- Patrimoine
- Souvenirs et attachement
Pour ce n° 100, les 10 maires nous ont confié les raisons de leur attachement à l’île de Ré
Ils ont tous accepté de livrer un peu d’eux-mêmes, à travers des mots et des photos souvenirs, pour notre plus grand plaisir et celui de nos lecteurs. Ré à la Hune les remercie chaleureusement de leur complicité et leur confiance.
Jean-Louis Olivier, maire d’Ars-en-Ré
L’Île de Ré c’est tout d’abord la terre qui nous a accueillis, mon épouse et notre fille de six mois, en 1967 à Ars-en-Ré que nous ne devions plus quitter.
C’est aussi l’arrivée par le bac à la pointe de Sablanceaux, la découverte des communes du sud de l’île avec ses champs et ses vignes me rappelant la petite commune rurale du sud du département que je venais de quitter. Puis la découverte du village d’Ars-en-Ré dominé par son clocher blanc et noir, après avoir traversé le Martray là où la mer semble vouloir se rejoindre, avec la découverte des marais à perte de vue.
Durant toutes ces années, j’ai eu le temps d’apprécier un environnement exceptionnel avec le Fier d’Ars qui semble n’en plus finir, les couchers de soleil sur la mer, du Jard à la Grange. Quant à l’horizon, il disparaît dans la mer nous offrant multiples couleurs.
Ce mélange d’odeurs de mer et de terre qui m’est si cher et si présent, celui qui réunit les hommes pour conserver l’authenticité de notre île au rythme des marées et des périodes touristiques.
C’est pour moi la contemplation d’une île que j’aime en lui rendant hommage, par la fonction que l’on m’a confiée.
Jean-Pierre Gaillard, maire du Bois-Plage-en-Ré
Vous vivez dans l’île de Ré ? Quel bonheur… » s’exclament spontanément, avec un air envieux et gourmand, celles et ceux qui nous rencontrent et qui, pour la plupart, ne perçoivent pourtant notre île qu’à travers d’éphémères découvertes ! C’est vrai, nous sommes privilégiés, la douceur sans égal que nous offre notre exceptionnel environnement constituant peut-être, avec notre histoire commune, les éléments les plus déterminants de ce ressenti.
Mais surtout que de force se rattache à notre insularité, nous en sommes fiers, peut-être jaloux, c’est bien légitime… sans occulter bien sûr le tempérament à la fois trempé et attachant de celles et ceux qui peuplent et ont fait l’île de Ré depuis toujours.
Notre île, c’est une véritable vie de famille permanente, entre parents, entre villages, entre tous, avec ses moments partagés de réjouissance et de souvenir, ses festivités fortement ancrées, et aussi avec ses échanges parfois vifs qui en font sa saveur et son caractère !
Nous aimons profondément notre île, c’est une évidence, nous y vivons intensément, les actifs comme tous les autres… et si nous contestons parfois, nous nous battons toujours pour défendre ce qui nous paraît juste et ce à quoi nous sommes attachés : la préservation de notre vie insulaire et de tout ce qu’elle représente en nous !
Car notre île a une âme… nous le ressentons tous fortement, nous croyons pleinement en elle et cela donne du sens à tous les instants de notre vie !
Patrick Rayton, maire de La Couarde-sur-Mer
C’est d’une telle évidence ! C’est là et pas ailleurs que j’ai toujours souhaité vivre.
Mes racines, mes amitiés, les paysages dont j’ai besoin sont là : les marais salants où gamin j’ai passé des jours et des jours au côté d’André mon grand-père maternel et où je retrouve aujourd’hui mon père quand mes activités me le permettent, les vignes autour de La Couarde où j’accompagnais ma mère et mon oncle. Aux Portes, j’allais régulièrement à l’écluse pêcher la nuit venue avec Louis mon grand-père paternel et je retrouvais toujours avec beaucoup de plaisir les Portingalais qui disaient « ol’est l’fils à Paul »…
Ces moments et ces images partagés depuis toutes ces années avec mes aînés, je les partage aujourd’hui avec mes enfants et bientôt je l’espère avec mon petit-fils.
