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Plan Digues : « Nous sommes dans le planning fixé »
Lors du point d’étape sur le plan Digues du Département, Patrice Raffarin, conseiller départemental en charge du dossier, a tenu à rassurer sur les délais de la protection du Fier d’Ars (PAPI 2), malgré des difficultés environnementales et techniques. Explications.
Le plan Digues du Département « suit son chemin ». C’est le message que Patrice Raffarin, vice-président en charge des Digues, a voulu faire passer lors du point presse organisé le 21 juin dernier. Malgré les changements politiques (notamment après le passage de témoin avec Lionel Quillet, ancien « monsieur Digues » du Département et président de la Mission Littoral) et réglementaires avec la loi Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations (Gemapi), la continuité a été assurée par le « travail exceptionnel » du service ingénierie du Département, symbolisé par la présence de son responsable Sébastien Pueyo. « Le plan Digues sera terminé en 2030. Nous serons donc dans l’objectif d’une fin des travaux vingt ans après Xynthia, malgré des problèmes réglementaires et de tracés par endroits », s’est fendu Patrice Raffarin. Lorsqu’il fit le point sur le PAPI de l’île de Ré, l’un des huit gérés par le Département (voir encadré), Patrice Raffarin a souhaité mettre fin à certains « bruits qui circulent ». « Je tiens à vous rassurer, nous sommes dans le planning fixé ». Devant certaines inquiétudes exprimées dans le nord de l’île, le dernier comité de pilotage, le 13 juin dernier, avait d’ailleurs été élargi aux autres maires, et particulièrement à ceux du nord de l’île. Il s’agissait de fournir en première main toutes les études techniques et les tracés du système d’endiguement du Nord de l’île, et éviter ainsi tout malentendu.
Compromis avec l’Etat
Rappelons que les évolutions réglementaires apparues dès 2015 ont imposé un changement de stratégie, les deux projets de travaux prévus sur les communes d’Ars-en-Ré et des Portes-en-Ré n’entrant plus dans le cadre des nouvelles obligations liées à la définition de systèmes d’endiguement fermés (ne pouvant pas être contournés par l’eau en cas de submersion). Il a donc fallu présenter un nouveau dossier de candidature conforme à la nouvelle réglementation (Papi 2) pour définir la protection des communes du nord de l’île (Les Portesen- Ré, Saint-Clément-des-Baleines et Ars-en-Ré). Alors que le plan initial (axe 7) prévoyait 56 millions d’euros de budget, le projet validé par la Commission Mixte Inondations le 2 juillet 2020 fut ramené à 30 millions1, après une intense négociation avec l’Etat. « Il a fallu accepter des compromis avec l’Etat, au risque de ne rien avoir du tout », rappelle Patrick Rayton, 1er vice-président de la CdC de l’ile de Ré, en charge des Digues, qui avait accompagné Lionel Quillet à la CMI, pour défendre le projet du nord de l’île de Ré, loin d’être acquis.
L’endiguement du Fier (action 7.2), qui concerne les communes des Portes, Saint-Clément et Ars-en-Ré, est, avec ses 13 km, le projet le plus couteux2 du PAPI 2 et le plus complexe de l’île de Ré. Là où le projet initial envisageait un endiguement du Fier en suivant ses frontières « naturelles » avec un raccordement du dispositif sur la digue du Martray, il a fallu opter pour un tracé coupant à travers les marais, plus direct. Partant de la prise Barrot, la digue va protéger le village d’Ars, en passant par le port puis en englobant la zone artisanale à la sortie du bourg. Après un virage à 90°, elle ira se raccorder à la digue côté sud du village afin de fermer le dispositif. C’est ce dernier tronçon, d’environ 2,5 kilomètres, qui pose aujourd’hui problème et nécessite des études complémentaires. « C’est une partie compliquée car il y a des enjeux environnementaux et économiques, notamment avec la présence des sauniers. Le tracé est encore à affiner, ce qui va entraîner six mois de décalage par rapport au calendrier », explique Patrice Raffarin. La protection du village implique le franchissement de la route départementale, qui devra être surélevée pour assurer la continuité du dispositif : en lissant la pente sur une emprise large, les 2 mètres NGF devraient passer relativement inaperçus, à part un dos d’âne à son sommet.
