Premières actions en faveur du logement des saisonniers dès 2022 ?
Devoirs de vacances dès ce 16 août pour le cabinet MDP Consulting, mandaté par la CdC et les communes de l’île de Ré pour enquêter sur le terrain, en ligne et par téléphone, afin d’établir une radioscopie des salariés saisonniers et envisager des solutions à court et plus long terme pour les loger sur l’île de Ré
Vieux serpent de mer sur notre île comme dans bon nombre de stations touristiques du littoral, le logement des travailleurs saisonniers constitue un vrai casse-tête, qui se pose avec d’autant plus d’acuité dans un contexte de pénurie de main d’oeuvre saisonnière. Et plus on va au Nord de l’île, plus le problème s’accentue.
Entre les étudiants, qui pour un grand nombre n’ont pas souhaité cette année se lancer dans un été laborieux, après des mois de confinement et de couvre-feu, les reconversions vers des métiers aux horaires plus compatibles avec une vie de famille… ou tout simplement plus équilibrés, sans oublier les quelques abus passés sur certaines conditions d’emploi saisonnier… nombre de professionnels n’ont pu cet été travailler à la hauteur du potentiel de leur structure, faute de suffisamment de bras. A tous ces facteurs se surajoute le problème récurrent du logement pour la saison, loin d’être simple à résoudre.
Des pistes écartées, d’autres envisagées
Ces dernières années, la piste d’un partenariat avec le campus du CFA de Lagord – dont les chambres occupées par les apprentis se libèrent en été – a été creusée, sans succès : trop éloigné, trop de concurrence, trop onéreux. Si les 50 places du futur internat du collège des Salières (ouverture à la rentrée 2022/2023) pourraient être dédiées l’été à un logement temporaire, ce serait plus pour des classes vertes ou activités pédagogiques d’été, en cohérence avec sa vocation « Education nationale ».
Concernant des projets publics, on le sait, trouver du foncier sur l’île de Ré est compliqué et cher, les élus ont jusqu’à maintenant privilégié les logements permanents à loyers modérés et au vu de la liste d’attente des demandeurs de tels logements, il leur paraît difficile d’envisager de dédier un programme entier de logements à des saisonniers.
Si environ un tiers des professionnels du tourisme (hôtellerie de plein air, grosses structures…) proposent directement une solution d’hébergement à leurs salariés saisonniers, d’autres pistes doivent être envisagées pour les deux tiers restants.
« Il nous faut ouvrir du foncier à destination du logement saisonnier, sachant que les salariés saisonniers acceptent de moins en moins les petits logements de dépannage, mobil home… et que la plupart de nos campings publics sont passés sous gestion privée. Il est donc plus difficile d’y négocier une politique tarifaire adaptée aux saisonniers. Il nous faut envisager la mixité dans les futurs programmes de logement à loyer maîtrisé, ainsi que du logement en préfabriqué mobile et temporaire, démontable, sur des terrains spécifiques situés en espaces remarquables (mais pas en site classé), évidemment non inondables. La première approche auprès de l’Etat montre que ses services n’y sont guère favorables, il va falloir négocier avec eux. Nous envisageons aussi de nouer des partenariats privé/public afin d’accompagner des entreprises dans la mise en oeuvre des solutions qu’elles proposent », explique Lionel Quillet.
Le président de la CdC semble moins convaincu par les actions lancées sur d’autres territoires touristiques, comme par exemple celle menée à Oléron visant à encourager les particuliers à mettre à disposition des saisonniers un espace, du fait de « la montée en puissance voire l’explosion des locations touristiques de type Airbnb » bien plus rentables…
L’épée de Damoclès de la suspension du classement touristique
Au-delà d’une volonté territoriale d’avancer sur ce sujet majeur, les territoires sont contraints par la Loi Montagne 2 publiée le 29 décembr e 2016, qui, malgré son nom, s’applique aussi au littoral et porte obligation pour les communes ou EPCI «touristiques» de conclure avec l’État une convention pour le logement des travailleurs saisonniers. La loi ELAN de 2018 en reprécise les modalités.
S’il s’agit d’abord d’une obligation de moyens, ces lois contraignent les collectivités territoriales à se mettre en capacité de trouver des solutions et de s’orienter vers des actions fortes. A défaut, le Préfet peut, par arrêté, suspendre, jusqu’à la signature de la convention, la reconnaissance de commune ou de groupement touristique. Or le label de «station classée de tourisme» permet de bénéficier du surclassement démographique et, sous certaines conditions, de la perception d’une taxe additionnelle aux droits de mutation. Une vraie épée de Damoclès au vu des montants en jeu.
Etude terrain à l’été 2021, premières actions en 2022
Une première étude menée en 2019 par le Département est parue trop globalisée ou « macro-territorial », ne descendant pas assez finement sur chaque territoire. Une approche « île de Ré » est nécessaire pour l’étude des besoins. Afin de mutualiser les efforts de chacun – la problématique du logement saisonnier étant partagée par toutes les municipalités de l’île -, une nouvelle étude, pilotée par la CdC, va être menée sur l’ensemble du territoire. Menée dans le cadre d’un groupement de commande, son financement sera réparti équitablement entre les 10 communes et la CdC.
À partir de ce 16 août, une vaste étude sur le logement saisonnier de l’île de Ré débute, qui viendra compléter les résultats de l’étude départementale ainsi que les informations récoltées lors des forums de recrutement des saisonniers organisés chaque année par la CdC. Pilotée par la Communauté de Communes en lien avec les dix communes et réalisée par un cabinet spécialisé, qui a été difficile à trouver pour un travail en pleine saison, cette étude se déroulera en deux phases.
La première consiste en une étude de besoins. Pour cela, des démarches sur le terrain, mais aussi un questionnaire en ligne à l’attention des employeurs et salariés permettront d’évaluer le nombre de travailleurs saisonniers, leur répartition géographique, les solutions d’hébergement existantes, etc.
Depuis ce 16 août, ce questionnaire est disponible en ligne sur le site Internet de la Communauté de Communes et adressé directement aux employeurs. Il est aussi accessible depuis un QR code situé sur les affiches distribuées dans l’ensemble du territoire. Une enquête téléphonique, à destination des employeurs et potentiels hébergeurs, visera également à mieux appréhender les possibilités d’hébergement sur l’île de Ré.
La deuxième phase de l’étude consistera à faire la synthèse des résultats obtenus qui devrait être présentée au mois de novembre 2021 et à élaborer des solutions concrètes à court, moyen et long termes pour faciliter le logement des travailleurs saisonniers. Certaines pourraient être mises en place dès l’été prochain. Une convention pour le logement des travailleurs saisonniers devrait être signée avec l’État en 2022.
Etat des lieux
- Une étude de 2019 (du cabinet Altereo commandée par le Département) indique qu’on peut estimer le nombre de travailleurs saisonniers sur l’île de Ré à 1 390, se répartissant ainsi : Saint-Martin 346, La Flotte 221, Ars 184, Le Bois- Plage 181, Sainte-Marie 126, Saint-Clément 83, Les Portes 79, Rivedoux 73, La Couarde 62, Loix 35.
- Plus de 500 établissements employant des travailleurs saisonniers ont été recensés : plus de 100 à Saint Martin, 80 à La Flotte, 50 au Bois-Plage et Ars, 40 à La Couarde, Sainte-Marie, Rivedoux et aux Portes, 30 à Saint-Clément et 20 à Loix.
- Les principaux employeurs des saisonniers sont les campings et villages-vacances, les restaurants, la grande et moyenne distribution, les hôtels et les administrations et collectivités locales.
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