- Politique
- Territoire Île de Ré
- Conseil Communautaire du 7 juin
Piscine, dégustation ostréicole et sécurité routière alimentent les débats des élus
Si l’ordre du jour du Conseil communautaire du 7 juin n’était pas très chargé, les débats ont été plus animés que d’habitude, sur des sujets qui intéressent tous les Rétais et vacanciers. L’occasion aussi pour les élus d’exprimer leur ras-le-bol devant certains amalgames véhiculés parfois sans discernement…
Vieux serpent de mer – le sujet a toujours opposé l’actuel président de la CdC à son prédécesseur – la piscine a occupé le début de séance, l’assemblée devant prendre acte du rapport annuel 2017 d’AquaRé. Il émane de celui-ci une baisse de fréquentation de 5390 entrées (soit – 6 %), liée principalement à la partie Activités (cours, aquagym, etc.) et selon AquaRé aux incertitudes concernant les dates de fermeture de la piscine.
Comment la piscine se révèle un gouffre financier
Mais l’essentiel n’est pas là. On se rappelle que Lionel Quillet, alors délégué communautaire d’opposition sous la présidence de Léon Gendre, s’était élevé contre le projet de piscine, qu’il estimait totalement sous-évalué, puisqu’en 2003 le projet était présenté à 6,6 millions d’euros. De fait, la piscine avait été livrée en juin 2012 à 9,340 millions d’euros TTC. Pire, six ans après, l’expertise contradictoire qui aura duré près de deux ans, estime le montant de l’ensemble des travaux pour une remise en sécurité de l’équipement à 3,287 millions d’euros !
Certes, ce montant ne sera pas à la charge de la Communauté de Communes, « qui ne devra pas non plus avoir à avancer les fonds, bien que la discussion soit serrée – NDLR : d’autant que l’assureur de la CdC est le même que celui des Entreprises… -, tous les rapports d’expertise nous sont favorables ». Mais ces multiples désordres de construction – qui n’entraînent à ce stade aucun risque en matière sécuritaire et sanitaire pour les baigneurs – vont entraîner la fermeture du centre AquaRé pour 8 à 12 mois à partir de septembre 2019, sans guère de solution alternative notamment pour les scolaires et collégiens – le président regarde toutefois avec la CdA de La Rochelle s’il existerait des possibilités -, et plus largement pour tous ceux qui fréquentent assidument la piscine.
Les frais indirects ne s’arrêtent pas là : les honoraires d’avocat et frais de procédure judiciaire – « les honoraires de nos conseils nous permettent d’économiser des millions d’euros » a rappelé un brin sarcastique Lionel Quillet -, le temps passé en réunions, et la négociation juridique avec Vert Marine dans le cadre de la DSP.
Les élus sont les premiers contrariés par cette évolution négative, quelques années après l’ouverture d’AquaRé, a précisé Jean-Pierre Gaillard, vice-président délégué aux sports et au social, se faisant l’écho de la colère sourde de Lionel Quillet, qui avait malheureusement vu juste dès 2003.
Vers la disparition du ramassage des ordures ménagères à moyen terme ?
Après l’incendie du centre de transfert de l’île de Ré, à l’automne dernier, la structure provisoire – qui va rester en place jusqu’à la reconstruction d’un nouveau centre – composée de blocs béton de 4,80 mètres, est en cours de réalisation et devrait être prête pour le 10 juillet 2018. Son coût, non négligeable, est pris en charge par les assureurs. Le permis de construire pour la reconstruction du centre d’origine devrait être déposé d’ici la fin de l’année. Patrick Rayton, vice-président délégué aux travaux et aux déchets, examine avec les services de l’Etat si la reconstruction devra se faire à l’identique, ou s’il est possible de la prévoir différemment, avec moins de bois.
Lionel Quillet en a profité pour rappeler que, « marqueur fort du civisme en France (!), la gestion des déchets demande beaucoup de patience et de pédagogie, vue la guerre que cela représente depuis dix ans pour faire changer un bac – il y a encore 10 % des bacs des particuliers qui ne sont pas conformes – ils ne seront plus ramassés au 1er janvier 2019, tout comme les sacs aux sols. D’ailleurs, à partir de 2023-2025 on ne pourra plus payer le service de ramassage des déchets en France. Le Grand Périgueux ne fonctionne déjà plus que sur la base de l’apport volontaire et n’assure plus de tournée ; Résultat : la taxe des ordures ménagères y a baissé de moitié… Une politique environnementale, on ne peut la mener seul ! »
Une crèche ouverte en août
Une bonne nouvelle pour les familles : alors qu’habituellement toutes les crèches de l’île sont fermées au mois d’août, cette année au centre de l’île, la crèche de La Couarde restera ouverte avec une équipe de six agents issus des différentes structures rétaises. Elle sera réservée prioritairement aux parents ayant une activité professionnelle en été.
