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Recharge de véhicules électriques : à quand les infrastructures publiques ?
Alors que grogne la rébellion contre les taxes en tous genres et les prix du carburant en tête, l’essence fait plus que jamais débat. Qu’en est-il de l’alternative mobilité électrique sur l’île de Ré ?
Pas d’émission de CO2 ni de particules fines rejetées dans l’air, pas de nuisance sonore, peu d’entretien et des économies substantielles à terme, assorties d’une prime à la conversion annoncée de 4 000€ y compris sur l’occasion… Il semble que l’électro mobilité se prépare un bel avenir !
Certes les questions de la production et du recyclage des batteries au lithium (aussi surnommé or blanc) restent d’actualité, mais tout porte à croire sans les évincer, que les progrès déjà amorcés quant à leur autonomie et leur durée de vie permettront dans un temps court, d’améliorer la performance du dispositif.
Une étude IPSOS publiée le 17 septembre 2018 révélait que 35 % des personnes interrogées avaient l’intention d’acheter prochainement un véhicule électrique, tandis que le nouveau contrat stratégique de la filière automobile avec le gouvernement pour la période 2018-2022, signé en mai, prévoit de quintupler les ventes.
La loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte vise à accélérer le processus pour favoriser l’usage du non polluant. On le constate toutefois, l’état d’avancement du déploiement d’infrastructures varie d’une collectivité à l’autre. Alors que les départements de la Vendée, de l’Indre- et-Loire, du Calvados, de la Seineet- Marne et du Cher étaient parmi les premiers opérationnels, de nombreux syndicats d’énergie sont encore actuellement en phase d’études de projets ou d’études d’avant-projet.
Car si l’engouement pour une conduite éco-citoyenne trace son sillon, son organisation demande encore à être inventée.
Le SDEER 17* en charge d’équiper l’île en bornes publiques
Fin 2017, la France disposait de 125 000 points de recharge, dont 51 % dans des entreprises, 36 % dans les garages des particuliers ou en habitat collectif, et seulement 13 % accessibles au public.
En l’état de la technologie avant 2016, les batteries permettaient d’assurer une autonomie comprise entre 100 et 300 km et nécessitaient des temps de recharge d’environ 8 heures. Les récents progrès technologiques en la matière ont d’ores et déjà permis de doubler la capacité des batteries et la vitesse de charge.
Des avancées qui confèrent une place de choix à l’électrique, davantage encore sur un territoire tel que le nôtre soucieux de la préservation de l’environnement. La Communauté de Communes ne s’y est pas trompée qui, soucieuse d’accompagner l’alternative électrique et consciente des besoins en infrastructures dédiées, préconisait dès 2013, le déploiement d’une borne a minima par village dans le cadre du Plan Global de Déplacement.
Entre temps, les nouvelles dispositions prévues par la loi de 2015 venaient rebattre les cartes pour finalement déléguer aux communes le soin de transférer aux syndicats d’énergie de chaque département leur compétence de création, d’entretien et d’exploitation d’infrastructure de recharge de véhicules électriques (IRVE).
En ligne avec les orientations de la CdC, les villages de l’île s’avèrent favorables à cette démarche d’avenir, à l’instar de Sainte-Marie qui de longue date a sollicité le syndicat pour l’installation d’une borne. En avril dernier, le conseil municipal statuait même sur l’emplacement réservé à ce nouvel équipement, à proximité d’un transformateur comme le veut la réglementation. Pour autant, « il semble que rien ne bouge » déplore Gisèle Vergnon.
Si le maillage patine, c’est qu’il reste des écueils
Interrogé, François Brodziak actuel président du SDEER 17 concède le retard du département, délai qu’il justifie par la nécessaire concertation préalable à un projet d’une telle envergure. « Nous ne pouvons pas répondre à la simple sollicitation des communes. Il ne s’agit pas seulement de multiplier les bornes, mais de les disposer là où les usagers en auront le plus besoin ». Or la Charente-Maritime, de villes et d’îles, présente des caractéristiques environnementales et touristiques atypiques qu’il convient de prendre en compte.
Après de nombreuses délibérations avec le conseil départemental pour mettre en place un système pérenne, tant du point de vue de la répartition que de la qualité des équipements, « La carte vient d’être validée en commission de bureau, les premières implantations (57 bornes) débuteront début janvier ».
L’île de Ré est-elle concernée par cette fournée ? François Brodziak préfère rester prudent quant au planning déjà malmené, indiquant toutefois que « Le tracé prévoit d’équiper les villages de Rivedoux, Saint-Martin, le Bois-Plage et Ars, soit une enveloppe de 120 000€ auxquels s’ajoutent 4 000€ d’entretien annuel par borne, entièrement pris en charge par le syndicat ». Lentement, mais sûrement…
Le grand flou de la question de la tarification
Trouver un accord d’harmonisation des tarifs et de mode de paiement pour que les syndicats d’énergie s’engagent sur la même route a constitué là encore, un enjeu essentiel. En effet si les utilisateurs de véhicules électriques ont la main en résidence individuelle avec 95% des recharges effectuées au domicile, s’accorder sur un prix dès lors qu’on s’adresse aux hôtels par exemple relève de l’exploit ! C’est le cas sur l’île où l’on en compte une dizaine qui a choisi de proposer cette prestation propre à mettre en valeur leur établissement.
À la Maison des algues à Rivedoux, Jocelyne et Christian disposent d’une borne à deux vitesses. « 20 minutes de charge pour la rapide contre 5,6 heures pour la classique ». Plutôt que de se tordre le cerveau au risque de fliquer la clientèle, ils ont opté pour le tronc. À l’appréciation de chacun « Et nous ne sommes pas perdants » précise Christian.
Jérôme Moncellier est embarrassé. Le propriétaire du Jerodel au Bois-Plage s’y perd avec ses cartes d’abonnés sur lesquelles il ne perçoit aucune redevance, tandis qu’il propose à ses clients un forfait à 12€ de l’heure, pour une charge complète que lui, évalue à 3 heures.
On le voit, d’une marque de voiture à l’autre, selon qu’elle est très récente ou moins, d’une borne à l’autre, les estimations varient. Comment s’y retrouver dès lors ?
Du côté des équipements publics à venir, le SDEER 17 a tranché avec un « paiement en carte bleue sur la base de 18€ de l’heure en mode rapide, soit l’équivalent d’un plein ».
Thalassos, maisons d’hôtes et hôtels équipés ont tous constaté l’augmentation des véhicules électriques l’été dernier. Les choses avancent même si la course au progrès engagée par les constructeurs bouscule sans doute quelque peu la cadence des institutionnels.
Marie-Victoire Vergnaud
Chargemap.com – le site officiel de recensement des bornes
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