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PLUI : Harmonisation et mutualisation ne signifient pas uniformisation
Lionel Quillet, Président de la CdC est intervenu, le 19 avril, à Saint-Clément des Baleines, à l’invitation de l’AVSCB (Association pour la Valorisation de Saint-Clément-des-Baleines), pour une première réunion publique d’information sur le PLUI de l’île de Ré.
Le thème a suscité un vif intérêt parmi les membres de l’association et les Villageois, la salle du village vacances le Phare/ODESIA étant comble. Gilles Duval, le maire de Saint-Clément, était présent à la réunion.
Le Président a rappelé le contexte de la décision de la CdC de travailler à l’élaboration d’un PLUI (Plan local d’urbanisme intercommunal). Le SCOT (Schéma de Cohérence Territoriale) de l’île de Ré a été annulé par le Tribunal administratif de Poitiers, en juillet 2015, suite au recours déposé par quelques associations de défense de l’île de Ré… annulé « pour seul vice de forme », tient à rappeler l’élu. « Le SCOT était un accord sur un cadre et les communes, dans leurs POS (Plan d’occupation des sols), faisaient ce qu’elles voulaient dans ce cadre » précise-t-il. (Pour plus d’informations sur cette décision de justice, on se reportera utilement à l’interview de Lionel Quillet dans Ré à la Hune du 18 août 2015 et sur realahune.fr).
Dès lors, l’alternative était d’élaborer un nouveau SCOT « lequel serait vraisemblablement encore attaqué » ou de plancher pour un PLUI avant la fin 2015, ce qui permettait de maintenir les POS communaux jusqu’à l’entrée en vigueur du PLUI. « Le PLUI prévoit une harmonisation générale, en matière d’urbanisme, mais il peut y avoir des spécificités propres aux communes. Dans le PLUI, comme dans d’autres champs (digues, déchets, tourisme…), il y a forcément perte de compétences pour les communes en même temps qu’il y a gain au niveau de l’intercommunalité. Le choix a été fait, en 2008, d’une CdC île de Ré forte avec beaucoup de compétences et les spécificités laissées au niveau des dix communes : harmonisation et mutualisation ne signifient pas uniformisation des villages ».
Les objectifs du PLUI
Ils sont de maintenir et de développer la vie permanente. L’île de Ré compte 18 000 résidents permanents « grâce au pont » ; il n’y en avait que 13 000 avant ! Favoriser le développement économique sur le territoire participe à cet objectif. Le tourisme est un richesse. Pour une population de 18 000 habitants, le budget moyen d’une collectivité est de l’ordre de 20 à 25 millions d’euros ; à l’île de Ré, grâce aux touristes, il est de 70 millions d’euros. Un autre objectif est de répondre aux enjeux d’un aménagement durable de l’île de Ré. Dans la Loi NOTRe, les vallées de montagne et les îles ont la possibilité de garder une gestion en propre, quel que soit le nombre d’habitants permanents ; l’exception insulaire a été reconnue. C’était très important pour l’île plutôt que de devoir rejoindre la CdA de La Rochelle. « Il faut arriver, à 20 000 permanents sur l’Ile », martèle, néanmoins, le Président Quillet depuis deux ans.
Lionel Quillet a ensuite présenté les modalités de mise en place du PLUI, les instances et leurs rôles. A noter que des réunions de travail thématiques sont prévues, à partir de septembre 2016, dans lesquelles pourront intervenir les associations et, même, des personnalités expertes dans la thématique.
Le président prévient : « le PLUI sera peut-être attaqué ; s’il tombe, ce sera grave de conséquences pour l’île de Ré… beaucoup plus que le SCOT où les communes conservaient leurs POS. Là, les POS n’existent plus car ils sont intégrés au PLUI. Si le PLUI tombe ou s’il n’est pas validé, c’est la loi générale qui s’appliquera, donc la Loi ALUR qui vise à favoriser le bâti ».
En quoi le PLUI intéresse-t-il Saint-Clément des Baleines ?
La commune est concernée par plusieurs axes du PLUI :
– La défense des côtes. L’île de Ré est le premier projet d’ingénierie civile en France. Le choix de la CdC a été de prendre la responsabilité des digues. En Charente-Maritime, c’est le département qui a la maîtrise d’ouvrages et qui finance. L’Etat n’aura aucune responsabilité alors que 40 milliards de travaux sont engagés.