Eviter l’effet « mur »
D’un point de vue visuel, la présence d’un « mur » de terre de deux mètres de haut à l’entrée sud du village (en fonction de la cote NGF, cette hauteur sera moindre sur certains secteurs), offrira une vue assez différente sur le village et sur son emblématique clocher noir et blanc. Pour les résidents de la zone artisanale, cette ceinture de terre pourrait leur donner l’impression d’être « emprisonnés ». Il y a aussi cette station essence, pour l’instant à l’extérieur du tracé, et qu’il faudra intégrer dans la protection. Du côté des sauniers, cette digue risque de poser des problèmes d’accès à certaines de leurs aires saunantes, voire contrarier l’alimentation en eau de leurs exploitations. « Je crois que tout le monde a conscience que ce tronçon pose problème. Le bureau d’études va essayer de trouver des solutions et proposer autre chose », confirme Patrick Rayton. Ces nouvelles solutions techniques, plus esthétiques, devront bien-entendu s’inscrire, quoi qu’il arrive, dans l’enveloppe financière déjà validée.
Maritimisation de la réserve
L’autre point de friction concerne la partie nord du dispositif (action 7.1), qui protégera pour 3,6 millions d’euros le village des Portes d’une montée des eaux par le Fier d’Ars. C’est d’ailleurs ici que seront lancés les premiers coups de pioche du PAPI 2 de l’île de Ré, avec un avantprojet pour 2024 et une livraison des travaux pour 2029. Reliant sur 4,5 km le secteur de la Patache au hameau de la Rivière, certains ont regretté qu’il n’épouse pas le tracé de l’actuelle digue protégeant La réserve de Lilleau des Niges, laissant la porte ouverte à la future maritimisation de la réserve naturelle. Construite au 17ème siècle, cette digue orpheline, en mauvais état, ne pourra pas résister à l’inexorable montée des eaux. « Lors de grandes marées ou de tempêtes, la mer passera régulièrement par-dessus. Inéluctablement, elle va continuer à souffrir, et des brèches vont s’ouvrir. La digue actuelle ne pourra pas faire face à des surcotes importantes », expliquait récemment Jean-Christophe Lemesle, conservateur de la réserve, dans nos colonnes3. L’analyse coût/ bénéfice (ACB) de l’Etat, juge de paix pour le financement (ou non) d’une digue, ne permettait pas la protection de la réserve naturelle, contrairement au village.
Un tronçon « fusible »
En attendant que le reste des protections du Fier (côté Ars) soient totalement achevées, avec un décalage de quelques mois, il a donc été décidé de créer un tronçon « fusible » entre la déchetterie et La Rivière. « Cela permet de fermer le dispositif et protéger le village en attendant la fin des travaux du Fier », confie Patrick Rayton. Lorsque cela sera le cas, il faudra décider si cette digue « fusible » n’était que temporaire (sa destruction) ou pas… Dans le cadre du PAPI 2, des travaux sont également programmés sur les façades maritimes des Portes (3 millions d’euros) et de Saint-Clément, au niveau du pas de Zanuck (2 millions d’euros) et de la pointe des Baleines (5 millions d’euros).
Enfin, avec l’inflation de ces derniers mois, Patrice Raffarin a annoncé des réajustements financiers et une « enveloppe supérieure probable » pour les PAPI, sans avancer de chiffres pour l’instant. « Il n’y aura pas de remise en cause des chantiers, ce sera à moi de négocier avec les partenaires et je le ferai. Les engagements seront tenus » a-t-il rassuré.
1) Chiffre qui sera probablement revu à la hausse en raison de l’inflation.
2) 16,3 millions d’euros initialement programmés.
3) Le 5 avril 2023.
Point sur le PAPI 1
C’est quasiment terminé pour le PAPI 1. La protection de la Fosse de Loix (La Couarde) devrait passer par l’expropriation de propriétaires non-vendeurs, avec une livraison prévue pour 2025. Les travaux de la digue de La Corniche (Rivedoux) doivent débuter à la fin de l’année pour une livraison en 2024.
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