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Peindre le bagne, des trésors méconnus
Il fait partie de l’histoire de Saint-Martin. Avec cette exposition originale, le musée Ernest Cognacq ouvre des portes inattendues sur le bagne.

Loin dans le temps et dans l’espace, le bagne témoigne d’une époque où il n’était pas besoin d’être un meurtrier pour subir de lourdes condamnations. Le vol, la récidive ou l’évasion pouvaient mener jusqu’en Guyane pour des années de travaux forcés, dans un univers dont on peine aujourd’hui à imaginer l’absolue dureté. Comment survivre ?
Passion de collectionneur
« Sans lui, cette exposition n’aura pas été possible car les trois quarts des oeuvres présentées proviennent d’une collection particulière », annonce Christelle RIvalland en se tournant vers François Morand. « Un jour, dans la Vienne, j’ai découvert dans un videgrenier une petite peinture qui a réjoui ma journée. Quelque chose d’assez méconnu et émouvant », raconte celui-ci. Avec son épouse Céline, ils partent alors en quête, cherchent et trouvent des oeuvres, jusqu’à constituer une collection importante. « De fait, nous sommes devenus des spécialistes de cette peinture par passion. Aujourd’hui, on nous propose des oeuvres et la collection s’agrandit. Je suis heureux d’être ici. Cette exposition est une manière de réhabiliter ces artistes bagnards ou bagnards artistes », conclut François Morand.
L’art comme évasion et nécessité
Au bagne, les prisonniers recevaient de leur travail (forcé) un maigre salaire, apprend-on sur un panneau de l’exposition. Mais strictement encadrée, cette rémunération ne leur suffit pas pour acheter de quoi améliorer leur ordinaire. Alors ils créent tout un tas de choses et selon les règles du système D, objets divers, paniers, coffrets… mais aussi des oeuvres artistiques, dessins, peintures, réalisés sur des supports de fortune comme toile de drap ou de sacs de farine. Permettant de s’évader, de s’extraire du quotidien et de s’exprimer librement, la création artistique est aussi, au bagne, un moyen de subsistance, oeuvres et objets étant vendus, souvent à des fonctionnaires de l’Administration. Raison pour laquelle ces oeuvres finirent oubliées dans des greniers…
Talents divers pour oeuvres singulières
Certains prisonniers étaient déjà des artistes, d’autres le sont devenus. Certains étaient réellement doués, d’autres moins. « Il ne s’agissait pas de raconter une histoire du bagne », souligne Christelle Rivalland, rappelant que celui-ci a déjà sa place dans le parcours du musée, « mais de mettre en lumière ces artistes bagnards et de raconter des trajectoires », précise-t-elle. Alors sous les oeuvres de ces bagnards artistes, leurs noms et les raisons de leur présence au bagne. Peintures de nature, des peuples indigènes, style naïf, dessins mais aussi remarquables caricatures de la vie au bagne d’un mystérieux LK… En une soixantaine d’oeuvres, l’exposition compose un paysage artistique singulier et attachant.
Christelle RIvalland et François Morand se sont rencontrés pendant la crise sanitaire. « Je cherchais à valider une hypothèse entre les dessins qu’il avait et un recueil de chansons d’Eugène Verlaine, présent au musée », explique sa directrice. Hypothèse validée puisqu’ils sont faits du même papier et aux mêmes dimensions. Ainsi est née l’idée de cette exposition originale qui nous rappelle, s’il en était besoin, l’importance de l’Art, quelles que soient les conditions dans lesquelles il s’exerce et s’exprime. Un rendez-vous à ne pas manquer…
« Peindre le bagne »
Exposition temporaire
Du 6 juillet au 3 novembre 2024
De 10h à 19h tous les jours sauf les mardis
Musée Ernest Cognacq – 13 avenue
Victor Bouthillier à Saint-Martin

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