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Prison de Saint-Martin : l’Etat a repris ses droits
C’est (presque) devenu une habitude : depuis sa première visite le 2 décembre 2015, Olivier Falorni gratifie le centre pénitentiaire de Saint-Martin de visites surprises. La dernière a eu lieu le 19 février dernier en compagnie de quelques médias.
Une visite pas si imprévue que ça
En tous cas pas pour le député qui se l’était promis après la précédente en septembre 2017, d’où il était d’ailleurs sorti fort en colère. Et pour cause : en dépit de la destruction des locaux en préfabriqués surnommés « casinos », de la création d’un gymnase et de l’aménagement d’une première cour et d’un préau, Olivier Falorni avait alors constaté « une forme de reproduction des casinos », sous forme de draps tendus, permettant à certains détenus d’échapper à la surveillance du personnel pénitentiaire. Une situation inacceptable pour un député mobilisé depuis fin 2014 dans la lutte contre la radicalisation en prison, et qui n’avait alors pas hésité à remonter jusqu’au Ministère de la Justice.
Et une bonne surprise
Sur le pas de la porte, tandis qu’il attend que la Directrice Sylvie Manaud vienne nous accueillir, Olivier Falorni répond franchement : il ne sait pas à quoi s’attendre. Il semble que l’ouverture de la seconde cour et la reprise en main générale suscitent une certaine tension chez les détenus et la présence des ERIS – brigades spéciales de type GIGN dédiées au pénitentiaire – vient renforcer l’impression générale. Rien n’est simple dans l’univers carcéral. Mais après plusieurs minutes d’attente, les portes s’ouvrent enfin. Arrivé dans la cour de l’établissement, la satisfaction se lit sur le visage du député : les fameux draps ont totalement disparu, et le personnel pénitentiaire peut donc remplir sa mission comme il se doit. Selon ses propres termes, « l’ordre républicain est enfin rétabli ». Car pour Olivier Falorni, la simple présence de morceaux de tissu entretenait « l’idée d’une forme de privatisation contraire à la notion même d’établissement public ».
« L’ordre républicain est enfin rétabli«
– Olivier Falorni –
Un aménagement digne
Le chantier de travaux aura duré dix-huit mois mais le résultat est là et « on revient de loin » précise le député. Outre un nouveau gymnase doté d’une salle multisports et d’une salle de musculation, les deux cours ont été aménagées de manière fonctionnelle autant pour les détenus que pour le personnel de surveillance. A chacune de leurs extrémités, deux préaux bénéficient de tables et de tabourets de béton scellés, les cours sont équipées de paniers et filets favorisant les activités sportives. D’autres tables sont réparties en extérieurs et la seconde cour bénéficie d’un terrain de pétanque.
Malgré tout, les deux cours sont séparées en leur centre par une longue grille et le poste de surveillance qui vient en avancée. Une sectorisation maintenue pour permettre le retour à la promenade de certains détenus qui refusaient de sortir pour ne pas être mélangés à d’autres. Tout cela avec un objectif clair : assurer le fonctionnement de la prison de la manière la plus apaisée et la plus rigoureuse possible. Une troisième phase de travaux est prévue : elle consistera à ouvrir les cours sur des espaces sportifs d’extérieur. Autant de leviers pour mener une politique du sport souhaitée par la directrice Sylvie Manaud.
Un personnel rassuré
Débarrassé des casinos « dans lesquels certains surveillants ne pouvaient pas même entrer », débarrassé des draps qui ne leur permettaient de surveiller « que des pieds », et doté d’un poste de surveillance extérieure à la pointe de la technologie, le personnel pénitentiaire travaille évidemment de manière plus sereine sans l’existence de ces zones de non droit qui ne faisaient qu’aggraver le malaise. L’ancien local de la cour était « une guérite hors d’âge » selon Olivier Falorni, qui s’est battu avec détermination pour obtenir le budget nécessaire : trois millions d’euros. Une somme conséquente mais « trois millions d’euros en trente ans, peut-on dire que c’est beaucoup ?! », souligne le député, précisant que sa visite est aussi une occasion de renouveler son soutien au personnel pénitentiaire, comme il l’avait déjà fait en janvier dernier lors des journées de mobilisation.
Cette quatrième visite aura donc été pour le député Olivier Falorni un vrai satisfecit, illustré par la disparition tant attendue des lieux de privatisation (élément essentiel de reprise en main), et des conditions plus favorables aux détenus fragilisés face aux détenus radicalisés, un « enjeu majeur » pour Olivier Falorni qui n’en reste pas moins lucide : « maintenant, il faut faire vivre tout cela » conclut-il. Alors à quand sa prochaine visite ?
Pauline Leriche Rouard
Sylvie Manaud : « c’est le début d’une nouvelle phase »
Pour la directrice de la prison, nul doute que les détenus sont conscients des améliorations. Mais la gestion des longues peines est une affaire compliquée. Tout le monde le sait, l’oisiveté est mère de tous les vices. Occuper les détenus est donc la manière la plus appropriée d’éviter les situations à risque. Pour autant, les habitudes étant le seul point d’ancrage, chaque changement doit être préparé avec soin. Sylvie Manaud l’affirme : « l’institutionnalisation des casinos devait être stoppée. Il s’agissait d’une confiscation des lieux alors que la direction pénitentiaire doit fonctionner pour tous ». Les aménagements effectués s’inscrivent dans une autre politique de gestion et de suivi et ouvrent la voie à une nouvelle phase. C’est une réassurance et l’opportunité de trouver un meilleur équilibre. « L’Etat s’est réapproprié la totalité de cette prison et c’est une bonne chose » conclut la directrice, remerciée par Olivier Falorni pour « avoir tenu les engagements et fait appliquer la décision du Ministère ».
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