Des plaisanciers rétais inquiets mais constructifs

Présidée par Jean-Claude Périn, l’Union rétaise des clubs et associations nautiques (URCAN) tenait son AG le 23 avril dernier à Ars en Ré. L’association représente depuis 2002 environ 1200 adhérents des 11 associations de plaisanciers de toute l’île de Ré, qui ont été rejoints ensuite par les quatre professionnels de la plaisance rétaise. Force de propositions constructive vis-à-vis des élus, elle entend aussi servir d’aiguillon sur certains sujets qui n’avancent pas assez vite à son goût.

L’Urcan a ainsi procédé dès 2007 à un recensement des mouillages autour de l’île de Ré pour une organisation plus rationnelle, a été vent debout contre le projet d’implantation de filières à huîtres prévue à l’entrée du Fier d’Ars, a étudié les modes d’organisation des mouillages pour répondre aux pics saisonniers, recensé les différentes cales de mise à l’eau, mis en place un observatoire du nautisme ayant produit des rapports très complets, effectué un suivi attentif du nettoyage sur l’estran des anciens parcs ostréicoles à l’abandon, proposé des possibilités d’aménagement des structures portuaires « en restant à une échelle rétaise », participé à l’élaboration du SCOT/ SMVM lancé en 2009. L’Urcan a aussi alerté les élus rétais en 2012/2013 sur le Schéma régional de développement de l’aquaculture marine (SRDAM) en Poitou-Charentes et déposé un recours gracieux contre l’arrêté préfectoral…

Un « observatoire du nautisme » largement intégré dans l’élaboration du SCOT

Bon nombre des données de l’ « Observatoire du nautisme » remis aux élus en juin 2010 ont été utilisées dans le cadre de l’élaboration du SCOT et l’URCAN a veillé à ce que les projets structurés se retrouvent dans le dossier de Schéma de mise en valeur de la mer (SMVM), tels le projet d’extension et de mouillages à Rivedoux, les projets d’aménagement du chenal du Curé à Ars en Ré, la suppression des mouillages forains en contrepartie des mouillages organisés, une approche collective de la gestion des ports, le retrait des parcs à huîtres abandonnés, la mise en valeur des sites du Goisil et de la Fosse de Loix par des opérations de dévasage « pro-actives », et enfin un numerus clausus en places de port…

Le projet de SMVM présenté par la CdC à l’ensemble des acteurs de la mer le 1^er février 2013 convenait bien à l’Urcan, avec toutefois quelques réserves sur le numérus clausus fixé à 2631 places « encore éloigné des 2800 places demandées », « les pistes de stockage à terre insuffisamment prises en compte », la difficulté « soudaine » rencontrée avec la DREAL concernant la mise en place des mouillages organisés sur Rivedoux, et des solutions de dévasage du Goisil et de Loix inadaptées…

Les plaisanciers s’impatientent devant l’inertie du SMVM !

L’AG 2015 a été l’occasion de regretter que « rien ne s’est passé depuis la dernière AG, les décideurs s’abritent derrière le SMVM en stand-by jusqu’en 2016/2017, or l’organisation des mouillages sur Ré et la conduite de projets sur les ports d’Ars et de Rivedoux notamment en dépendent ! ». L’URCAN espère qu’ « avec la mutualisation de moyens en route, notre espoir de voir la CdC se doter d’une compétence « ports » soit entendu » mais s’inquiète aussi que « ports et plaisance passent inaperçus, même dans les discours électoraux ! ». L’Urcan aimerait travailler en partenariat avec les élus et pour cela avoir un interlocuteur « Ports – Nautisme » à la CdC. L’association propose d’ailleurs d’étudier en commun l’opportunité d’une labellisation « port patrimonial » pour les ports de plaisance de l’île de Ré et pour le Goisil. Sans oublier les enjeux portés par le Parc Naturel Marin : « Une chance pour Ré ? » et le rôle que pourront y jouer la CdC et l’URCAN. Jean-Claude Périn a toutefois bien conscience que « PPRL et PAPI ont mobilisé toutes les énergies de nos élus et plus encore. De mon point de vue, il le fallait ! Même si toutes les décisions prises ne nous paraissent pas en adéquation, notamment celle de la porte du port de La Flotte ».

Une « Stratégie nationale pour la mer et le littoral » faisant la part belle à l’environnement

« En attendant on s’active pour défendre le droit à naviguer mis à mal, en témoignent nos actions avec l’UNAN sur les filières conchylicoles dans l’Anse de la Maleconche, sur le SRDAM, les taxes foncières, les taxes sur les mouillages dans les Aires Marines Protégées, sur les quotas pour les seuls pêcheurs de loisirs, sur la perspective d’un permis de pêche et d’une redevance associée ».

Selon le Président « le Ministère de l’Environnement et l’Europe donnent des orientations de politique à long terme qui affecteront lourdement nos habitudes de plaisanciers… et nos porte- monnaie. La protection des écosystèmes donnent le « la » ! En réfléchissant bien, comment pourrait-il en être autrement ? Grenelle de l’Environnement, Grenelle de la Mer, Grenelle 2, Assises de la Mer, Stratégie Nationale pour la Mer et le Littoral (SNML), Conseil Maritime de Façade et j’en oublie…ont généré un mille-feuilles de strates… difficile de suivre la partition, à tous les niveaux ! »

L’URCAN entend bien être acteur dans « ce temps de changement » et, à l’échelle de l’île de Ré et aux côtés de la CdC faire avancer l’ensemble des sujets qu’elle défend dans l’intérêt des plaisanciers et des professionnels de la plaisance rétais. Ceux-ci ont la chance d’avoir comme capitaine un président constructif, pragmatique mais ferme quant aux enjeux de sa mission.

L’URCAN se préoccupe activement du devenir de la SNSM île de Ré, qui manque de moyens financiers, et sollicite auprès de la CdC un financement pérenne seul garant de la survie de l’association de sauvetage en mer.