L’île de Ré est en effet pour moi une terre de partage : partage de passions, de tranches de vie, d’amitiés mais aussi de paysages, d’odeurs comme celles de notre beau mois de septembre. Cette île, elle se mérite. Nous devons la respecter sans jamais oublier qu’elle a été façonnée par l’homme qui oeuvre toujours inlassablement à la préservation de ces harmonies paysagères et architecturales sans pareil.
La vie professionnelle peut nous éloigner de ce territoire mais nos racines, notre attachement à notre île nous ramène toujours sur cette terre bordée par l’océan. C’est inéluctable !
Léon Gendre, maire de La Flotte
Ma première image de l’île de Ré, demeurée vivante dans ma mémoire, remonte à 1941. J’avais 4 ans et ma famille venait de quitter le quartier de l’actuelle rue de l’Église, où je suis né le 28 janvier 1937, pour emménager au 2 rue de la République, vaste propriété édifiée en pleine période de prospérité viticole vers 1880.
J’ai tout de suite aimé ma commune de Sainte Marie, cet ensemble harmonieux constitué d’immeubles tous différents, mais dont l’importance était subordonnée à la surface des exploitations agricoles. Certaines de ces propriétés comportaient des bâtiments annexes, écuries, remises, cours d’agrément, ainsi que des jardins entourés de murs de moellons.
Au-delà du bourg, vignes et champs soigneusement entretenus s’étendaient jusqu’au massif boisé de La Flotte. Cette terre se prolongeait au Sud par un estran doté de nombreuses écluses. Ce n’est qu’à la fi n de la guerre, dès le 9 mai 1945, au départ des troupes allemandes, alors que nous pouvions circuler plus librement, que j’ai découvert l’ensemble de l’île. J’ai été frappé par les différences entre chacune des 10 communes et tout particulièrement par l’activité des 3 ports de Saint-Martin, La Flotte et Ars : la vie n’y était pas exclusivement rurale comme dans les autres villages.
Enfin, le monde des marais salants, ce territoire de 1200 hectares à mi-chemin entre la terre et la mer, composé de bosses et de champs de récolte de sel aux formes géométriques parfaites en forme de damier, comme tirées au cordeau, fut pour moi une autre découverte.
C’est cet ensemble tellement varié, qui allie beauté des paysages et douceur de vie, qui fait encore aujourd’hui de notre île une exception en Atlantique. Rien d’étonnant à ce que je me consacre depuis maintenant 50 ans à la protection de cet environnement, pour que demain les enfants découvrent, comme ce fut mon cas il y a 70 ans, notre patrimoine commun, une île harmonieusement équilibrée entre villages et zones naturelles cultivées ou boisées, mais toutes fort bien entretenues.
Lionel Quillet, maire de Loix
Parfois les photos en disent plus long que les mots !
Michel Auclair, maire des Portes-en-Ré
Mon attachement à la commune des Portes-en-Ré remonte à plus de soixante ans. Nous venions, avec mes parents, passer toutes les vacances aux Portes dans une rue pleine de poésie « Le Bout du Monde » et très rapidement nous nous installions près d’un hangar à bateau que mon père avait fait construire en 1933 sur un terrain à La Loge. Terrain qui devint quelques années plus tard un petit camping familial.
Ma nomination à La Rochelle, comme professeur d’EPS, m’a permis de créer une école de voile d’optimiste au début des années 1970 et de connaître alors un grand nombre de jeunes adolescents avides de découvrir les plaisirs de la navigation sur le plan d’eau sécurisant de La Loge.
