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Ré Nature Environnement : reconnue, respectée, déterminée
On ne présente plus ni l’un ni l’autre. Dominique Chevillon a tenu l’AG de Ré Nature Environnement, entouré de membres du bureau. Un rendez-vous important pour les amoureux de la nature.
Au sommaire, les sujets incontournables des AG mais aussi un chapitre dédié au dossier Dauphins, une cause qui mobilise l’association avec toute l’énergie dont elle est capable. Selon les us et coutumes, c’est avec son rapport moral que le Président a ouvert l’Assemblée.
Sous le signe du respect
Pour celui-ci, Dominique Chevillon a travaillé sur un angle un peu différent, et cela commence par l’expression d’une vraie satisfaction : en dix ans d’existence, Ré Nature Environnement s’est fait un nom. L’action mais aussi le sérieux, la force des convictions et une détermination sans faille inspirent le respect. Respectée, Ré Nature Environnement est donc écoutée, même lorsqu’elle hausse le ton comme face à cette marque rochelaise qui s’était octroyé le droit de cueillir des plantes insulaires « à la sauvage » sous une forme d’industrialisation que l’association a stoppé. Ou pour ce projet fou d’installation d’une école d’ULM sur le banc du bûcheron. Impensable ! Oui mais voilà, L’ile de Ré attire bien des convoitises et subit des pressions avec parfois des sources d’influence. Là encore, l’association a obtenu gain de cause. Respect donc pour une association reconnue, y compris par les pouvoirs publics, qui se bat sur tous les fronts où l’environnement a besoin de défenseurs. Et ils sont nombreux.
Bilan de santé de l’Ile de Ré
Poursuivant son propos, Dominique Chevillon développe une mise en perspective : pour mieux voir l’Ile de Ré, il regarde aussi ailleurs, sur le continent, rappelant au passage que son association n’y oublie pas de s’impliquer.
L’Ile de Ré est-elle en bonne santé ? Dominique Chevillon fait le bilan d’une situation plutôt favorable en matière de biodiversité maritime et terrestre. Et rappelle qu’au-delà du pont, dans nombre de contrées, les insectes sont en voie d’extinction, que sur les terres céréalières il n’y a déjà plus rien, que les oiseaux eux-aussi disparaissent des plaines d’Aunis, comme cette alouette des champs encore bien présente ici, tout comme les oiseaux des marais ou les rapaces. Riche et vivante, Ré la Blanche bruit de mille et un sons. Côté maritime, même si la situation reste cohérente, Dominique Chevillon se préoccupe néanmoins de la forte diminution des algues brunes.
Mais il se félicite aussi du niveau de culture sur l’environnement devenu une seconde nature chez les élus, même si, souligne-t-il avec un sourire indulgent, « des bêtises sont encore faites », comme ce projet de Parc Naturel Régional sur Brouage qu’il qualifie plus d’ « outil d’attractivité touristique » que de vraie démarche environnementale.
Une vigilance accrue est de mise
Lucide et prudent, Dominique Chevillon a cependant des sujets d’inquiétude. Car l’existant recèle lui aussi des pièges. Ainsi en va-t-il pour les paysages, en proximité des villages ou autour de ces campings installés en sites classés car ils présentaient des garanties de protection de l’environnement et qui, au bout du compte, concentrent des mobil homes (un habitat permanent), auxquels il faut ajouter des voitures stationnées en extérieur. Appartenant pour la plupart aujourd’hui à des sociétés étrangères, ces structures ont d’autres ambitions que de veiller sur des paysages en voie de dégradation. Or derrière les paysages, c’est la nature qui est menacée.
Trois grandes menaces
Lanceur d’alertes, le Président de Ré Nature Environnement évoque trois grands sujets qui font planer une ombre inquiétante sur la sérénité rhétaise.