– Le réaménagement du Site du Phare. Pour rappel, le projet porte sur le cinquième du territoire de la commune de Saint-Clément des Baleines. Il a pris 18 ans d’études ! Il est maintenant validé par la Commission des Sites, le Département et les associations de protection de l’environnement.
– Les pistes cyclables, création, aménagement et entretien.
– Les transports par bus. 5 fois plus de bus circulent à l’île de Ré que dans d’autres zones rurales.
– Les logements à loyer maîtrisé. En réponse à une question de l’auditoire, Lionel Quillet a précisé que le PPRL est un document de sécurité, qui se situe au-dessus du PLUI. Le challenge, en 2016, est de négocier le PPRL tout en sauvegardant les intérêts du PLUI. Par exemple, le projet du Moulin Rouge qui n’a pas eu d’eau lors de Xynthia sera défendu.
« L’évolution du littoral rétais, au fil des siècles »
Jacques Boucard, historien de l’île de Ré et co-auteur de “Histoire de l’île de Ré” avait été convié à intervenir en introduction, sur le thème de l’évolution du littoral rétais, au fil des siècles.
Au début de l’époque historique jusqu’au Moyen-Age, la zone élargie à la Vendée, appelée Golfe des Pictons, était constituée de nombreuses îles et échancrures que les alluvions combleront à la faveur des courants, rapporte Jacques Boucard. Il en va ainsi de la zone Nord de l’île de Ré, par exemple, où le passage entre l’île des Portes et la Pointe des Baleines sera effectivement comblé vers le XIè siècle. L’épaisseur de bri y est approximativement de 7 à 8 mètres, ce qui favorisera l’aménagement des premiers marais salants, au XIIè siècle, dans cette zone qui est celle du Gillieux.
On remarque qu’au moment de Xynthia, les zones submergées sont celles qui ont été gagnées sur la mer, à l’exception de La Couarde où le cordon dunaire les a protégées.
Le problème de l’érosion de la dune, à la Conche des Baleines : trop de prélèvements de sable en mer
« La dune est vivante, contrairement à la falaise », poursuit Jacques Boucard : « le sable s’accumule sur la plage et il est transporté par le vent. Lors de tempêtes érosives, la mer emporte le sable qu’elle rapporte, le plus souvent, les saisons suivantes. Ceci est vrai, à la double condition qu’il n’y ait pas d’obstacles pour gêner la reconstitution et que le stock de sable, en mer, ne s’amenuise pas. On considère que, depuis la dernière guerre, la dune a reculé de 20 à 25 mètres et d’autant, lors des tempêtes de 2014. La dune devrait se reconstituer mais la présence de blockhaus, sur la plage empêche le sable de se stabiliser. De plus, il existe un énorme banc de sable, entre Ré et Oléron, qui est très largement exploité, tant par la drague de La Rochelle que par deux dragues venues de Lorient. Ce prélèvement, indéniablement trop élevé, contribue à l’érosion de la Conche des Baleines, phénomène imparable si on ne réagit pas. La Charente apporte aussi moins de sable car, là encore, des prélèvements sont réalisés pour la construction ». Les autorisations de dragage sont données par les préfectures et Gilles Duval, le Maire de Saint Clément, dit s’être opposé au renouvellement de celles-ci lorsqu’il a été consulté ; en vain, puisque le renouvellement a été donné.
Il faut recréer les conditions naturelles qui concourent au réensablement
Jacques Boucard, évoquant les moyens de protection de la dune et de lutte contre l’érosion, a cité les épis qui fonctionnent, le plus souvent bien, selon lui, comme les écluses à poissons. Il a fait également allusion à la digue-jetée qui existait au XIXè siècle, pour la construction du Phare des Baleineaux qui a eu un effet très positif : « il est évident que ce type d’ouvrage devrait être rebâti », a-t-il lancé, ce qui a donné lieu à quelques applaudissements, dans la salle. « Même le sable de la Gironde remonte jusqu’à la Conche des Baleines. Or, là encore, il y a de plus en plus de prélèvements et la conséquence est que de moins en moins de sable remonte. L’apport de sable artificiel n’est pas la solution ; il vaut mieux recréer les conditions naturelles qui concourent au réensablement ». Et le Maire de Saint- Clément de conclure par ce constat amer : « rien n’est fait pour nous aider à recharger les dunes ».
Lutter contre les prélèvements de sable en mer… voilà peut-être une nouvelle voie d’action à mener pour l’AVSCB, laquelle s’est constituée autour du projet sauvegarde de la Conche des Baleines et avait su réunir quelques 5000 signatures pour alerter nos responsables, à l’été 2012.
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