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Quel impact de l’interdiction de la pêche ?
Bien que l’Etat n’ait pas encore communiqué officiellement les chiffres sur la mortalité des dauphins, les scientifiques et environnementalistes qui s’intéressent de près au sujet sont déjà en mesure de tirer quelques leçons de la fermeture spatio-temporelle durant un mois dans le golfe de Gascogne.
L’arrêt du Conseil d’Etat du 2 décembre 2023 statuant en référé, a sanctionné l’arrêté du Secrétaire à la mer Hervé Berville, et interdit la pêche du 22 janvier au 22 février 2024 à quelque quatre cents bateaux de plus de huit mètres, dans tout le golfe de Gascogne.
Cette décision du Conseil d’État a suivi les préconisations de la communauté scientifique* Elle visait l’interruption du massacre de huit mille à douze mille dauphins communs par an depuis l’année 2016.
Réduit à cette extrémité par l’absence de mesures efficaces des pêcheurs et de l’État, et surtout consciente des risques de disparition de la population de dauphins communs, cette décision est une première par son ampleur (fermeture de la pêche sur tout le golfe de Gascogne, pour quatre cents bateaux, pendant quatre semaines, avec la mobilisation de la communauté scientifique). Rappelons que Conseil d’Etat a décidé que ces fermetures de quatre semaines seraient reconduites au même période du 22 janvier au 20 février en 2025 et 2026.
Un premier bilan très positif
Trois semaines après ce mois de fermeture de la pêche, quelles leçons tirer de cette opération ?
Le nombre de dauphins morts échoués avec les marques de la pêche (traces de filets, amputation, éventration, etc.) a drastiquement diminué, puisque sur environ cent cinquante animaux échoués seule une dizaine d’animaux présentait les marques de la pêche. Alors que les années précédentes, sur la même période d’un mois, ce sont 80 à 90 % des animaux qui présentaient les marques de la pêche. Une inversion totale donc.
Les dauphins échoués sur un mois en 2023 étaient estimés à sept cent cinquante environ alors que sur la même période en 2024 ce sont cent cinquante dauphins qui se sont échoués soit cinq fois moins.
L’arrêt pendant un mois de la pêche pour les bateaux fileyeurs à cette période de l’année correspondant au pic d’échouage des dauphins communs semble donc aujourd’hui un succès sur cette période de fermeture.
La prudence s’impose
Cependant, il faut rester prudent pour au moins trois raisons. D’une part, les chiffres sont en cours de consolidation. D’autre part, la fermeture d’un mois sur une période intense d’échouage qui s’étale sur deux à trois mois chaque année (entre janvier et mars) peut voir le pic d’échouage se décaler à début janvier ou reculer après le 20 février, selon les années observées. C’est d’ailleurs pour cela que la communauté scientifique avait proposé trois mois de fermeture en janvier-février-mars correspondant à la pêche aux Bars, Merlus, Soles et un mois en été, autre pic d’échouages et donc de captures de dauphins, correspondant à la pêche du Thon germon .
Par ailleurs, la découverte (un fait inconnu) de poissons bleus (sardines, anchois, sprats, etc.) calés sur les fonds côtiers pourrait expliquer une présence plus côtière des dauphins qui suivent les proies qui les nourrissent et leur rencontre avec les pêcheurs sur cette zone de pêche hivernale.
En attendant les chiffres définitifs, la diminution des captures mortelles des dauphins par la pêche dépend beaucoup des initiatives des pêcheurs qui doivent par leur connaissance du métier trouver les solutions pour éviter cette mortalité inacceptable des dauphins communs, avec l’aide réelle de l’État et l’accompagnement des scientifiques…
Enfin, en cette période critique, grâce aux actions en justice des associations de protection de la Nature (LPO, FNE…), mais aussi grâce aux scientifiques, aux médias et au Conseil d’Etat, qui a rendu une décision courageuse et pertinente, plusieurs milliers de dauphins semblent avoir été sauvés.
C’est une avancée significative et satisfaisante pour les dauphins …
*CIEM : Conseil International sur l’Exploitation de la Mer, CSTEP : Comité Scientifique, Technique, Économique de La Pêche de la Commission Européenne, etc.
Nota : Ces chiffres sur la mortalité des dauphins n’engagent que l’auteur, Dominique Chevillon. Ils sont en attente de confirmation ou d’infirmation par les sources étatiques habituelles.
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