Quelle qualité de l’air sur l’île de Ré ?
C’est la question abordée lors d’une rencontre-débat initiée par le GEM*.
De tous les membres du GEM, seul Patrice Raffarin a été empêché, Julie Foulquier, Patrick Salez, Jean-Pierre Gaillard et Didier Guyon étant présents aux côtés des Conseillers départemen- taux Véronique Richez-Lerouge et Jean-Marc Soubeste, le député européen Benoît Biteau, Bernard Plisson du GPM ou encore François Léonard d’Action Environnement et Sébastien Arzelier, représentant le député Olivier Falorni. Notons aussi la présence d’un représentant d’Uniré, du Conseiller municipal boitais Jean- François Beynaud, et de la Conseillère régionale EELV Katia Bourdin. Le contenu s’annonce dense.
Des raisons d’en parler
Pour Didier Guyon, la question de la qualité de l’air se pose ici comme ailleurs. S’appuyant à la fois sur les résultats de la fameuse étude Solagro**, la présence de nombreux gros paquebots et leurs nuisances atmosphériques ou l’actualité de la Plaine d’Aunis, il pose l’objectif du débat. « Que veut-on ? Répondre à une question citoyenne sur la nature de l’air que nous respirons et pourquoi pas demander la pose d’un capteur ATMO*** ». Qu’est-ce-que c’est ? Un outil de mesure de la qualité de l’air.
Au fil des interventions
Invité à s’exprimer, le président d’Action Environnement, François Léonard, se déclare « très sensible à cette invitation pour parler développement durable sous l’angle de l’agriculture de manière totalement ouverte ». Car oui, bien sûr, évoquer la qualité de l’air rétais ne peut occulter la question (délicate) de l’utilisation des intrants chimiques. Un sujet maîtrisé par Patrick Salez qui, ayant travaillé à l’INRA, peut affirmer « que la dangerosité des pesticides est connue depuis 1962 et qu’on a les techniques pour s’en passer ». affirme- t-il, fustigeant chiffres à l’appui, l’échec des politiques publiques successives et évoquant un « système totalement verrouillé » par les lobbies et « la mauvaise foi de la FNSEA ».
Reconnaissant les progrès établis par Uniré avec la démarche HVE****, Patrick Salez regrette néanmoins qu’il ait fallu « attendre le PAT (Plan Alimentaire Territorial) pour s’intéresser aux modes de production », ajoutant qu’il « faut pousser la Bio et l’agroécologie et effectivement mesurer la qualité de l’air ».
Veille constante du côté du GPM
Directeur Stratégie et Transition écologique, Bernard Plisson évoque des enjeux environnementaux très forts pour un Grand Port Maritime aux activités multiples. « On travaille depuis dix ans sur la problématique des poussières, et nous avons des résultats assez probants », affirme-t-il, évoquant une station de qualité de l’air existante et des systèmes de dépoussiérage. En cause « les nombreux produits en vrac », dont bien sûr les céréales. Sur la question des bateaux de croisière, Bernard Plisson évoque trente-cinq escales en 2022. « Ce n’est pas un élément important de notre chiffre d’affaires », souligne-t-il, précisant que le GPM se vit comme « un espace public servant à valoriser l’économie du territoire ».
Le procès de l’HVE et des politiques
C’est Benoît Biteau qui le mène. Agronome de formation et agriculteur lui-même, le député européen dénonce sans ambiguïté ce qui est pour lui « une vaste fumisterie ». « En France on a tenté de mettre au même niveau agriculture biologique et HVE, c’est scandaleux », explique-t il affirmant que « l’HVE n’est pas une marche vers la Bio et que tout bénéficiaire de la PAC peut le revendiquer ».
Le député européen dénonce aussi le non respect de la loi de mise sur le marché des pesticides et réclame des études indépendantes et la fin « d’angles morts terribles car seule la molécule est étudiée alors que de nombreuses autres substances sont présentes dans un produit fini ». Pas d’indulgence non plus pour les politiques publiques qu’il faut selon lui « réorienter et mettre sous conditions en appliquant le principe pollueur payeur ». C’est la triple peine » conclut-t-il : « en vingt ans nous avons perdu 50% de nos agriculteurs qui ne peuvent subvenir à leurs besoins et se suicident, les politiques curatives coûtent une fortune (de 54 à 91 milliards d’euros par an pour l’air et l’eau), et après il n’y a plus d’argent pour soutenir la transition agricole », dénonce Benoît Biteau.
Au nom d’Olivier Falorni, Sébastien Arzalier évoque le problème des « contaminations multiples à travers air, eau et nourriture » et leurs effets sur la durée, qui a mobilisé l’attention du député sur une question écrite.
Quant à Véronique Richez-Lerouge, elle considère que « l’économique a pris le pas sur le politique ». « Il y a vingt ans on se foutait du Bio puis il y a eu des progrès et maintenant on régresse : au nom du changement climatique, on est en train de rabaisser les normes alors on va vers quoi ? », interroge-t-elle en écho aux propos de Benoît Biteau dénonçant « l’instrumentalisation indécente faite au nom de la sécheresse et de la guerre ».
La conclusion, nous la laisserons à Jean- Marc Soubeste, pour qui la mesure de la qualité de l’air sur l’Ile de Ré est pertinente. « Un capteur est aussi une nécessité comme levier d’action », affirme le Conseiller départemental EELV, précisant que « tant qu’on ne peut pas mesurer, rien n’existe ». La démarche « ne peut venir que de la CdC », souligne Didier Guyon, considérant qu’une réponse a été donnée à cette réunion. Mesurer la qualité de l’air rétais utile ou pas ? La réponse est visiblement oui.
*GEM : Groupe d’Expression Multiple, groupe d’opposition de la CdC
** et **** Lire nos nombreux articles sur realahune.fr
***ATMO : Observatoire régional de l’air
****HVE : Haute valeur environnementale
*****PAC : Politique agricole commune
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