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Quand un train traversait l’île de Ré
Bien avant le pont, bien avant les pistes cyclables et alors que l’automobile n’en était qu’à ses balbutiements, l’île de Ré était parcourue par une voie de chemin de fer et par un petit train servant à transporter marchandises et passagers. Photos de Yann Werdefroy
Nous sommes en juillet 1898. Félix Faure est président de la République et l’île de Ré a reçu sa visite un an auparavant. Au début de cette même année, le fameux texte « J’accuse » d’Emile Zola a été publié dans le journal L’Aurore pour prendre la défense du capitaine Dreyfus. Ce dernier sera d’ailleurs emprisonné à Saint-Martin-de-Ré.
A Paris, les travaux de la première ligne de métro ne débuteront qu’en octobre. Mais dans l’île de Ré, reliée au continent par un service de bateau à vapeur, un événement se prépare. Le 9 juillet 1898 a donc lieu le premier voyage du train qui relie Sablanceaux aux Portes-en-Ré. Un voyage de 36 km réalisé en un peu plus de deux heures.
Premier voyage en juillet 1898
Exploité par la Compagnie des chemins de fer économiques des Charentes, la ligne part de l’embarcadère de Sablanceaux puis traverse Rivedoux, Sainte-Marie, La Noue avant de bifurquer vers La Flotte puis Saint-Martin, le Morinand, Le Bois, La Couarde. Le train s’arrêtait également au Feneau (à l’extérieur du village de Loix) puis au Martray, passait sur le port d’Ars, à Saint-Clément, au Gillieux puis à la Conche avant d’atteindre Les Portes.
Le propriétaire d’un hôtel situé au phare des Baleines fit même construire à ses frais un prolongement de la ligne de train pour que ses clients puissent arriver à l’hôtel. Il reste aujourd’hui quelques vestiges de ce tortillard. A Sainte-Marie-de-Ré, la rue de la Gare mène à l’emplacement de l’ancien arrêt du train, situé à l’emplacement de la caserne de pompiers.
Des vestiges encore visibles
Le train desservait le port de Saint-Martinde- Ré où il subsiste un petit tronçon de rails, conservé dans les pavés à l’angle du quai Georges Clemenceau et de l’avenue Bouthillier. Toutes les autres voies ont été démontées.
Sur le port d’Ars-en-Ré, l’atelier du peintre Philippe Deschamps est l’ancienne gare du train (il en existait une sur le port de Saint-Martin mais elle a été détruite). Enfin, aux Portes-en-Ré, l’actuel bâtiment des pompiers était le dépôt qui abritait les locomotives, tandis que le petit édifice blanc situé en face servait de minuscule gare. Mais s’il reste si peu de traces et de vestiges de ce tortillard, c’est qu’il n’a été en service que jusqu’en 1935. Car dès les années 1920, le réseau routier qui s’améliore permet aux autobus d’aller plus vite que le train de l’île de Ré. En 1930, l’entretien des rails devient difficile, certains arrêts sont supprimés. En 1932, le train n’effectue plus qu’un seul aller-retour par jour entre Rivedoux-Plage et Les Portes-en-Ré. En 1935, le transport des marchandises est presque supprimé, le train ne servant plus qu’à transporter le sel. L’ensablement régulier des voies ainsi que de nombreux incidents ou déraillements auront raison du tortillard.
Le train rétais s’est arrêté en 1935
Les voies encore en service serviront à nouveau durant la Seconde Guerre mondiale pour acheminer le matériel nécessaire à la construction des blockhaus allemands du Mur de l’Atlantique. Puis après-guerre, un éphémère autorail circulera sur les voies jusqu’en 1947. Le train de l’île de Ré a connu un beau succès à ses débuts et a rendu de grands services aux Rétais en permettant de transporter les marchandises, le sel, le vin, le charbon ou le bois, ainsi que des passagers, insulaires ou visiteurs. Mais il a vite été dépassé par la concurrence routière et a été rattrapé par le trop grand nombre de déraillements.
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L’île, tournée vers la mer, Ré, protégée
Les côtes de l’île de Ré totalisent environ 110 km. Des côtes composées de dunes et de plages bien sûr, mais pas uniquement. Car l’île de Ré est aussi protégée de la mer par des falaises comme celles qui contournent l’abbaye des Châteliers à La Flotte, ou par des digues comme celles qui bordent le Fier d’Ars ou encore la monumentale digue du Boutillon, édifiée après la tempête Xynthia de 2010, pour remplacer une digue devenue obsolète. Des côtes également façonnées par les activités humaines : s’y dessinent les ports, parcs ostréicoles, marais salants et pêcheries appelées écluses à poisson, autant d’activités économiques traditionnelles de l’île de Ré. Photos de © Yann Werdefroy
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Un trésor de biodiversité sur l’île de Ré
L’île de Ré se distingue par son environnement sauvage préservé, la plaçant parmi les joyaux de la nature en France. Sa diversité écologique offre un refuge à une multitude d’espèces animales et végétales. Cet écosystème d’une richesse exceptionnelle est aussi d’une grande fragilité. Pour cela, la Communauté de communes s’engage pour préserver l’environnement, notamment grâce à l’écotaxe du pont de Ré. Des mesures concrètes sont mises en œuvre : protection des espaces et des espèces, éducation à l’environnement, surveillance du littoral, gestion des zones naturelles… Avec 80 % du territoire protégé, l’objectif est de limiter toute construction incompatible avec la préservation écologique. Une meilleure connaissance des populations locales est essentielle pour garantir la pérennité de cette biodiversité remarquable. Découvrons ici quelques exemples
Vos réactions
Très intéressant ,merci
L’ancienne gare d’Ars en Ré a les volets peints en gris cimetière. Pourquoi pas un joli vert traditionnel?
Bonjour,
Je ne trouve pas le ré à la hune où il y a l’article du petit train qui traversé l’île de ré . Car je voudrais lire l’article et offrir le ré à la hune à une amie .
Merci
Cordialement.
Mme Giraudeau Brigitte
Bonjour, comme indiqué il s’agit d’un article paru dans notre magazine annuel Île de Ré Mag’ 2024, que vous pouvez trouver auprès de commerçants et mairies de l’île de Ré. Cordialement.