La Pergola, belle octogénaire, s’offre une nouvelle jeunesse !
Elle a fait danser des générations entières. Lieu de fête et de vie incontournable des nuits estivales rhétaises, La Pergola n’est pas du genre à prendre sa retraite. Au contraire, elle semble plus jeune que jamais !
Il y a passé 1 238 nuits blanches. Denis Chatin finit en 2018 sa 14ème année dans l’institution des nuits rhétaises, acquise en 2004. Nuits blanches parce que « si La Pergo ferme à 5 heures, il reste le rangement et le nettoyage, ce qui nous amène à 8 heures du matin » précise le patron du restaurant La Cible à Saint-Martin, qui s’avoue satisfait de passer la main. « J’y retournerai bien sûr, mais différemment, juste pour voir si tout va bien », continue-t-il. Car ça y est : après près de deux ans de persévérance, l’affaire est entendue depuis la mi-août. Denis a réussi son pari : « C’est ma petite coopérative », dit-il dans un sourire. C’est aussi une belle histoire, celle d’un lieu et de ceux qui l’aiment.
2014 – 2016 : la décision
« En 2014, j’ai été approché par des personnes qui souhaitaient acheter La Pergola », raconte Denis. « Je n’étais pas opposé mais je voulais d’abord savoir ce qu’ils voulaient en faire. J’ai donc fait un test avec eux sur une saison », poursuit-il, « et je n’ai pas donné suite ». Pourquoi ? « La Pergola aurait perdu son âme », répond-t-il simplement. La transaction n’aura donc pas lieu. Mais dans sa tête, l’idée est semée et fait son chemin. Il faudra encore deux ans pour que l’hypothèse se transforme en décision.
En novembre 2016, Denis est déterminé à bouger. Deux options s’offrent alors à lui. Etant propriétaire du foncier, Denis pouvait démolir La Pergola, construire des maisons et les revendre. Soit faire une opération immobilière plutôt juteuse, considérant l’emplacement de la discothèque. « Mais j’aurais été le destructeur de La Pergola », ironise-t-il, « il ne me restait plus qu’à déménager et trouver une autre île ! ». Impensable, surtout lorsque l’on sait que le même Denis Chatin avait acquis La Pergola douze ans auparavant pour la sauver du même sort, un rachat pour démolition, alors qu’il ne connaissait rien au métier. Des deux options, il n’y en avait finalement qu’une.
De l’idée à sa réalisation
Nombreux étaient ceux, parmi les fidèles, qui se déclaraient près à aider Denis lorsqu’il évoquait sa lassitude. « ça m’a donné une idée », explique-t-il. Il en parle alors à un ami avocat d’affaire dont l’aide et le soutien ont été déterminants. Celui-ci entreprend la rédaction d’un mémorandum type tel celui utilisé pour les opérations d’acquisition. « Nous avons monté un plan d’action et un vrai business plan » continue Denis, « puis, avec trois autres copains, nous avons créé un comité de pilotage ». En fait, il s’agissait de tout construire, du plan de financement au prix des parts en passant par un cahier des charges à destination du nouveau gérant et jusqu’à l’élaboration d’une charte des associés.
Trouver des associés, voilà la clé indispensable pour monter le projet. « C’est ce qui a demandé le plus d’énergie », commente le spécialiste juridique, « nous avons tous pris nos téléphones pour faire de la prospection ». Il a fallu ensuite entretenir la mobilisation au travers de plusieurs courriers mettant le projet noir sur blanc. Denis lui-même écrit une lettre de motivation, pourrait-on dire, expliquant la genèse de son idée. Pas si simple de donner dans l’atypique. Les sollicités répondent présents. Certains même fédèrent autour d’eux. « 80% sont des Couardais », se réjouit Denis, « tous connaissent bien La Pergola, ils savent que c’est une discothèque sécurisée pour les jeunes ». Une promesse d’engagement leur est demandée, histoire de disposer d’éléments tangibles. Fonds et murs étaient à vendre, les seconds représentants bien sûr une belle garantie vis à vis des banques.
Course d’obstacles
C’est alors que les choses se compliquent. « Toutes les banques ont refusé catégoriquement, y compris la mienne que j’ai d’ailleurs quittée depuis », explique Denis, « nous ne rentrions pas dans les cases, d’autant que les discothèques, dont le nombre n’a cessé de décroître ces dernières décennies, ne sont plus porteuses ». Seule une n’oppose pas de refus mais c’est pour mieux les « mener en bateau » et se rétracter au bout de six mois. Bref, ces premières démarches ne mènent à rien, il faut trouver une autre solution. Finalement, hormis les investissements des associés, c’est Denis Chatin lui-même qui « fera le banquier ».
Une belle histoire
Ils sont donc aujourd’hui 92 associés à posséder un petit morceau de La Pergola et Denis Chatin a lui-même gardé des parts. Ce qu’il ressort de cette aventure ? « La Pergola est repartie pour une génération », se réjouit-il. « C’est une belle histoire, un travail de groupe mené à bien avec des gens qui n’ont rien lâché ». Le secret de la réussite ? « Ce n’est pas une affaire financière, mais une histoire affective » conclut-il. A l’avenir, c’est un Conseil d’Administration qui prendra en charge les évolutions et modifications éventuelles : « Il faut percevoir les attentes de la clientèle et savoir écouter les remarques », affirme Denis, un chef d’entreprise qui décidément, sait faire des affaires avec le coeur.
Pauline Leriche Rouard
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