PictaGraine sur l’aéroport
Le mot aéroport est bien évidement associé à l’image d’un avion qui décolle mais grâce à PictaGraine on peut aussi l’associer au mot biodiversité.
Lundi 8 juillet dernier Thomas Juin, directeur de l’aéroport de La Rochelle-île de Ré, accueillait des membres du Conservatoire d’Espaces Naturels en Poitou-Charentes sur les prairies qui entourent les pistes pour mener l’opération PictaGraine.
La superficie occupée par l’aéroport est de 116 hectares dont 96 hectares d’espaces non artificialisés, de jolies et surprenantes prairies naturelles voisines de l’asphalte. Ce qui avait conduit l’an passé Estèle Guénin, du Conservatoire, à venir y mener une première opération, réitérée cette année.
Qu’est-ce que PictaGraine ?
Il s’agit d’un projet collaboratif imaginé pour préserver les prairies naturelles et en faveur du développement durable. Une structure partenariale composée de collèges issus des collectivités territoriales des départements de la Charente-Maritime, de la Charente, des Deux-Sèvres et de la Vienne, d’associations de maires, ainsi que des Universités de Poitiers et de La Rochelle.
Son objectif est de récolter des graines 100% sauvages sur des prairies non cultivées, non pâturées, non retournées, fauchées mais pas broyées et sans pesticides afin de réenherber des sites endémiques. Des graines locales dont le patrimoine génétique est plus résistant. Une fois récoltées, elles sont redistribuées gratuitement aux agriculteurs qui le souhaitent et qui s’engagent à maintenir des prairies naturelles et des parcelles qui pourront être aussi utilisées pour faire du foin pour les élevages.
« Préférer les graines locales plutôt que celles provenant des commerces sans être sûr de la provenance, c’est choisir la qualité, c’est aider la biodiversité en favorisant ces végétaux là pour encourager le retour de tout un écosystème. », explique Estèle Guénin. Paradoxalement, les seuls sites en France où persiste ce genre de prairies se trouvent sur les terrains militaires et ceux des aéroports.
Brosser pour récolter
PictaGraine utilise un outil spécial pour récolter ces graines. Philippe Ardouin, éleveur et paysagiste à Ruffec, a créé, avec l’aide d’un mécanicien, la broyeuse à graines. Désormais douze machines sont opérationnelles sur toute la France. Une machine ressemblant à une moissonneuse batteuse mais bien plus délicate. C’est sur l’avant d’un tracteur qu’une large brosse ressemblant au rouleau des lavages automobile est fixée et entraînée par un moteur hydraulique. La moisson file dans un bac de réception pour être ensuite déversée sur une large bâche où Frédéric, un des membres de PictaGraine, râteau à feuilles en main, étale avec soin la récolte pour retirer les herbes, garder les fleurs et faire en sorte que l’entomofaune embarquée par la brosse ne reste pas prisonnière et puisse prendre la poudre d’escampette. Guêpes, abeilles, sauterelles et divers ne se font pas prier. L’occasion de constater la multitude et la variété des végétaux glanés. Estèle Guénin souligne qu’en amont, en mai dernier, ont été relevées soixante à quatrevingts espèces végétales sur ces prairies aéroportuaires rochelaises et qu’en moyenne sur une prairie cultivée il y en a seulement une dizaine.
Dans un second temps, toute cette récolte sélectionnée partira dans un hangar pour séchage et récupération des graines. La récolte est faite sur dix hectares et recréera dix hectares de prairie.
Une action évitant l’extinction des espèces
Scabieuses, crépides, millepertuis, petites gentianes… forment cet univers bucolique et surprenant qui entoure les pistes de l’aéroport. Pour chaque hectare récolté, vingt à trente kilos de graines sont glanées sur les dix hectares retenus. Des graines sauvages tellement résistantes à la sécheresse et adaptées à l’environnement que de plus en plus d’agriculteurs en demandent, ils sont actuellement trois cent cinquante à en profiter.
« C’est dans l’ADN des aéroports d’avoir des portions non artificialisées, depuis 2018 pas de pesticide sur la partie clôturée et pas de panneaux photovoltaïques. », se réjouit Thomas Juin. Il est très sollicité par beaucoup d’acteurs de ce secteur mais refuse catégoriquement d’en voir sur les prairies de l’aéroport. « Chacun doit faire sa part pour l’environnement, tout ce que l’on peut faire pour améliorer la biodiversité, on le tente. »
Il est 13h ce lundi d’été, le temps est sec, les insectes s’affairent tout autant que la mission PictaGraine, un lièvre surgit et déguerpit aussi vite qu’une envolée d’étourneaux venus se poser sur le grillage, décidément il n’y a pas que des avions qui décollent sur l’aéroport La Rochelle-île de Ré.
Site : www.cren-poitoucharentes.org/pictagraine
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