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Patrick Rayton, la force tranquille de l’enfant du pays
Le maire de La Couarde-sur-Mer et premier vice-président de la Communauté de Communes est un homme fidèle, dans tous les domaines. Carré dans son approche, viscéralement attaché à son village natal et à son île, il sait aussi exprimer ses éventuelles divergences de vision politique, posément. Une valeur sûre pour l’île de Ré.
Sa famille se partageait entre La Couarde et Les Portes, c’est dans la maison de ses parents à La Couarde que naît Patrick Rayton, en 1959. Sa famille maternelle est agricultrice, elle travaille la vigne, fait de l’élevage ainsi que des cultures traditionnelles. Son oncle a aussi des petites exploitations, il cultive le sel – Patrick a beaucoup « tiré le sel » – et est aussi ostréiculteur. C’était commun dans les années 1950-1960 d’être multi-activités. Son père est lui maître d’oeuvre charpentier-menuisier.
Un attachement viscéral à La Couarde et l’île
« Ma grand-mère maternelle était d’origine vendéenne, mon arrière-grand- père est arrivé sur l’île de Ré comme salarié dans une ferme en 1917. Jusqu’ici il dormait dans l’étable, pour la première fois en arrivant sur l’île de Ré il a eu une chambre. Il transportait des barriques de vin avec des boeufs sur toute l’île de Ré. »
Quant à son grand-père paternel, cantonnier maritime, il répara des digues pour le compte de la DDTM de l’époque. Le père de Patrick fut très engagé dans la vie associative, l’office de tourisme et la vie municipale à La Couarde, puisqu’il fut élu municipal en 1978, chargé du règlement de l’urbanisme. Il fut aussi un temps responsable des pompiers.
Patrick a ainsi usé ses fonds de culotte à l’école primaire de La Couarde, puis a fait sa 6ème au collège d’enseignement général alors situé place de la République à Saint-Martin, avant de passer en 5ème au collège d’enseignement secondaire des Salières. Il opte ensuite pour le Lycée Agricole de Saintes et rencontre à 16 ans, à La Rochelle, Brigitte qui deviendra sa femme. C’est d’ailleurs son beau-père, qui fut adopté par André Brizard, qui créa avec André Moreau le jumelage de l’île de Ré avec Philippsburg, dont les 50 ans viennent d’être célébrés.
Un potentiel souvent repéré
Patrick souhaite alors passer le concours des Eaux & Forêts ouvert aux lycéens de 1ère, mais, un peu démoralisé, il y renonce, car les candidats sont en réalité de niveau licence. Il opte pour un IUT techniques de commercialisation, intègre la CAPEB17 et suit à Rennes la formation du CEPAM avec un contrat de cinq ans avec le Ministère de l’Artisanat et du Commerce. Le concours de sortie lui permet d’être moniteur de gestion. On lui propose alors la direction de l’agence du Crédit Mutuel sur l’île de Ré, mais il opte pour le poste de Secrétaire général adjoint de la CAPEB17, à 22 ans. Une expérience professionnelle riche, qui durera 26 ans, dans un organisme professionnel où une démarche participative, autour des idées, est de mise.
Brigitte est de son côté directrice d’une agence du Crédit Mutuel à La Rochelle. Leurs deux garçons ont grandi sur l’île de Ré. Aujourd’hui, Guillaume, 41 ans, est coach sportif et bien-être du côté de Dax, tandis que Pierre, 38 ans, père de deux filles, est directeur de travaux maintenance dans un grand groupe d’Aix-en-Provence.
Brigitte et Patrick ont aussi géré un magasin de décoration à La Couarde, durant seize ans, « L’Atelier d’Antioche », activité qu’ils on cessée en 2019.
Maire et vice-président de la CdC depuis 2008
Viscéralement attaché à sa commune, il a envie de s’y investir. Aussi, en 1995, il sollicite Paul Neveur, maire de La Couarde, pour faire partie de sa liste. Celui-ci se représente, en effet, pour un troisième mandat. Il le connaît bien pour avoir travaillé quelques saisons au supermarché Codec lui appartenant. Pour ce premier scrutin avec panachage, Patrick, « enfant du pays » est le mieux élu, il a en charge les finances et l’urbanisme. Ils remettent le couvert ensemble en 2001, Patrick devient alors le 1er adjoint du maire, qui lui propose à partir de 2005 de lui succéder en 2008. Patrick sera élu maire à trois reprises (2008, 2014, 2020), il est aujourd’hui à mi-chemin de son troisième mandat et prendra la décision en 2025 de se représenter ou non en 2026 pour un quatrième mandat.