Tout d’abord la surpopulation, même ponctuelle, qui entraîne concentration et densification, portant à 7 500 le nombre d’habitants au km² en été soit un tiers de la densité de Paris. « Un vrai sujet » conclut le Président. Population encore mais cette fois-ci sous le signe du renouvellement. A la population insulaire d’origine ou de longue date se substitue petit à petit une population d’acheteurs qui n’ont pas la culture ni la conscience. Or pour Dominique Chevillon, « préserver un territoire, c’est aussi faire vivre le lien que l’on a avec lui car on en a la connaissance ». Enfin, troisième danger et non des moindres, le Grand Port Maritime que Dominique Chevillon qualifie sans ambages de « menace sans contrôle », déversant des centaines de tonnes de particules fines dans Les Perthuis et installant des entreprises industrielles polluantes en zone classée Seveso 2. Dénonçant « l’omerta de l’ensemble des pouvoirs publics », Dominique Chevillon s’insurge contre ce qui semble être « le développement suprême ».
Echouage de dauphins : le sujet qui fâche
En février 2018 comme, hélas, en février 2017, les plages rhétaises auront vu leur lot de cadavres de dauphins portant des traces avérées de blessures et mutilations qui ne devaient rien au hasard. Car pour tous les membres de l’association comme pour son président, c’est bien d’un massacre qu’il s’agit, mettant en péril l’une des espèces les plus attachantes et belles du règne animal : le dauphin dit commun. Ce sont environ 4000 d’entre eux qui meurent ainsi chaque année sur les côtes françaises, plus qu’au Japon et aux Iles Féroé où s’exercent encore des pratiques rituelles infamantes, dénoncées d’ailleurs par un Etat français qui ne fait rien sur son propre sol. Et pour cause, souligne Dominique Chevillon, « l’Etat ne remplit pas ses obligations, celles de déclarer chaque année à l’Union Européenne le nombre de pertes en petits cétacés, tandis que du côté des pêcheurs, c’est là encore l’omerta ».
Dénonçant une fois de plus la situation dans son « OEillet des Dunes », Ré Nature Environnement a par ailleurs bénéficié de l’intervention du Sea Sheperd qui a conforté les actions médiatiques. La cour européenne a été saisie mais l’association ne s’en tiendra pas là. « Une décision mûrie » précise Dominique Chevillon, précisant que l’idée de « captures accidentelles » n’est pas acceptée ni acceptable. Pour sauver les dauphins, nul doute qu’il faudra tout le poids d’acteurs impliqués mais aussi la pression du grand public, des médias et bien sûr du politique. « A priori, Nicolas Hulot ne connaissait pas l’ampleur du problème », souligne Dominique Chevillon qui a par ailleurs apprécié que Lionel Quillet annonce au Préfet Maritime qu’il « allait falloir faire les comptes ».
La place manque ici pour évoquer aussi la densité de l’activité de l’association en 2017, présentée par le Secrétaire Général Pierre Le Gall, et ponctuée de dossiers importants comme ce projet de nouveau déroctage des fonds du GPM, encore lui, en passant par de nombreuses actions de terrains. Il y a tant à faire et tant à batailler pour ce qui, pourtant, est d’une évidente clarté : préserver l’environnement, c’est préserver l’espèce humaine.
Pauline Leriche Rouard
Un globicéphale noir échoué à La Couarde
C’est sur la plage du Boutillon qu’est arrivé le cadavre d’une femelle globicéphale noire, trouvé par l’équipe mammifères-marins de Ré Nature Environnement le 17 mars dernier. Etudié par Willy Dabin, ingénieur de recherche à l’Observatoire Pélagis, le cadavre présentait un très mauvais état physique interne, cause probable de la mort.
Aimant plutôt le grand large de l’Atlantique Nord, les globicéphales – ainsi nommés en raison de leurs têtes globuleuses – sont des hôtes occasionnels de nos contrées. Selon leur sexe, leur taille peut aller de 4 à 6 mètres et leurs poids de 1,5 à 2 tonnes. Friands de calamars, ils peuvent plonger jusqu’à 600 mètres pour trouver leur nourriture.
L’Observatoire Pélagis suit depuis plus de quinze ans un groupe de 80 individus de cette espèce qui honorent ponctuellement de leurs visites les Perthuis charentais. Un fichier photo a ainsi été constitué.
Si vous en apercevez, n’hésitez pas à contacter l’Observatoire au 05 46 44 39 10, qui dépêchera une équipe d’observateurs.
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