- Environnement & Patrimoine
- Eclairage public
Ré, première « île étoilée » ?
La gestion de l’éclairage public est un enjeu financier et environnemental de taille pour les communes. Si certaines municipalités aspirent à diminuer leur luminosité nocturne, toutes ne vont pas dans ce sens. « L’idée n’est pas d’éteindre l’île mais d’accompagner les communes dans leur politique d’éclairage », lance Xavier Plouchart, président de Ré Astronomie, qui rêve de voir Ré labellisée « île étoilée »
Animateur scientifique et président de Ré Astronomie, Xavier Plouchart rappelle les méfaits d’un éclairage public mal maîtrisé. « Contrairement aux idées reçues, il y a moins d’insécurité lorsque l’on éteint, la délinquance diminue lorsque l’éclairage urbain diminue. C’est notamment le constat établi par la commune de Sainte- Marie qui est labellisée « village étoilé » (à l’instar du Bois-Plage). 80% des cambriolages ont lieu en journée et il est avéré que les jeunes ne « traînent » pas dans les lieux non éclairés ». Au-delà de l’aspect sécuritaire, la diminution de l’éclairage nocturne est bénéfique pour l’environnement mais aussi pour la santé humaine. « L’éclairage artificiel provoque des cécités précoces chez les travailleurs de nuit et engendre des troubles du sommeil car nous avons besoin d’obscurité totale durant le sommeil », assure Xavier.
Une démarche collective
La mise en place du couvre-feu a contribué à relancer le débat, depuis que certaines municipalités ont décidé d’éteindre plus tôt. « La mairie de La Rochelle coupe actuellement son éclairage à 22h. À Saint- Clément-des-Baleines aussi il y a une prise de conscience, le village sera par exemple éteint le 18 juillet prochain à l’occasion d’une observation du ciel ouverte à tous », commente Xavier. Mais si certaines communes vont dans le sens d’une amélioration de leur gestion de l’éclairage, c’est l’ensemble de l’île qui mériterait d’être uniformément éclairée. « Au delà des labels « villages étoilés », pourquoi ne pas envisager une « île étoilée » ? Ce serait une première mondiale ! ». Si jusqu’à présent, les communes participaient individuellement à la labellisation « ville et village étoilé », elles peuvent en effet, depuis 2019, y participer de façon collective sur un même territoire.
Accompagner les municipalités
L’éclairage public constitue donc un sujet global, parfois complexe pour les élus. « Le décret d’application datant du 27 décembre 2018 (lire notre encadré) n’est pas toujours respecté, du fait d’une méconnaissance de la loi. J’aimerais être davantage sollicité par les mairies de l’île pour les accompagner dans la gestion de leur plan d’éclairage public », lance Xavier. Soutenu dans cette démarche par les associations rétaises de protection de l’environnement, l’animateur scientifique souhaite accompagner les communes et obtenir une cohérence esthétique et écologique au niveau de l’ensemble de l’ile de Ré. « Rappelons qu’une meilleure gestion de l’éclairage permet de mieux voir le ciel, de protéger la biodiversité et de réaliser d’importantes économies d’argent. Il faut une prise de conscience au niveau de l’île dans son ensemble. L’objectif n’est pas d’éteindre l’île mais d’accompagner les communes dans leur politique d’éclairage ». Selon Xavier, le pont aussi pourrait se passer d’une lumière sur deux. « Nous avons une opportunité de faire avancer les choses avec le Schéma de développement durable de la Communauté de communes. Car si nous constatons un premier élan dans les communes de Saint- Clément, de Sainte-Marie et du Bois- Plage, nous constatons aussi une incohérence entre les communes. Eclairer oui, mais différemment », conclut-il.
Aurélie Cornec
A Rivedoux et à La Flotte, une réflexion différenciée
Dans le cadre de la présentation, le 14 décembre 2020, du refuge LPO situé sur l’Aire naturelle des Tamaris à Rivedoux-Plage, le Maire, Patrice Raffarin, a explicité ses trois priorités pour 2021, parmi lesquelles figure une réflexion sur l’éclairage public de la Commune. L’objectif est de préserver « la trame noire ». L’un des délégués du Conseil municipal a été mandaté par le Maire pour y réfléchir, avec le SDEER et une école d’ingénieur. Cette réflexion concernera d’abord l’Aire Naturelle des Tamaris et le quartier du Château, et sera étendue à toute la Commune.
« Il s’agit de remettre à plat tout notre éclairage, il faut par exemple orienter le flux de lumière vers le bas, revoir l’intensité lumineuse, le spectre lumineux (surtout pas de lumière blanche, mais plutôt orangé, le moins agressif pour la biodiversité). Un éclairage progressif peut aussi être une bonne option, il y a plein d’aspects, l’éclairage peut être éteint de 22h à 6 h du matin, on va travailler quartier par quartier, nous ne voulons pas généraliser, ni nous orienter sur une extinction totale, nous différencierons selon les quartiers et les usages ».
« Une telle réflexion sur l’éclairage poursuit un triple objectif économique, de développement durable et en matière de sécurité » a conclu le Maire. Lors du Conseil municipal du 25 février 2021, le Maire de La Flotte, Jean-Paul Héraudeau, a confirmé qu’une réflexion est en cours, avec Citéos et le SDEER, pour peut-être éteindre l’éclairage public une partie de la nuit, d’autant plus en ces périodes de confinement ou couvre-feu. Pour l’installation de 50 horloges, le budget se monterait à 15 000 €. Les impacts économiques et en matière environnemental sont importants, et de plus en plus de communes y viennent. D’après Ré Nature Environnement et la Mairie de Sainte-Marie, les économies, dans cette commune, se chiffrent en plusieurs dizaines de milliers d’€. Des horloges astronomiques permettraient d’affiner les réglages.
L’éclairage pourrait être modulé selon la saison (il serait maintenu l’été), le week-end (plus de sorties), les secteurs, comme par exemple le Port qui resterait éclairé, ne serait-ce que pour des raisons de sécurité. Le Maire s’est interrogé sur l’opportunité de laisser – a contrario – l’Abbaye des Châteliers éclairée toute la nuit en plein hiver et en période de couvre-feu.
Nathalie VAUCHEZ
Que dit la loi ?
L’arrêté du 27 décembre 2018 relatif à la prévention, à la réduction et à la limitation des nuisances lumineuses prévoit notamment que les lumières éclairant le patrimoine et les parcs et jardins accessibles au public devront être éteintes au plus tard à 1h du matin ou 1h après la fermeture du site et que les éclairages intérieurs de locaux à usage professionnel doivent être éteints une heure après la fin d’occupation desdits locaux. La loi précise également qu’il est interdit d’éclairer verticalement (c’est pourtant encore le cas dans certaines communes rétaises), de dépasser une certaine hauteur de mâts ou encore d’utiliser certaines températures de couleurs. « Il y a des lois à respecter et elles changent régulièrement. Ré Astronomie se propose donc de conseiller les élus et les équipes municipales de l’île sur cette thématique », affirme Xavier Plouchart.
L’ensemble des réglementations en vigueur est disponible sur le site www.ecologie.gouv.fr. Contact Ré Astronomie : ra@hotmail.fr et 06 23 41 08 21
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