Du côté de la Communauté de Communes dont il est membre du Bureau depuis 2008, il a effectué deux mandats comme vice-président délégué aux déchets, avant de devenir en 2020, toujours au côté de Lionel Quillet, premier vice-président, délégué au littoral, à l’instruction de l’urbanisme, à la planification du PLUi et aux grands travaux. Il est aussi vice-président du Syndicat des eaux de Charente-Maritime, Eau 17, en charge de l’assainissement, de l’épuration et de la gestion des besoins : « Un mandat passionnant, où l’on réalise un vrai travail stratégique à très long terme, avec les enjeux de l’alimentation en eau, de sa qualité, du devenir des traitements, de l’utilisation des équipements pour produire des énergies renouvelables (méthanisation, photovoltaïque). Je suis aussi président de la commission territoriale Île de Ré pour Eau 17. Cela permet de rencontrer d’autres maires de communes rurales, de sortir de notre territoire. »
Une ligne directrice et des opportunités saisies
Concernant sa commune, La Couarde, « pour moi, on a su avec Paul Neveur et notre Plan de référence de 2003 poser notre vision du territoire réaménagé, puis en 2016, j’ai élaboré avec mes élus un nouveau Plan de référence. Ce que l’on s’était dit en 2003 a été bouclé en 2016 : réaménagement du centrebourg, bibliothèque, base nautique, Peu Ragot, bâtiment de la mairie, toujours dans le souci d’apporter des services supplémentaires aux administrés. Dans le nouveau Plan de référence, figuraient le réaménagement du pôle des tennis, le pôle ressources informatiques ouvert à la population. Les gros projets sont faits, on est plus maintenant sur des aménagements à la marge, moins visibles, avec toujours le souci de pérenniser ce qui a été fait (entretien), mieux le faire fonctionner. Au-delà de ce fil conducteur 2016- 2026, qui donne de la lisibilité, nous avons su saisir des opportunités comme l’acquisition immobilière ayant permis de faire la maison des saisonniers, pour 700 K€, en décalant d’autres projets. »
De grandes satisfactions…
« Côté Communauté de Communes, la défense du territoire contre la submersion et l’érosion est le gros sujet, sur lequel grâce à la dynamique donnée par le président Lionel Quillet et sa double casquette de l’époque de 1er vice-président du Département, on a fortement avancé avec la participation financière du Département, de l’Etat, de la Région. La politique de logement et le Plan Local de l’Habitat ont aussi bénéficié d’efforts sans précédent, grâce à la volonté de la CdC et l’accord des maires. Ce sujet n’est pas clos, à La Couarde nous faisons l’effort de concéder un terrain à bas prix pour satisfaire des besoins de logement. Côté protection environnementale, on a su préserver l’île et son patrimoine naturel, qui contribue à son attractivité touristique, commencer à mettre en place une politique de mobilité (réseau pistes cyclables et navettes électriques) … »
Parmi ses plus grandes satisfactions, dans sa commune, figurent le marché du Mail : « Après y avoir travaillé dix ans, et avec le bon vouloir des commerçants, on a réussi à ce qu’il soit ouvert onze mois sur douze. Le pôle médical fonctionne bien aussi, quant à la bibliothèque et au pôle informatique, on est passé de 180 à 500 adhérents, avec les jeunes qui reviennent ! »
… et des frustrations
« Point plus triste, l’école. Quand on a lancé le bâtiment en 2007 on avait 104 enfants, aujourd’hui on en a 36, c’est une vraie déception. Une école c’est fondamental, on n’arrive pas à faire face, je suis très inquiet. Certes l’avenir passe par le logement, mais il faut aussi une réflexion stratégique pour maintenir le tissu économique existant et il est dommage de ne pas travailler à faire venir de nouvelles économies adaptées à notre territoire, qui donnent des perspectives d’emplois. L’île de Ré a des atouts dans les domaines de l’agroalimentaire, de la conception de projets (bureaux d’études), en matière d’énergie solaire, où de petites structures sont envisageables. Il faut que notre EPCI (la CdC – NDLR) réfléchisse au sujet et à des zones permettant d’accueillir de telles activités. »
« Je me suis battu sur le terrain du Bois-Plage ou est prévu le futur projet de vie, je voulais qu’il y ait une mixité, avec aussi une Maison de l’Habitat, qui aurait abrité un bureau d’études qui aurait pu accompagner les citoyens sur les nouvelles énergies, les nouvelles technologies, une sorte d’incubateur de projets. » « Il faut aussi rééquilibrer les zones artisanales et commerciales. »
« Desserrer les contraintes sur l’île »
« Autre sujet qui me tient à coeur, le desserrement des contraintes urbanistiques. Quelle attractivité a notre territoire si on ne crée que des contraintes, de la rareté, qui influe sur l’augmentation du prix du foncier ? La Couarde va demander à ce que son PPRL soit révisé, afin de procéder à l’extension de sa zone artisanale. La préfète Béatrice Abollivier s’était engagée à desserrer les contraintes, à revoir les cartes d’aléas, une fois les travaux de protection à la mer réalisés. On a un empilement de réglementations, la réussite de l’île passera à mon sens par un assouplissement des règles. »
« Je ne suis pas passéiste, ce que l’on a fait sur l’île de Ré est plutôt positif, mais on n’a pas su suffisamment maîtriser la fréquentation et le trop plein de règlements provoque des retours de bâtons. »
Pêche, sport et voyages
Si Patrick Rayton abat un travail considérable, en mairie et à la Communauté de Communes, il sait aussi s’accorder des moments de loisirs. Propriétaire d’un marais de 5 hectares à La Couarde où il élève huîtres et gambas, mais aussi d’un très grand jardin-potager qu’il cultive en bio, il pratique la musculation, la pêche à pied au filet, surtout pendant la période des seiches, ou encore dans la Grande Ecluse aux Portes. Avec Brigitte, ils voyagent régulièrement en France, pour pratiquer la randonnée et partent chaque année en hiver au soleil, pour se reposer, du côté de l’Île Maurice.
Une belle vie, basée sur une grande fidélité – à sa terre familiale, dans sa vie personnelle, dans son parcours politique – une droiture exemplaire et un engagement sans faille pour notre territoire.
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