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Raison pure contre « Folie baroque » : Sabine Roy revient à Saint-Martin
L’automne sied aux spectacles. Après les feux de l’été, il fait bon se retrouver dans l’ombre des salles pour découvrir d’autres plaisirs : ceux de l’esprit et de la lettre, de la musique et de la comédie. Proposée par l’Association des Amis du Musée Ernest Cognacq, le rideau se lève sur une création de Sabine Roy.
Si Sabine nous était contée…
Déjà connue du public rhétais, Sabine Roy n’a pas son pareil pour faire revivre l’Histoire. Une passion qu’elle égrène avec une précision d’orfèvre au fil de récits dans lesquels la rigueur historique le dispute à la créativité de la mise en scène. Deux facettes qui correspondent à sa personnalité et à son parcours. De son ancien métier d’avocate au barreau de Paris, Sabine a gardé la fermeté avec laquelle elle travaille sur les sources, car toute passionnante qu’elle puisse être, l’Histoire est une discipline exigeante qui ne souffre pas l’à peu-près. Quant au sens du spectacle et de la fantaisie, c’est sur les planches qu’elle les a cultivées pendant des années, alors qu’elle était comédienne amateur dans la troupe Les Tréteaux de Louveciennes. D’ailleurs ses récits ne manquent jamais de les convoquer, ces peintres, poètes, musiciens, écrivains ou philosophes qui proposent souvent de l’Histoire une seconde lecture. Sabine est une artiste, même si elle ne cesse de souligner avec modestie « qu’elle ne fait pas grand-chose ».
Alors c’est inévitable : immergée dans la grande Histoire, Sabine en découvre de petites, des anecdotes qui soudain prennent une dimension particulière. Son imagination s’envole. La voilà auteure. De théâtre. Plongée dans l’écriture, la mise en scène et la direction d’acteurs, le tout avec une joie qui la régale même si « tout faire est un travail harassant ».
De l’Histoire à la Fiction
Sabine Roy aimant « s’adosser à quelque chose de vrai », il y a toujours, à l’origine de son travail personnel, un fait historique. Cette fois, l’auteure avait envie d’écrire une comédie. Elle a donc eu l’audace d’une histoire folle sur des sources historiques : celle du baroque italien, de l’opéra séria et des castrats des 17ème et 18ème siècles. Cette idée lui est venue suite à une belle rencontre avec l’un de ses (futurs) personnages, Luan Goes, contre-ténor brésilien choisi comme élève par la grande Nathalie Stutzman au sein de la Haute Ecole de Musique de Genève. « Un talent d’exception et une belle personne » qui adhère avec enthousiasme au projet de Sabine. Luan sera ensuite rejoint par d’autres grands talents, la pianiste Magali Albertini, la comédienne et musicienne Mathilde Bernard et enfin le comédien Jean-Roch Miquel, qui a déjà participé à d’autres créations de Sabine. Ne restait plus qu’à travailler à la naissance de cette pièce musicale, un travail considérable qui verra son aboutissement à Saint-Martin de Ré.
Le phénomène des castrats
A l’origine étaient les eunuques, arrivés en Espagne avec les arabes au VIIème siècle. La pureté de leur voix capte l’attention des autorités religieuses. Rome s’y intéresse pour une raison bien simple : interdites de scène, les femmes ne peuvent alors prêter leurs voix au choeur de la Sixtine où seuls chantent enfants et contre-ténors. Mais à l’heure où la réforme luthérienne se fait dangereuse, l’Eglise doit frapper fort pour séduire ses fidèles. Semblant descendre tout droit du royaume des anges, la voix de castrats est un miracle venu à point nommé. Evidemment, il faut pour cela châtrer de jeunes enfants, un acte que condamne l’église alors même que sont ouvertes les « Conservatoires », des écoles dédiées à leur formation. Nécessité fait loi.
Mais ce sera sur les scènes d’opéra, où ils tiennent des rôles très virils, que les castrats prennent une toute autre dimension. En Italie et plus précisément à Naples s’ouvrent les plus illustres des conservatoires. Dans sa démesure, cette « folie baroque » enflamme l’Europe : les castrats sont des stars et, de l’Angleterre à la Russie en passant par l’Espagne, on se les arrache. Sauf en France où la castration reste un crime abject. On dénonce, on récuse. Ici, point d’opera seria.
Alors, c’est bien sûr dans cet hexagone sur lequel souffle le vent des Lumières que se situe la pièce de Sabine Roy. Imprégnée de savoir et de musique tout autant que d’une réelle recherche esthétique et visuelle. se proposant de faire rire autant que de ressusciter les exubérances d’une époque, cette création, dont la mise en scène ne sera pas dévoilée ici, réjouira les connaisseurs autant que les néophytes. Une belle surprise en perspective.
Pauline Leriche Rouard
« Folie baroque »
Pièce musicale de Sabine Roy
Mercredi 25 octobre à 19h00
Salle Vauban, place de la République à Saint-Martin
Billetterie sur place à partir de 18h15 :
Adhérents AAMEC – 19 €
Non adhérents – 23 €
Etudiants – 10 €
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