Elles pensent et vivent « cheval »

Acharnée de la vie devenue courtier en chevaux de courses, Véronique Vigouroux lit dans l’oeil d’un cheval comme dans un livre. Capucine Nicot, elle, fait partie des trente femmes françaises, entraîneurs de Pur-Sang, qui ont changé la face des courses. Ensemble, elles font vivre Ile de Ré Galop, une écurie 100% rétaise.
Véronique Vigouroux, le mental gagnant
Les chevaux la tiennent au coeur et aux tripes. Et Véronique est comme eux, son intuition la précède.
Ado, elle fait ses classes vite et bien entre les Ecuries du Moulin Moreau et le centre équestre de Cognac, réputé pour son excellence en formation professionnelle aux métiers du cheval. Elle trompe son monde en sortant major de promotion à l’échelle nationale (si peu) ! Vite repérée, elle intègre en 1999 le Centre Sportif Equestre Militaire de Fontainebleau. « Tout n’y était que rêve ; une seule chose me dérangeait, la condition du cheval, considéré comme un instrument ». Elle troque son envie de tout plaquer en signant la plus improbable des lettres de motivation à Alain Corbinus, propriétaire des écuries du Moulin Moreau. « Alain a été mon Papa dans le monde des chevaux. Quand il m’a appelé pour me dire que je pouvais prendre les écuries en gérance, j’ai dit banco ! » En 2010, elle revend l’infrastructure dont elle était devenue propriétaire entre temps. Véronique rencontre Capucine. La collision entre leurs deux univers est incroyable. Elles s’associent, la belle vie commence alors…
Janvier 2011 : sur l’hippodrome de Cagnes, Véronique mène à la piste un cheval au tempérament complexe. Soudain, il rue violement et lui tape le visage. Défigurée et très gravement touchée, elle vit alors une longue convalescence. « Après les opérations, la seule chose que je voulais, c’était remonter à cheval ». La nature profonde de Véronique filtre à travers la cavalière blessée. Elle remonte son cheval à deux reprises et retombe : l’animal a senti sa peur. « Depuis j’ai accepté de me faire à cette idée pourtant insoutenable : ne plus remonter pour rester en vie ». L’Ecurie de partage Ile de Ré Galop est née de là, d’une souffrance acceptée. Véronique a écrit cette aventure pour partager le frisson des courses avec le plus grand nombre.
« Aujourd’hui, je fais à pied ce que je faisais à cheval avant ». Elle a endossé un autre métier, celui de courtier en chevaux pour les courses et le sport de haut niveau. « Ce qui me guide ce sont leurs yeux, la manière dont ils me regardent, je lis qui ils sont. Je peux mettre très longtemps à acheter un cheval. Les chevaux sont comme les gens, ils ont une personnalité, une aura particulière ».

Capucine Nicot, le meilleur de soi
« Don de soi », un mot-clé dans la pensée de cette femme entraîneur qui a bousculé les codes hippiques. A l’origine de toute chose, il y a la famille Nicot avec un grandpère et un père habités par la passion du cheval qui lui ont tout appris. Toute petite déjà, « je pensais cheval, je vivais cheval ». Facile donc de comprendre qu’à 16 ans Capucine monte déjà en course. Cavalière émérite, elle remporte la « Cravache d’Or » cinq années consécutives. A 20 ans, elle rivalise avec un jockey professionnel qui n’aime pas qu’on lui tienne tête et la fait tomber. « Pour la première fois, j’ai senti le regard des hommes dans une course où j’étais la seule femme jockey ! »
Son monitorat en poche, Capucine travaille dans de grandes écuries à travers le monde : Californie, Australie, Irlande, Angleterre… pour finalement s’installer dans un mouchoir de poche sur l’île de Ré, « là où mes chevaux seraient le mieux ». « Le matin ils veulent aller à la plage, ils sont comme des gosses ! J’en ai même un qui ne veut pas sortir de l’eau ».
En 2000, Capucine prend la décision d’arrêter de monter en courses pour se spécialiser et se consacrer à son métier d’entraîneur de courses de plat (courses de galop sans obstacles). Capucine comprend alors vite que « c’est un métier de barjot qui vous impose une autre vie. Monter les chevaux un par un le matin, c’est physique, ils tirent beaucoup. Il faut les retenir pour qu’ils ne fassent pas la course avant la course. Et puis à chaque arrivée, on remet tout en question. Ostéopathie, aromathérapie, iridologie équine, je m’intéresse à tout ce qui améliore le bien-être et le mental du cheval ». En 2014, ses chevaux tombent malades. « Mon défaut c’est de trop les aimer. Je les ai soignés pendant six mois ; ça a été un coup dur ». Pour Capucine, le cheval parle autant aux sens qu’à l’intellect. Soigner et entraîner un cheval de course, c’est l’assemblage d’une somme de maillons indésoudables. « Les chevaux sont hypersensibles. Quand je les monte, je n’actionne pas mes jambes, je pense trot et ils vont au trot. J’ai aussi des chevaux qui avancent plus vite quand ils sont montés par une femme jockey car les femmes montent avec des sentiments ; elles ont une meilleure main. On dit d’ailleurs des chevaux qu’ils savent lire et écrire ! »

Capucine Nicot : 06 07 23 79 87
Véronique Vigouroux : 06 33 63 12 55
ilederegalop@gmail.com
Route des Portes, 17590 Saint-Clément des Baleines
Site : iledere-galop.fr
Facebook : Ile de Ré Galop
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