croche pieds » de certains m’ont déçue, bien sûr, mais mon engagement total pour la commune est toujours resté intact, l’intérêt général me motive. J’apprécie les rencontres, j’aime cette relation de proximité qui est encore possible dans un village comme le nôtre, j’y mets toute ma passion et mon énergie, c’est dans ma nature.
Je voudrais souvent que tout avance plus vite, mais l’action dans la gestion publique n’a rien à voir avec celle d’une entreprise privée, tout est plus lent, administratif. Je n’aime pas la réunionite, j’aime aller à l’essentiel et au concret.
En parlant de concret, je crois que nous avons aussi beaucoup contribué à la réfection qualitative et durable de la voirie – ce sont près de 18 km de rues, venelles et quéreux qui seront refaits à fi n décembre prochain. Notre implication dans le travail avec le Conseil général pour la réhabilitation du Cours des Ecoles est enfin récompensée, puisque les travaux de requalification pourront débuter dès l’automne 2015.
L’amélioration des équipements sportifs et de loisirs ont fait partie de nos projets, nous avons su mener à bien la plupart.
Mon regret principal est notre manque de communication sur les actions menées, lié au manque de temps, car beaucoup a été fait. Le « Petit Journal de Sainte Marie » sera distribué dans les prochains jours.
Oui, je voudrais poursuivre mon engagement pour ma commune et aussi pour l’intercommunalité car Sainte Marie va être non seulement plus largement représentée avec 4 sièges au lieu des 2 actuels, mais le travail dense accompli pendant près de 6 ans, avec Yann Maître, à la Communauté de Communes ne doit pas être interrompu, il en va de la continuité des projets pour Sainte- Marie et notre île. Je proposerai ma candidature aux Maritais aux prochaines élections municipales avec plusieurs élus de l’équipe actuelle à mes côtés, leur participation est essentielle.
Voir les bilans de mandat à Ars, au Bois-Plage, à La Couarde , La Flotte, Rivedoux, Saint-Martin
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