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Qu’est-ce-qui fait courir Shoodrik ?
Enfin, c’est une image quoi que… vu le rythme de ses journées, ses envies et ses idées… Rencontre avec un artiste surprenant.
Il est des personnes à qui l’on sait déjà peu ou prou quelles questions on va poser ou ce qu’elles vont nous raconter. Rien de tel avec Shoodrik (alias Cédric Surmin). Alors on comprend vite qu’il faut laisser aller, que c’est au fil d’une conversation à bâtons rompus, nous menant par moments sur des sentiers inattendus, que l’on saisira (peut-être) de quel métal il est fait.
Autodidacte à 1000%
Commençons par une question, facile il est vrai, sur son parcours d’artiste. « Je n’ai jamais la même histoire à raconter sur les débuts », nous assènet- il du tac au tac. Bon, ça c’est dit mais quand même…
Il semble faire un effort de mémoire, c’est clair, pour lui le passé est dépassé et donc sans grande importance. Comme repères, l’achat de son premier poste à souder fin 2016 et la décision de quitter son job dans la location et réparation de vélos. Début 2017, il s’installe dans son premier local, à Loix, avec une ouverture prévue en avril. « J’ai acheté les outils et c’est parti ! », précise-t-il comme si tout cela n’était pas grand-chose. Une période test durant laquelle « j’apprenais en même temps ».
Inutile de lui demander quelle a été sa première création, il ne s’en rappelle pas. « Au début je faisais beaucoup de luminaires » précise-t-il quand même, ajoutant faire comme ça venait et que ça fonctionnait bien. « Ce n’est pas une passion c’est un job », lance-t-il. Effondrement du mythe de l’artiste en proie aux affres de la création solitaire dans son atelier.
Au travail résolument
Du coup, sans rien laisser paraître, on s’interroge : fausse modestie ? Plutôt absence totale de prise de tête. Shoodrik a envie, Shoodrik se lance, Shoodrik travaille et puis voilà. Dans le milieu artistique, on dit souvent qu’il faut 20% de talent et 80 % de travail. Alors, loin de nous l’idée de juger son talent, mais pour le travail c’est sûr, Shoodrik est un bel exemple. Pas le temps de se poser des questions. « On trouve toujours une excuse pour ne pas faire alors qu’on a tout à portée de main », estime-t-il. Alors il travaille et travaille encore, sans relâche. Pour maîtriser toutes les techniques et un matériau exigeant. « Je fais aussi beaucoup de ménage », sourira-t-il un peu plus tard devant l’une de ses oeuvres, particulièrement fournie en moult petites pièces de métal savamment assemblées.
Et indépendant farouchement
Après un second local (à Loix toujours), Shoodrik déménage. « A Loix, il y a eu une belle énergie dans les deux » se souvient-il. Les dates ? C’est son alter ego Coralie, passée en coup de vent, qui restitue l’aventure boitaise : 2020, 2021, on ne sait plus trop… Période compliquée d’autant que Shoodrik a des problèmes de santé l’obligeant à faire une pause. « Avec son père, nous lui avions reconstitué l’atelier de Loix à l’identique », raconte-t-elle. Disons que tout repart en 2022. Beau parcours quand même, mené en toute autonomie financière. « Pas de banque, nous nous sommes toujours autofinancés », assure Shoodrik évoquant seulement une caution parentale qui les a inquiétés (ses parents). « Alors je n’ai pas une grande maison, ni une grosse voiture. Avec Coralie, nous réinvestissons tout ». Comme quoi on peut être artiste et bon gestionnaire… car rien de tel que la liberté.
Et maintenant ?
A chaque création d’un univers de prédilection marin, Shoodrik invente une histoire à des sculptures ayant un nom, et « ça plaît beaucoup ». Alors, il souhaite aujourd’hui les mettre en images. En plus bien sûr de ses autres travaux : de nouvelles créations (il a plein d’idées) et un projet sur le championnat de France de la soudure avec une proposition pour les trophées correspondant à son univers et aux différents procédés de la soudure.
Mais revenons à cet « art dans l’art », pour lequel Shoodrik est de nouveau en apprentissage… du métier de réalisateur. Il apprend, jusque tard dans la nuit, avec en perspective le lancement d’une nouvelle chaîne youtube. La première ? Elle est arrêtée. « Les tutos ont permis de voir tout le travail derrière une création mais franchement, ça ne marchait pas », confie-t-il. Pas grave, il regarde déjà ailleurs. Vers cette nouvelle aventure qui a déjà pris corps dans un court-métrage de 4 mn, réalisé en collaboration avec Paria Production. On y voit Shoodrik (Gepetto) saisissant des pièces de métal en apesanteur pour créer un Pinocchio au coeur battant. De belles images sur une histoire prenant valeur de symbole, son fils Max ayant subi quasi simultanément une opération du coeur. Et voilà que se dessine en filigrane une ambition : « Un film familial, une histoire qui se déroulera sur l’île de Ré ». Nous n’y sommes pas encore mais l’artiste va tellement vite…
Alors quel carburant anime donc Shoodrik ? « Ce que je respecte c’est le dépassement », nous confie-t-il. Et cela vaut avant tout pour lui-même.
YOUTUBE : https://www.youtube.com/ watch?v=pn-lBzp65H0
Max joue le fils décédé de Gepetto sur vidéo dans le film
YOUTUBE : https://www.youtube.com/c/ shoodrikatelier Shoodrik2
Exploration artistique et alchimie métallique
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