Quand la vétusté montre ses stigmates
Trouver un logement est une chose, pouvoir y vivre bien en est une autre. Et public ou privé, cela tourne parfois au cauchemar dans le bâti ancien.

Locataires de deux appartements sis résidence Chantecorps à Sainte- Marie La Noue et gérée par le bailleur social Habitat 17, Lucile Glaziou et Delphine Bouyer subissent au quotidien les aléas de logements aux problèmes avérés, allant de l’humidité constante aux moisissures visibles. Après moult courriers et démarches auprès de différents organismes dédiés et jusqu’au médiateur du Département, elles finissent par s’adresser à la presse. Car le temps passe et… rien ne se passe. Nous avons recueilli leurs témoignages et interrogé Mikaël Jungers, directeur général d’Habitat 17.
Quand la vie sent le moisi
« Nous sommes arrivés en avril 2022, tout était repeint en blanc mais au bout de trois mois, les moisissures sont réapparues », raconte Lucile Glaziou, maman d’un enfant de trois ans souffrant aujourd’hui de problèmes respiratoires. La VMC* ne fonctionne pas et malgré ses efforts constants pour assurer une bonne aération, la situation ne fait que se dégrader, la moisissure attaquant jusqu’aux vêtements et chaussures, nourriture dans les placards et peluches de son fils. Elle fait venir l’entreprise Engie mais la réparation s’avère impossible car son voisin est absent. Une autre fois, c’est l’entreprise qui ne se présente pas. Alors Lucile s’adresse à Habitat 17 (par courrier il est vrai non nominatif), informe de sa situation sur la plateforme Histologe, permettant de signaler un logement non décent, et sollicite l’appui de l’ex médiateur Christian Leyrit avec un dossier exhaustif et de nombreuses photos. Lasse, elle souhaite un nouveau logement au Fougerou. Mais bien que classée prioritaire, ne l’obtient pas. Elle est aujourd’hui classée au rang 3.
Pour Delphine Bouyer, mêmes galères. Âgée de 14 ans, sa fille préfère dormir chez ses grands-parents habitant La Couarde. Chez Delphine aussi, tout transpire une humidité pernicieuse. Elle dénonce « l’insalubrité et une isolation perdue sous les combles » et coupe les radiateurs car elle craint un court-circuit. Visite d’un électricien avec Habitat 17, constat d’huissier, courriers et récente visite d’un expert en bâtiment… quoi qu’il arrive, elle veut désormais partir.
Alors que se passe-t-il et où en est-on ?
Pas de débat sur les problèmes existants
C’est d’emblée ce que nous répond le directeur général d’Habitat 17 Mikaël Jungers. « Oui il y a un problème et oui nous devons faire le nécessaire », assuret- il. Le problème est technique, la VMC ne fonctionne pas. Mais ce n’est pas tout. Après étude, « La VMC est défaillante, mais c’est également tout le réseau construit qui est illogique, puisque pour réparer chez l’un des locataires, il faut aller chez le voisin », explique-t-il. Pas évident c’est sûr. et précisons que la résidence date de 1986. Documenté, Mikaël Jungers est aussi muni pour nous répondre, de l’historique des relations avec les locataires. « Il y a un vrai impact chez Mme Glaziou et un traitement antimoisissures a d’ailleurs été effectué en août dernier par une entreprise spécialisée », poursuit-t-il. Mais encore une fois, pour traiter le problème de VMC, il faut passer par le voisin et voilà Mikaël Jungers plus circonspect. Car s’il juge Delphine Bouyer « très soigneuse sur l’entretien de son logement », il a fallu « une mise en demeure sous peine de poursuites pour pouvoir y accéder », souligne-t-il, ajoutant qu’elle n’allume pas les radiateurs existants et se chauffe avec un poêle à pétrole, générateur d’humidité.
« Un réseau neuf et repensé »
Au total, d’août 2024 à janvier dernier, quatre rendez-vous ont été annulés pour cause de voisins absents. Mais ils sont de fait aujourd’hui planifiés « pour un réseau neuf et repensé », affirme Mikaël Jungers. Un gros travail nécessitant des travaux importants. « Dans l’attente qu’ils soient terminés, de nouvelles désinfections des moisissures seront faites, aussi souvent que nécessaire », affirme le directeur d’Habitat 17.
Reste une question : pourquoi tant de temps ? D’accord, des voisins absents alors qu’il faut pouvoir entrer chez eux reculent d’autant les possibilités d’intervention, mais quid des courriers restés sans réponse ? Mikaël Jungers reconnaît ne pas savoir exactement ce qu’il en est.
Courriers non nominatifs arrivés dans le mauvais bureau, ‘patate chaude’ perdue dans les méandres de diverses administrations… cela fait beaucoup pour des personnes subissant les préjudices d’une vie quotidienne dégradée. Mais restons positifs : Mikaël Jungers précise qu’une réunion de chantier est programmée mardi 11 mars. Du concret qui, espérons-le, élargira l’horizon des locataires maritaises de la résidence Chantecorps. Dossier à suivre…
*VMC : Ventilation mécanique contrôlée.
Lire aussi
-
Social
Espoir en tête avec le Rotary-Île de Ré
Pour découvrir en avant-première le film « Des jours meilleurs » et faire une bonne action, rendez-vous dimanche 16 mars à 16h à La Maline.
-
Social
Un film, une loi… et pas mal de questions
En attendant la loi, un débat grave et digne sur la fin de vie a attiré la grande foule à la Maline. La projection du film Le Dernier souffle, suivie d’un échange passionnant et passionné avec le député Olivier Falorni, a soulevé encouragements et interrogations.
-
Social
Logement : des Assises pour des actions concrètes
Depuis les 1ères Assises en 2022, la CdC de l’île de Ré a élaboré une feuille de route avec des actions concrètes pour le logement à l’année. Celles-ci seront présentées aux habitants jeudi 20 mars, au travers d’une rencontre avec les acteurs (17h) et d’une conférence-débat (18h).
Je souhaite réagir à cet article