Les Portes c’est mon enfance, mon adolescence et ma vie de famille pendant les vacances et depuis 2008, une retraite heureuse. Entouré d’amis je me suis investi dans un certain nombre d’associations portingalaises où j’ai trouvé beaucoup de chaleur. C’est pourquoi je suis fi er de pouvoir servir ce village situé tout au bout de l’île, au bout du monde.
Patrice Raffarin, maire de Rivedoux-Plage
« On allait au bord de la mer
Avec mon père, ma soeur, ma mère… » Michel Jonasz
Je me souviens encore quand je partais à la mer avec mes parents, mon frère et ma soeur, j’y pensais toute l’année. L’anticipation qui revenait au fur et à mesure que les vacances se rapprochaient.
Cette sensation de trépigner de l’intérieur. Les vacances à la mer, dans mon endroit préféré au monde, Rivedoux-Plage, le meilleur moment de l’année pour moi !
Je me souviens de l’excitation d’avant le départ, quand on préparait les bagages et quand on chargeait la Renault 10. Cette excitation qui grandissait au fur et à mesure que nous nous rapprochions de La Rochelle. Nous rations souvent le dernier bac mais l’essentiel était d’être les premiers dès le lendemain matin, à la première heure.
Après une nuit à cinq dans la voiture, nous embarquions…
Immédiatement me reviennent l’odeur des embruns, le bruit des vagues parfois mousseuses et tourmentées, les parties de cache-cache dans le bac et l’iode qui envahissait nos narines et nous fortifiait, à coup sûr.
C’était à qui poserait le premier pas à Sablanceaux, le sol tant convoité, enfin retrouvé.
Après quelques minutes de voiture, nous arrivions sur notre terrain, dans la pinède.
Ces couleurs, ces parfums, ces sons, quand on arrive dans les pins.
Rentrer dans cette pinède le coeur bondissant dans la poitrine, enfin, enfin, enfin ! En avoir mal aux joues de tant sourire et avoir presque les larmes aux yeux d’émotion et de bonheur. Regarder partout, essayer de reconnaître les voitures. Qui va être là cette année ?
J’étais enfant à une époque où on jouait vraiment dehors avec des copains qu’on retrouvait chaque année, auxquels s’ajoutaient parfois des nouveaux «de passage». On arpentait la plage, les dunes et les rues, on grimpait dans les blockhaus, vestiges d’une guerre dont nous ne comprenions pas encore tout. On s’amusait sans s’ennuyer et sans écrans interposés.
Les matins, il fallait nous voir partir tous les cinq, épuisette sur l’épaule… c’était à celui qui pêcherait le plus de crevettes et de mini crabes ou qui ramènerait un poisson inconnu. On rentrait et Maman préparait aussitôt les marmites d’eau dans lesquelles elle plongeait des herbes et aromates tandis que papa ouvrait quelques huîtres sauvages et c’était la régalade !
Je me rappelle nos cinq épuisettes, rincées de l’eau de mer, alignées à la Dalton et séchant contre le grillage.
Ha ! Il m’a vu grandir ce village, Rivedoux-Plage !
Gilles Duval, maire de Saint-Clément-des-Baleines
Originaire de la région parisienne, je ne connaissais pas l’île de Ré jusqu’au jour où je fus invité par des amis à une partie de pêche au bouquet qui reste gravée dans ma mémoire. La mer a toujours exercé sur moi une très forte fascination et la pêche au bouquet est une de mes passions. Ce premier contact avec l’île de Ré fût décisif. Je tombais tout de suite sous son charme et sous le charme du village où j’avais été invité : Saint-Clément-des-Baleines.
Durant quinze années j’ai loué une maison dans ce village le temps des vacances faisant partager à ma famille cette passion pour l’île de Ré qui allait grandissant. Au fil de ces années, je commençais à tisser un réseau d’amitié avec de nombreux rhétais.
Quand l’heure de la retraite sonna, ce fut ma femme elle-même qui me proposa de venir nous installer dans ce lieu idyllique où chacun de nos séjours fût une parenthèse de calme et de repos par rapport à notre vie trépidante de la région parisienne entourés d’un important réseau d’amis.