La charte de dégustation, « une erreur monumentale » pour Léon Gendre
Autre sujet soulevé par Léon Gendre, sur lequel Ré à la Hune avait d’ailleurs consacré un article de fond dans son édition du 23 janvier 2018 à la suite de la reprise de la Cabane à Jam par la Maison Gillardeau (lire « Filière ostréicole : dégustation avec vue… encadrée ») : la dégustation devenue parfois restauration ostréicole. Déçu de ne pas avoir été convié à la réunion s’étant tenue entre les maires de l’île, la CdC et la préfecture, le maire de La Flotte se dit « très inquiet de cette dérive énorme, l’Administration ne bouge pas beaucoup et le Parquet encore moins. J’ai déjà sur ma commune deux dégustations ostréicoles devenues restaurants, et d’autres sur les treize ostréiculteurs flottais pourraient leur emboîter le pas, la Charte signée en 2015 par la Préfète Béatrice Abollivier et le président du Comité Régional de la Conchyliculture est une erreur monumentale ».
Lionel Quillet a expliqué avoir déjà il y a deux ans alerté les services de l’Etat. Car de la volonté de départ d’équilibrer économiquement des activités en pleine crise de mortalité des huîtres, les interprétations sont allées bon train et sur la douzaine d’établissements ostréicoles proposant une dégustation, certains sortent de la charte, aménagent des sites classés, accueillent des voitures qui posent des problèmes de sécurité. La plainte d’origine a été déclenchée par quelques restaurateurs de l’UMIH évoquant une concurrence déloyale et le Maire de St Martin a mené une action d’interruption de travaux non conformes (Cabane à Jam).
Le Préfet et les services de l’Etat souhaitent que le principe de la Loi soit respecté : respect de la charte, maîtrise de l’urbanisme, mise aux normes sanitaires, obligation dans le cadre du PPRL, et soulignent les risques générés par la circulation automobile créée par ces activités. Le président de la CdC et vice-président du Département craint pour les sites classés et l’envolée potentielle des prix, qui amènerait à une remise en cause de la politique de préemption. « A la première génération, constituée de producteurs ostréicoles, pourrait succéder des hommes d’affaires, qui n’auraient pas besoin de travailler sur les parcs ou dans les marais, avec des prix de fonds de commerce. Il faut que comme les agriculteurs et les sauniers, les ostréiculteurs soient raisonnables, sinon on ne maitrisera pas les plaintes et recours ». Léon Gendre a souhaité que ce sujet soit inscrit à un prochain ordre du jour du Conseil communautaire.
Aucun radar fixe sur l’île de Ré, pourquoi ?
Dernier point évoqué notamment par Lionel Quillet, Gisèle Vergnon et Léon Gendre, la sécurité routière. Consternés de voir des courriers de lecteurs publiés sans discernement aucun, mettant en cause les élus locaux suite à des accidents de la circulation, ils ont tenté d’expliquer – apparemment en vain… – combien ces courriers peuvent être démagogiques voire indignes. Le réseau routier rétais comporte quelques points noirs, souvent liés à des « défauts d’origine ». Le calibrage à 8 mètres de largeur (au lieu des 6 m actuels) de la mal nommée route des Paradis (entre La Flotte et Sainte-Marie) a été refusé aux élus. Et Gisèle Vergnon craint à juste titre qu’un jour la proximité de la piste cyclable (NDLR : tout comme d’ailleurs entre St Martin et Le Bois-Plage ou encore La Flotte et St Matin) qui longe la route sans aucune séparation ni obstacle ne crée un drame. Autre site à risque, le carrefour du Défend (entre Rivedoux et Sainte-Marie) pour lequel les élus, celui de Rivedoux en tête, réclament un giratoire depuis des années. Cela sera chose faite, enfin, l’an prochain. D’autres points noirs existent sur Ré, par exemple entre Rivedoux et La Flotte, entre Saint-Clément et les Portes.
Lionel Quillet a toutefois rappelé que le réseau routier de l’île de Ré fait partie des trois meilleurs du département (lui-même se classant dans les dix premiers de France), et a encore bénéficié en 2017 d’un budget départemental de 2,3 millions pour sa voirie. Le budget 2018 à l’échelle de la Charente-Maritime a été voté à 50 millions d’euros et a augmenté de 12 millions d’euros en cinq ans.
Surtout, on le sait et toutes les statistiques de sécurité routière l’assènent chaque année, ce qui pose problème en matière d’accidentologie est en premier lieu les comportements des automobilistes : excès de vitesse (il a déjà été relevé 153 km/h sur la route du Paradis !), alcool et/ou stupéfiants, téléphone au volant, incivisme…
On se demande bien – au vu des nombreux accidents survenus sur Ré non seulement ces derniers mois mais aussi lors de certaines années récentes – et des points noirs bien identifiés – pourquoi des radars fixes ou tronçon n’ont pas été installés sur l’île qui n’en dispose d’aucun. Cela relève de la Préfecture.
Nathalie Vauchez
Lire aussi
-
Politique
Signalétique des voies cyclables, où en est-on ?
On en entend parler depuis un moment mais la situation a-t-elle changé ?
-
Politique
Département : « Tout ce qui a été voté sera fait »
Alors que la dernière séance pleinière du Conseil départemental a confirmé l’état très préoccupant des finances du Département de la Charente-Maritime, les conseillers départementaux de l’île de Ré ont tenté de rassurer, relativisant quelque peu le discours de la présidente.
-
Politique
Séance municipale animée au Bois-Plage
La pugnacité des débats n’est pas chose extraordinaire au Bois-Plage, mais il aura fallu quand même près de trois heures pour mener à terme l’ordre du jour du 25 septembre.
Je souhaite réagir à cet article