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Plaisanciers, surfeurs et plongeurs opposés au projet de parc éolien en mer
L’Association des Plaisanciers de La Rochelle (APLR), le Comité Charente-Maritime de surf et le club de plongée de l’île de Ré (Nautilus) se prononcent contre le projet éolien marin Atlantique Sud. Ils présentent leurs principaux arguments.
Les Plaisanciers dénoncent dangerosité et incohérence
Alain Garcia, Président de l’association des plaisanciers de La Rochelle (APLR), exprime la position de l’ensemble des associations de navigateurs plaisanciers.
« Les projets éoliens en mer au large d’Oléron, Ré et Les Sables d’Olonne amènent objectivement l’installation d’obstacles imposants et nombreux, sur des centaines de km2 dans une mer jusque-là libre. Cela ne peut qu’accroître la dangerosité de ces espaces. Cela impacte de façon importante les usagers de la mer : commerce, pêche professionnelle, plaisance.
En ce qui nous concerne dans la pratique de nos croisières de plaisance, nous demandons : que ces champs d’éoliennes soient à distance des côtes de 10 à 12 miles, laissant un libre passage entre ces installations et le profil côtier ; qu’ils aient un balisage de qualité par tout temps : balisage traditionnel, feux, AIS, etc. ; que le gestionnaire participe en ce qui le concerne aux financements des moyens d’assistance qui pourraient être nécessaires.
Ceci est la position de l’ensemble des associations de navigateurs plaisanciers.
En tant que citoyen, chacun pourra se déterminer selon l’analyse des bénéfices- risques et coûts que représentent ces installations. Nous sommes nombreux à penser qu’il faut arrêter la filière éolienne tant en mer qu’à terre, filière cumulant le maximum d’impacts et d’aléas sans réelle rentabilité.
La localisation dans le Parc Naturel Marin de l’Estuaire de la Gironde et des Pertuis charentais, en pleine zone Natura 2000 interroge. Faire de l’industrie dans des espaces naturels reconnus pour la grande valeur de leurs écosystèmes et biodiversités est incohérent.
Faisons confiance à la recherche et au génie humain pour lutter contre cette pollution carbonée sans arrêter ou freiner la marche en avant de nos sociétés. »
Pour les surfeurs, un impact écologique réel
Xavier Renaudin, président du Comité Charente-Maritime de surf, expose les réflexions de l’ensemble des surfeurs.
« Nous ne sommes pas pour l’éolien pour plusieurs raisons. D’abord, les éoliennes ont des pales non encore recyclables, ce qui amène à produire de futurs déchets dans la nature. Dans le cadre du réchauffement climatique, le solaire et l’énergie marémotrice sont préférables, les parcs génèrent une pollution visuelle importante, à terre et en mer, avec des mâts de 270 mètres de hauteur. Nous sommes pour les énergies vertes, des énergies positives, pas pour des éoliennes qui artificialisent les sols. On s’est battus contre la concession de granulats à Lannion, en Bretagne, ce n’est pas pour piller du sable, le transporter et creuser à Oléron, c’est une hérésie écologique, et cela coûtera entre 150 et 200 M€ de couler ce béton en mer. La pollution visuelle à Oléron et même sur la Côte sauvage de Royan, là où il y a les plus belles vagues, sera importante, sans compter l’impact que ces éoliennes pourraient avoir sur les marées.
Si l’Etat optait pour du flottant, de type plateforme pétrolière, en off-shore à 40 ou 50 km des côtes, cela serait plus acceptable. Mais ils vont devoir aussi passer un énorme câble, qui transporte l’électricité, avec destruction d’une dune et d’une partie de la forêt. Le temps que tout cela soit rentable, c’est une hérésie. Nous sommes contre les énergies fossiles : charbon, gaz à effet de serre, hydrocarbures. Le nucléaire est plus approprié et on pourrait développer l’énergie marémotrice et solaire. Tout comme je suis contre les voitures électriques, qui conduisent à piller la richesse du sol de pays en voie de développement. Avec des batteries non recyclables !
Cette position est celle des adhérents du Comité Charente-Maritime de Surf, je suis aussi élu à la Fédération française de surf. Concernant la Surfrider Foundation, pour laquelle je suis bénévole et responsable de l’antenne Royan/ Oléron, nous sommes en négociation avec eux pour qu’ils donnent leur position, que nous espérons proche de la nôtre, mais elle ne s’est pas à ce jour exprimée sur ce sujet. »
Les plongeurs du Nautilus club île de Ré redoutent les risques maritimes et l’impact sur la biodiversité
Jean-Paul Payolles, administrateur de l’ancien et important club de plongée rétais et représentant le président Marc Lachaumette, explique que l’implantation d’un parc éolien en plein Parc naturel marin n’est « pas la meilleure solution ».
« Le Bureau du Nautilus Club a décidé d’adhérer au collectif NEMO. Tout comme lui, nous ne sommes naturellement pas opposés au développement d’une énergie durable et ne sommes pas systématiquement contre un parc éolien, mais pas en pleine zone protégée. Notre club a 50 ans, 80 adhérents en hiver, accompagne 600 à 700 immersions de plongée, nous avons une bonne connaissance des fonds marins, notamment du pertuis breton et au large du Phare des Baleines, ainsi que sur la côte Ouest. Ils sont incontestablement très riches et diversifiés, avec de nombreuses espèces. C’est incompatible de mettre un parc industriel d’éoliennes en plein parc naturel marin, en développement. Il faut préserver la biodiversité, creuser pour implanter des pieux ébranle le fond marin. Et on peut s’attendre à de nombreuses pollutions, le passage des navires d’entretien des câbles, des huiles qui peuvent déborder des réservoirs, des énormes anodes qui peuvent tomber et se diluer. La DREAL intervient à terre pour les eaux usées récupérées, impose des obligations lourdes, et là plus rien. On ne connaît pas les conséquences sur le milieu marin, tant les sols que les eaux. »
« Nous qui sommes un club de plongée et une école de formation, sommes très sensibles au respect de la biodiversité et ne pouvons accepter cela. On ne sait pas, on ne nous dit rien dans le débat, mais on se doute que les perturbations seront fortes. Nous demandons d’avoir une connaissance complète, par une étude d’impact. Les câbles sous-marins, à très haute tension, le remplacement nécessaire des éoliennes tous les 15-20 ans… Les éoliennes flottantes nous paraissent difficiles, puisque le plateau continental s’enfonce…
Le Nautilus club dit qu’on ne peut en même temps définir un parc naturel marin pour protéger une énorme zone maritime, du fait de la qualité de sa biodiversité, puis décider d’y installe des sites industriels. Il n’y a aucune logique ni cohérence. L’Homme doit faire face aux évolutions technologiques pour répondre aux impératifs climatiques, mais on ne peut pas privilégier l’industriel sur la protection de la biodiversité, ce n’est pas possible de passer en force. Tous les scientifiques et océanographes s’opposent à cette privatisation de l’océan. »
« Comment va se passer l’importante navigation maritime, due aux ports de Bordeaux et La Rochelle, avec ce parc éolien ? On n’est pas à l’abri d’un nouveau Rokia Delmas, or il n’y a aucun gros remorqueur à proximité, le plus proche est sur le rail d’Ouessant. Le risque maritime est réel, j’en parle en connaissance de cause, étant un ancien de la marine marchande. »
Trois associations d’usagers de la mer, des points de vue différents et complémentaires, pour une même position : Non au parc éolien marin Atlantique Sud, qui serait totalement incohérent.
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