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Port de Saint-Martin : les grandes manœuvres
C’est tombé un dimanche mais c’est comme ça. Le 9 octobre, toutes les conditions étaient réunies pour la mise en place du nouveau brise-lame à l’entrée du port de Saint-Martin.
On imagine facilement la déception des plaisanciers maintenus à quai par une météo aussi radieuse, mais impossible évidemment de manœuvrer une structure de 2 000 tonnes avec des bateaux dans tous les sens. Par un Avis Urgent à la Navigation, l’écluse du bassin d’échouage est restée close toute la journée et le bassin à flots était fermé après-midi et soirée.
Ce qui n’empêcha pas quelques obstinés (non informés ?) de vouloir franchir les bouées installées pour balisage, obligeant la navette de la SNSM-Ile de Ré à se poster en faction. L’appel du large a la vie dure mais le spectacle se contemplait de la terre ferme.
Des équipes de Vinci Constructions à la presse en passant par les élus et de nombreux promeneurs curieux, tout le monde était (c’est le cas de le dire) sur le pont, pour suivre des manœuvres délicates soumises au rythme de la marée.
Mensurations hors normes
A environ 1 mile du port, deux navires remorqueurs encadrent l’impressionnante structure de béton dont la forme oblongue rappelle celle de Fort Boyard avec ses extrémités arrondies. Mensurations : soixante-treize mètres de long, neuf mètres de large et huit de haut, pour un poids total de 2000 tonnes. A vide. Car creuse à l’intérieur, elle devra ensuite être remplie, dans un premier temps d’eau de mer, pour atteindre le poids de forme de cinq mille tonnes qui garantira sa stabilité.
Marée haute, marée basse
Pour l’heure, il s’agit d’arrimer le brise-lame à deux énormes pieux d’acier plantés sur cinq mètres de profondeur, sur lesquels il pourra ensuite coulisser à marée descendante pour aller se poser sur le fond marin à l’endroit voulu.
Du Zodiac qui nous a menés presque au pied de la structure, nous pouvons constater la difficulté de la manœuvre. Déjà arrimé d’un côté, le brise-lame avance lentement vers le second pieu avant de reculer. Encore montante, la marée donne du fil à retordre aux équipes à la manœuvre et l’arrimage au second pilier devra finalement être reporté à un peu plus tard.
Pour les équipes de Vinci Constructions, la journée, commencée à trois heures du matin par le départ de La Rochelle, est loin d’être terminée.
Coulisses d’un chantier
Venant en remplacement de l’ancien qui a rendu l’âme il y a déjà quelques années, le nouveau brise-lame est le temps fort du chantier de protection du port de Saint-Martin ayant pour maître d’œuvre le Département de Charente-Maritime pour un budget global de plus de cinq millions d’euros. Aux manettes la société Demathieu Bard (Génie Civil) et un Mandataire, Vinci Constructions Maritime et Fluvial, les deux travaillant bien sûr en collaboration.
« Nous avons répondu à l’appel d’offres l’année dernière et reçu la notification début 2022. Le chantier s’est installé en avril et la fin est prévue avant Noël », raconte Marc Boussogne, Directeur Grand Ouest de Vinci Constructions Maritime et Fluvial, précisant qu’une demande pour un tel ouvrage est « peu fréquente ». « C’est un chantier un peu exceptionnel et les équipes sont heureuses d’avoir pu travailler ici et sur un tel site », souligne-t-il.
Construite à La Rochelle, la structure tout d’abord remplie d’eau de mer le sera ensuite par les gravats de l’ancien brise-lame et les matériaux issus du déroctage pour ouvrir le nouveau chenal (28 mètres). Environ 2000 m3 « exclusivement constitués de sable et de calcaire. Béton et ferraille seront évacués » poursuit Marc Boussogne, précisant qu’il faudra environ trois semaines pour les transborder et remplir la structure qui sera ensuite fermée par une dalle de béton venant en couvercle.
Plus habituels pour Vinci Constructions, les deux brise-clapot qui seront également mis en place à l’entrée du port. « Ils sont prêts et attendent au port de La Rochelle », précise-t-il. Ajoutons à tout cela que le nouveau brise-lame est constitué d’un béton particulièrement dense et que sa couleur (sable) a été exigé par les ABF.
Brise-lame ou pas, on ne fait n’importe quoi du côté des fortifications Vauban.
Reste que les manœuvres de ce dimanche ont été rendues plus agréables par un temps magnifique. « Il était nécessaire de combiner les coefficients de marée, la houle et le vent », nous a précisé Marc Boussogne. « Toutes les planètes étaient alignées » exprime autrement Véronique Richez-Lerouge. Des planètes alignées « depuis le début sur un chantier qui s’est très bien passé », se réjouit la Conseillère départementale et Présidente du Conseil portuaire.
Le seul bémol viendra peut-être du Maire de Saint-Martin Patrice Déchelette, regrettant que cinq millions d’euros soient ici dépensés quand neuf cent mille seulement seront dédiés à la protection des populations dans le PAPI.
La durée de ce nouveau brise-lame (puisqu’il en faut juridiquement une) est de cent ans. Les tempêtes n’ont qu’à bien se tenir…
A l’écart, les gravats de l’ancien brise-lames serviront à remplir le nouveau
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