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Des professionnels de la mer amers et combatifs
Ré à la Hune a interrogé Gérald Viaud, président du comité régional de conchyliculture, et qui vient d’être réélu ce mercredi 3 septembre 2014 président du comité national de conchyliculture face à deux autres candidats, avec 23 voix sur 55 au premier tour et très facilement au second tour.
Depuis les actions menées par les conchyliculteurs et les mytiliculteurs, la Préfète Béatrice Abollivier a installé un groupe de travail lundi 18 août, réunissant services de l’État, élus et professionnels, afi n d’étudier les dix propositions d’actions faites le 8 juillet par le comité régional de la conchyliculture pour rétablir les fonctions écologiques des estuaires et des marais doux de la Charente-Maritime. D’autres pistes de travail ont aussi été identifi ées. La Préfète s’est aussi engagée à saisir les ministres concernés par les sujets de préoccupation nationale, « notamment pour demander la prise en compte de l’impact des produits phytosanitaires sur le milieu marin et généraliser les analyses éco-toxicologiques ».
Des aides spécifiques sont indispensables pour sauver une profession sinistrée
Les professionnels ont mené de nouvelles actions lors de l’Université d’été du Parti Socialiste, et Gérald Viaud a pu rencontrer le directeur de cabinet du premier ministre Manuel Valls : la DPMA (direction des pêches maritimes et de l’aquaculture) a été saisie. Compte tenu toutefois de la lenteur de mise en marche de l’État, des changements de Secrétaires d’État – Alain Vidalies a succédé à Frédéric Cuvillier – et de la situation dramatique des professionnels, le président et sa « base » n’entendent pas attendre les bras croisés, même s’ils espèrent que la situation se décante à l’automne. Gérald Viaud rappelle que le fonds d’allègement des charges ne concerne que ceux qui ont contracté des emprunts et que l’instruction de la demande d’état de calamité agricole demandé pour les mytiliculteurs au mois de juin a été décalée en juillet, puis fait depuis l’objet d’un complément d’enquête auprès d’Ifremer. La commission des calamités agricoles se réunira in fine le 8 octobre, mais d’ores et déjà Gérald Viaud précise qu’elle n’indemnise qu’une faible partie et que le problème – au-delà d’une reconnaissance climatique – est beaucoup plus large. Le problème lié aux bactéries ne relève pas de la calamité agricole et si l’État ne débloque pas des aides spécifiques il ne voit pas comment les professionnels vont s’en sortir.
« Nous n’excluons pas de mener des actions en justice contre l’État »
Au-delà des aides à débloquer en urgence, les professionnels, accompagnés par France Nature Environnement sont extrêmement alarmistes sur la dégradation de la qualité des eaux littorales et dénoncent l’incapacité de la France à respecter les réglementations nationales et européennes. Après le coup de semonce de février 2011 sur le non-respect du maintien de la qualité des eaux, et sa condamnation en 2013, la France a été condamnée une nouvelle fois, jeudi 4 septembre, par la Cour de justice de l’Union européenne, pour son incapacité à améliorer la qualité de ses eaux. Elle fait face à deux contentieux pour n’être jamais parvenue à respecter la directive de 1991 sur les nitrates et les pollutions d’origine agricole… La mollesse de l’État français en la matière est pointée de nouveau.
Gérald Viaud et les professionnels montrent du doigt l’utilisation des produits phytosanitaires, des nitrates, les insuffi sances des stations d’épuration et du traitement des eaux pluviales. Ifremer a d’ailleurs rendu un rapport sur les produits phytosanitaires et les milieux marins resté pour le moment sans suite…
« Si l’on veut continuer de s’empoisonner, alors allons-y » explique amer Gérald Viaud « mais alors ce ne sont pas que les professionnels de la mer qui seront touchés – tous les indicateurs économiques et sociaux des entreprises conchylicoles sont déjà dans le rouge et on va perdre toutes les activités ”premières” – mais rapidement toute l’économie touristique de la Charente-Maritime. Nous ne laisserons pas faire et nous n’excluons pas des actions judiciaires devant la Cour européenne. »
Les professionnels de la mer, « sentinelles de l’environnement »
Dominique Chevillon, président de Ré Nature Environnement, qui a participé fin août à l’action dans le vieux port de La Rochelle aux côtés des professionnels confirme qu’ils sont à bout, avec une « radicalisation » de certains, partisans de la méthode forte.
France Nature Environnement, représentée par Dominique Chevillon en Charente-Maritime, sera à leurs côtés pour étudier la possibilité d’éventuels recours juridiques et dénonce l’inaction de l’État et l’inapplication des réglementations en France, avec toujours des dérogations…
« Les pollutions particulaires des boues de clapage issues du dévasage des ports et notamment des ports de plaisance et les pollutions particulaires de type déroctage du Grand Port Maritime de La Rochelle, participent aussi activement et durablement au cocktail des causes de la dégradation de la qualité des eaux littorales. » «
Faut-il attendre l’interdiction des eaux de baignade sur tout le littoral pour que l’État agisse ? À la mi-août, ce sont 20 plages qui ont été interdites à la baignade en Charente- Maritime du fait de la dégradation des eaux, les stations d’épuration n’ayant pas pu assurer leur rôle à la suite des fortes précipitations et du lessivage des sols. Cela heurte les intérêts importants de l’agriculture céréalière, pourtant la seule solution est le suivi par Ifremer de la qualité biologique des eaux et le respect des réglementations. Les professionnels de la mer sont les sentinelles de l’environnement, représentent une vraie puissance économique et sont la signature du littoral, ne l’oublions pas ! »
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