- Patrimoine
- Visites d'édifices religieux
Le patrimoine religieux de l’île était au programme des « visites-flash »
Du 3 au 26 avril, les dix églises rétaises, le temple et l’abbaye des Châteliers ont été l’objet de visites organisées par le service du patrimoine de la CDC
L’abbaye des Châteliers
Située entre les communes de Rivedoux et de La Flotte, l’abbaye représente, à l’échelle de l’histoire de Ré, bien plus que les vestiges d’un édifice religieux. Ce sont des moines cisterciens qui l’ont construite et occupée, et qui sont, en grande partie, à l’origine du développement de l’île.
Mercredi 18 avril, à 17 heures, c’est sous un soleil estival que s’est déroulée la visite. Vu le nombre important d’inscrits, deux groupes d’une trentaine de personnes chacun, ont été constitués. Le premier était encadré par Margaux Moindron, médiatrice culturelle auprès du « Musée du Platin » de La Flotte (partenaire de cette initiative), le second, conduit par Hélène Gaudin, du service du patrimoine de la Communauté de communes de l’île de Ré.
Une histoire riche et mouvementée
L’abbaye a été classée « monument historique » en 1990. Elle a été construit en 1156, dans la pure tradition romane, au lieu-dit : « Le breuil des chasteliers », et portait le nom de « Notre-Dame de Ré ». Il s’agit du plus vieil édifice religieux de l’île. Détruite en 1294 par les pirates, l’abbaye a également subi les assauts des Anglais qui l’ont, sérieusement, endommagée en 1388, puis en 1462. C’est alors qu’elle fut reconstruite, mais cette fois, dans un style gothique. Elle fut, à nouveau, attaquée et partiellement détruite, en 1574, à la suite des attaques huguenotes. Les moines l’ont abandonnée au début du XVIIe siècle. Elle servira, à partir de cette époque, de carrière pour la construction du « Fort La Prée » (1625), situé à proximité. Elle deviendra un bien national sous la Révolution Française.
Les responsables de la visite ont présenté des plans détaillés des lieux, et fourni des explications sur la vie quotidienne des moines. Levés à trois heures du matin, ils participaient à sept offices quotidiens. Ils disposaient d’une demi- heure pour chaque repas. Ils dormaient à même le sol. Il y avait deux catégories de moines : les religieux de choeur, et les frères convers qui s’affairaient aux tâches matérielles de la vie communautaire, notamment les travaux dans les champs. Ce sont eux qui, en grande partie, sont à l’origine du défrichement sur les paroisses de Saint-Martin et de Sainte-Marie et, par voie de conséquence, du développement économique de l’île de Ré au Moyen-âge.
A la fin de leur exposé, les deux intervenantes ont répondu aux nombreuses questions des participants qui n’ont pas caché leur intérêt pour cette visite minutieusement préparée.
Visite de l’église Sainte-Catherine, à Loix
« Sancta Catarina de legibus », telle est la première référence du nom de l’église repérée dans les archives. C’est en effet dans un pouillé (document relatant la situation financière d’une église ou d’un diocèse) du diocèse de Saintes, datant de 1404, que l’on obtient ce renseignement. Tout d’abord, l’intervenant a donné une interprétation de la traduction de « de legibus » qui, en latin signifie : « des lois ». Selon lui, il s’agirait d’une confusion homonymique : le terme « l’oye » (l’île) aurait été transformé en « loi » (la loi), puis latinisé par les ecclésiastiques.
L’église de Loix a été construite durant la guerre de Cent Ans. Elle a été partiellement détruite pendant les guerres de Religion, puis restaurée. Initialement, la porte était orientée vers Jérusalem, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Le portail d’entrée est situé plein sud. Sur le fronton, on peut lire la devise de la République : « Liberté, Egalité, Fraternité », frappée en 1905 (date de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat).
La légende de Sainte-Catherine d’Alexandrie
Comme l’église de La Flotte, celle de Loix porte le nom de cette sainte, vierge et martyre qui aurait vécu aux alentours du IVe siècle. Elle serait née vers 290, issue d’une famille de nobles d’Alexandrie. Frappé par son érudition, l’empereur romain Maxence la convoque devant une assemblée de cinquante savants qui étaient chargés de triompher des raisonnements tenus par la jeune fille. Devant la pertinence de ses propos sur l’existence d’un seul dieu, ces derniers sont contraints au mutisme… L’empereur les fait aussitôt brûler. La jeune vierge est, ensuite, condamnée au supplice. Quatre roues entourées de scies, de fer et de clous doivent lui déchirer le corps. Elle y échappe, toujours selon la légende, grâce à l’intervention divine, mais elle finira décapitée…
Sainte-Catherine est la patronne des métiers mécaniques utilisant la roue. C’est la patronne de l’intellect. C’est, également, elle que l’on invoque pour se préserver des naufrages.
Avant de visiter le clocher, les participants ont pu admirer le tableau représentant la sainte, placé au-dessus de l’autel.
L’intervenant a conclu son exposé, à la sortie de l’église, en faisant référence à la visite de monseigneur Henri Laval de Boisdauphin, évêque de La Rochelle qui, lors de sa visite en date du 4 juin 1663 était venu donner la bénédiction aux paroissiens, mais s’était surtout déplacé pour recenser les familles de réformés. On évaluait, à l’époque, une centaine de huguenots sur les six cents âmes qui peuplaient le village…
Le temple de Saint-Martin de Ré
Au moment où nous bouclons notre journal, la dernière des douze « visites-flash » ne s’est pas encore déroulée. C’est Agathe Aoustin, chercheur en inventaire auprès du service du patrimoine de la CDC, qui doit l’animer. C’est au coeur du temple de Saint-Martin qu’elle s’exprimera pour relater l’histoire de ce lieu de prières fréquenté par les « adeptes de la Réforme ».
Depuis 1811, les protestants rétais se réunissaient dans une salle de la mairie de Saint-Martin. Celle-ci ne répondant plus aux besoins, les réformés insulaires ont profité de la décision de l’Etat prise en 1822 de subventionner les « églises luthériennes », pour s’investir dans l’édification d’un temple.
En 1836, les réformés obtiennent l’autorisation d’ériger un temple sur un terrain communal, situé à côté de l’hôpital, au coeur de la capitale rétaise. Cet édifice est précédé d’un jardin entouré de murs. Une sacristie est placée à l’arrière. L’endroit dispose d’une modeste salle rectangulaire. Il présente une façade néoclassique répondant aux prescriptions de l’Eglise réformée : « économie, simplicité, solidité » (sources Agathe Aoustin). Cette façade est surmontée d’un grand fronton triangulaire. A son centre, est sculpté un soleil sur lequel se trouve un livre ouvert. La Bible est le pilier du culte protestant. Toute la parole de ce livre sacré représente un symbole qui guide le chrétien vers son salut.
Le temple a été inauguré le 21 mai 1837. Depuis, des offices religieux y sont, régulièrement, célébrés tous les dimanches dans la matinée.
La proposition de visiter l’ensemble des édifices religieux de l’île de Ré a sensibilisé un public qui s’est déplacé nombreux. Cette initiative a été menée à bien, grâce aux compétences et à la détermination de l’équipe du service du patrimoine de la Communauté de Communes, dans le but de préparer, dans les meilleures conditions possibles, le prochain festival « Patrimoine+Architecture » qui se déroulera du 19 au 24 mai.
Jacques Buisson
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