Cette installation se passa sans encombre et depuis je ne compte plus les parties de pêche au bouquet qui sont pour moi des instants de pur bonheur.
Je ne pensais pas alors que ma vie prendrait un autre tournant qui m’amena aux commandes de la commune de Saint-Clément-des-Baleines.
Patrice Déchelette, maire de Saint-Martin-de-Ré
Mon attachement à Saint-Martin
Saint-Martin c’est la ville de mon enfance, des vacances avec mes grands parents maternels rue des Gabaret, que je n’ai jamais quittée. C’est un port où j’ai usé mes fonds de culotte, pêché l’éperlan à la dandinette ou au carrelet sur le grand môle. J’ai appris à godiller et à naviguer sur le bassin à fl ot, à l’époque de la crêperie sur le bateau le « Doux Zéphyr ». Ce port, je l’ai rentré à la voile les jours de régates de dériveurs organisées par le Yacht Club dans les années 60. Puis-je parler également des parties de Bowling au Bastion ou des visites au Musée lorsque celui-ci était à la place de la poste actuelle alors que mon grand-père en était le trésorier. Bref, c’est le lieu de mes plus beaux souvenirs de jeunesse empreints de liberté, de rêves, d’insouciance, de lumières sans cesse renouvelés. Nostalgie, quand tu nous tiens… Saint-Martin vivait à un autre rythme. J’ai connu dix épiceries, chacune d’elle ayant sa spécialité et de nombreux commerces comme celui de Monsieur Pierre Sallé, rue Baron de Chantal, pompier bénévole et artifi cier le soir des 14 juillet, à la fois horloger, bijoutier, armurier, réparateur de cycles et solex…
Trente deux ans de vie professionnelle au collège et maintenant une retraite occupée à administrer, grâce à la volonté des Martinais, un site patrimonial exceptionnel où il fait bon vivre. Mes enfants aiment l’île comme moi, ils y ont eux aussi leurs souvenirs de jeunesse et d’adolescence avec les premiers jobs d’été. J’espère pouvoir faire partager cette passion à mes petites fi lles déjà très attirées par les manèges de la Barbette et les ânes de Régis Léau. La relève est assurée pour l’avenir de notre famille à Saint-Martin.
Gisèle Vergnon, maire de Sainte-Marie-de-Ré
L’île c’est tout d’abord la mer, la mer depuis le bateau de mon père, pendant les vacances d’été, avec mes soeurs… Nous quittions à quatre ou cinq petits voiliers le port d’attache de Fouras pour faire du cabotage entre les îles (maman restait à quai n’appréciant que moyennement la voile). Escales à La Flotte, Saint -Martin, Ars. Des souvenirs avant tout de moments joyeux avec la musique à tue-tête de Jean Jacques Goldmann « rock collection ». Soirées animées dans le port de La Flotte et l’idée saugrenue ce soir là d’ôter les quelques panneaux routiers autour du port… L’arrivée au port de Saint-Martin bondé où il faut trouver une place pour la nuit et passer de bateau en bateau pour tenter de mettre pied à terre. Puis le sac de noeuds le lendemain entre les bouts d’amarrage des voiliers : tenter de partir tout en remettant tant bien que mal les autres bateaux à couples. Fou rire bien sûr, mais aussi parfois tension et voileux grincheux…
Arrivée inoubliable à marée basse devant le Fier d’Ars, une image du bout du monde avec de petites îles de sable habitées seulement par les oiseaux. Nos bateaux échoués attendant sagement la marée et l’impression d’être pour un court moment les robinsons du Fier.
C’était dans les années 70, j’ai retrouvé il y a peu un de mes amis nostalgiques aussi.
Il n’y a pas de hasard, ce sont sans doute ces souvenirs qui ont participé à mon choix de vie à Sainte-Marie depuis 1980.
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