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Professionnels et Naturalistes parlent d’une seule et même voix
Dominique Chevillon, Président de Ré Nature Environnement et membre du CESER de Poitou-Charentes depuis plusieurs années, a participé sur l’invitation de Gérald Viaud, président du Comité Régional et du Comité National de conchyliculture, aux mouvements récents dans le port des Minimes et le Vieux Port de La Rochelle, qui ont suivi de peu les barrages filtrants sur le pont de l’île de Ré. Il nous délivre ses explications et celles du Biologiste marin Pierre Le Gall sur les origines de la pollution des eaux littorales des Pertuis.
Ré à la Hune : Les professionnels par leurs mouvements sociaux alertent l’opinion publique et les élus sur la forte dégradation de la qualité des eaux littorales qui est aujourd’hui à l’origine de la surmortalité des huîtres et des moules et qui pourrait demain menacer les baignades. Or le contrôle des eaux révèle un excellent état des 22 zones de baignade de l’île de Ré (lire page 4). N’est-ce pas contradictoire ?
Dominique Chevillon : Non car ces analyses sont des analyses bactériologiques, alors que les analyses que les professionnels et les naturalistes que nous sommes réclament sont des analyses biologiques. Ce sont les seuls tests qui permettraient de déterminer la nature de la dégradation des eaux. L’État refuse pour le moment de faire ces analyses qui coûtent cher, et ni les professionnels ni les associations n’ont les moyens de les financer. IFREMER n’a donc pas fait de telles analyses.
Quelles sont selon vous les principales causes de pollution ?
La première source de dégradation des eaux est liée au lessivage des terres agricoles – céréalières et viticoles – qui déversent en mer des pesticides. La sous-capacité des stations d’épuration en est la seconde cause. Les pollutions particulaires sont, elles, issues de plusieurs phénomènes : les boues de clapage du dévasage des ports de pêche, commerce et plaisance mais aussi l’extension du port des Minimes qui est une cause importante et enfi n Ré Nature Environnement et Nature Environnement 17 montrent du doigt les travaux de déroctage du Grand Port Maritime de La Rochelle. Une autre source de pollution chimique est liée au stockage dans les vases de produits qui se sont sédimentés au fi l du temps, comme les antifouling par exemple.
À cela vient s’ajouter un autre phénomène qui n’est pas une pollution : les arrivées d’eau douce par la Charente, la Seudre, la Sèvre Niortaise et par les marais littoraux sont bien inférieures à celles connues auparavant car les marais d’eau douce sont vidés par les céréaliers au fur et à mesure de l’hiver. La carence d’eau douce entraîne une salinité plus forte, cause d’affaiblissement des mollusques : huîtres, moules, coquilles Saint-Jacques… Les virus existent dans la nature en permanence, mais ils sont ravageurs sur des organismes affaiblis. Les zones de mortalité des huîtres se situent dans le Pertuis breton au nord et au sud. Ré Nature Environnement pense que ce qui a fait déborder le vase de la pollution est le déroctage qui s’il n’a duré qu’un mois a des conséquences sur plus d’une année, d’autant que le renouvellement des eaux est beaucoup plus faible qu’on ne l’imagine dans cette zone fermée. Les travaux de déroctage devaient donner lieu au stockage à terre du calcaire qui en était issu, dans le casier de la Repentie. Le contenant étant inférieur au contenu, les responsables ont ouvert les clapets qui ont reversé dans la mer les particules. Et la Préfecture a laissé faire. Ré Nature Environnement a ainsi porté plainte contre le GPM.
Que demandez-vous aujourd’hui aux pouvoirs publics ?
Les professionnels et les associations de France Nature Environnement réclament que soient réalisés des tests biologiques d’eau de mer et qu’il y ait une prise de conscience des pouvoirs publics sur la nécessité de réduire voire supprimer les pesticides d’origine agricole, de ne pas reproduire des pollutions particulaires telles que celles liées au déroctage et d’être vigilant sur les pollutions chimiques des effl uents industriels comme ceux de Rhodia La Rochelle, par exemple. Par ailleurs, nous soutenons les professionnels, qui demandent des dédommagements pour faire face à la perte de 70 % à 80 % de la production de mollusques et nous sommes complètement en phase avec eux pour lutter contre les causes de ces pollutions et ne pas simplement demander une indemnisation.
C’est la première fois que les conchyliculteurs et les associations naturalistes parlent ainsi d’une même voix et c’est normal sur un tel sujet et sur un phénomène d’une telle ampleur pouvant entraîner la dégradation de A à B de la qualité des eaux littorales. Il ne faut pas oublier que nous sommes le premier bassin de moules de France, le premier bassin ostréicole européen et l’un des premiers au niveau mondial et notre zone a un fonctionnement très atypique, ce sont les pertuis qui font sa richesse.
Le futur Parc Naturel Marin contribuera- t-il à améliorer la situation ?
Il pourra apporter une meilleure coordination.
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