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- Interview - Maire de La Couarde
Patrick Rayton : « Il faut aussi savoir adapter l’environnement aux activités économiques »
Ré à la Hune et NA Radio 104.1 FM ont interviewé Patrick Rayton, Maire de La Couarde et vice-président de la Communauté de Communes de l’île de Ré sur quelques sujets d’actualité de sa commune et de l’île de Ré.
Ré à la Hune et NA Radio : Vous êtes à mi-mandat de votre second mandat de Maire de La Couarde, quelles sont vos principales réalisations sur ces dix années ?
Patrick Rayton : Pour notre premier projet nous étions sur un travail dans le cadre du plan de référence, que nous avons réalisé avec notamment le réaménagement de l’école, celui du parking du Peu Ragot, la nouvelle mairie totalement accessible désormais aux personnes à mobilité réduite. Nous avons aussi restructuré l’intégralité de la place du marché et du marché avec installation de services médicaux et de trois logements. Nous venons de terminer le réaménagement total de la zone du square et du Monument aux Morts, qui sera inaugurée le 10 novembre.
Les gros projets d’envergure sont achevés, le nouveau plan de référence s’attache à l’entretien et au travail de proximité vis-à-vis des jeunes retraités, des enfants, avec la bibliothèque qui joue un rôle important.
Où en sont la restructuration et l’agrandissement de La Maline ? Comment va évoluer la gestion de cet équipement et de la politique culturelle ?
La Maline date des années 1992/1993, et a été créée sous le mandat de Paul Neveur. Depuis 3/4 ans la commune a cédé la compétence à la Communauté de Communes, n’ayant pas la surface financière pour porter un tel équipement qui rayonne sur l’ensemble de l’île.
Les travaux ont commencé ayant pour but d’agrandir la salle existante et de créer une seconde salle d’une centaine de places dédiée au cinéma. En effet, quand La Maline accueillait des résidences artistes, les séances de cinéma étaient suspendues.
Trouver un équilibre dans l’offre de spectacles est difficile mais indispensable, la création de la nouvelle salle amène à se poser la question sur la programmation culturelle sur Ré. Avec une seule salle, la rentabilisation primait, cette nouvelle configuration va permettre d’ouvrir la programmation à d’autres acteurs culturels et de diversifier les disciplines.
Pour décider du mode de gestion de la nouvelle Maline, il faudra mettre les cartes sur la table : réglementairement et en matière de politique culturelle souhaitée pour l’île de Ré, car on ne peut pas continuer de fonctionner ainsi, en gestion associative. En outre, le loyer va être réintégré comme subvention. Il faut revoir le portage de la politique culturelle sur l’île.
Le projet de protection des côtes de La Couarde contre les risques de submersion va-t-il bientôt se concrétiser ?
C’est bien sûr LE sujet qui me mobilise le plus – bien que j’en ai beaucoup d’autres à gérer – même si la compétence n’est pas communale. J’y suis très attaché d’autant plus que j’ai vécu en direct la submersion Xynthia et ses dégâts.
Aujourd’hui le Conseil départemental a délibéré pour lancer la consultation des Entreprises qui réaliseront les travaux, l’Enquête publique est close avec un avis favorable du Commissaire Enquêteur. Nous ne sommes toutefois pas à l’abri de recours, j’espère que non car ce projet de protection va dans le sens de l’intérêt général.
Si tout va bien les Entreprises commenceront à l’automne (ou avant la fin de l’année) les travaux ; Nous menons un travail de concertation avec les acteurs du marais, notamment les ostréiculteurs, pour lesquels la fin d’année constitue une grosse période de production.
Les travaux sont prévus pour une durée de deux ans, une étude complémentaire de danger a été lancée par le Département sur la demande de l’Etat. On espère une livraison à la fin 2020.
Qu’en est-il de la protection à la mer, du côté des dunes ?
Nous avons pu réaliser une bonne partie d’enrochement dans le cadre de procédures d’urgences et grâce à l’intervention d’élus locaux et nationaux, sur les dunes non protégées il n’y a pas de grand risque, nous sommes sereins de ce côté-là.
Nous sommes sur une protection de niveau Xynthia + 20, et le risque zéro n’existe pas.
Au sein de la CdC vous êtes vice-président délégué – entre autres – à la gestion des déchets, quelles ont été les principales actions menées en la matière ?
La gestion des déchets passionne les administrés, tout autant qu’elle les énerve… Nos contraintes réglementaires et financières difficiles à faire comprendre, même si nous recherchons la performance du service rendu dans ce cadre.
Depuis la fin de construction du centre de transfert, lancée par nos prédécesseurs, et depuis 2015 nous avons relancé la consultation du marché avec à la clé un nouveau prestataire et menons un travail de fond dans le cadre d’une politique de déchets en France, qui coûte de plus en plus cher aux Collectivités.
La difficulté de l’île de Ré est qu’on suréquipe notre gestion des déchets pour répondre à un pic de 15 jours/ trois semaines en été. Nous devons avoir une vraie politique qui s’inscrive dans la politique nationale, tout en diminuant son coût.
La sensibilisation et la pédagogie auprès notamment des particuliers constituent un axe fort de notre politique. Nous avons ainsi distribué 2000 composteurs individuels. Nous travaillons auprès des écoliers, porteurs de l’avenir : une nouvelle vision de gestion déchets passe par les enfants.
On a baissé de 15% le volume des ordures ménagères qui se sont transférées vers le tri sélectif, il faut continuer.
Le président Lionel Quillet a évoqué lors du dernier conseil communautaire la possibilité à moyen terme qu’il n’y ait plus de collecte mais uniquement de l’apport volontaire, comme c’est déjà le cas sur certains territoires. Qu’en pensez-vous ?
Le président est dans son rôle très élitiste et futuriste, dans l’excellence. J’y adhère totalement, mais je suis aussi très pragmatique et aujourd’hui nous ne sommes pas mûrs pour cela. Il faut prévoir des sites d’accueil d’apport volontaire suffisants, cela va coûter cher, et où va-t-on les mettre ? Nous n’avons pas d’espaces suffisants. De même Gérard Juin a posé la question pertinente d’inverser la fréquence des collectes avec une collecte en plus pour les déchets recyclés et une en moins pour les ordures ménagères. Cela pose toutefois des problèmes sanitaires, sans compter qu’une population en vacances n’a pas envie de gérer ce type de contraintes. Les mentalités ne sont pas prêtes.
Nous allons aussi devoir gérer les bio-déchets, tout en maîtrisant les coûts : nous avons une obligation de structuration plus importante encore.
Êtes-vous confiant sur la capacité des dix maires à s’entendre et faire les concessions nécessaires à l’aboutissement d’un PLUI ?
Je suis confiant sur une décision majoritaire (l’unanimité est toujours compliquée !), la vraie question étant celle du portage des besoins de logements, à répartir sur le sud de l’île vues les contraintes du PPRL sur le Nord. Nous devons aussi avoir une discussion sur le périmètre de constructibilité des villages, qu’est-ce qu’on ouvre à l’intérieur.
Je suis très optimiste pour le PLUI.
Vous représenterez-vous en mars 2020 pour un nouveau mandat de Maire ?
Je n’ai pas pris ma décision définitive je regarde. Ce qui me motivera ou non, c’est l’équipe que je réussirai ou non à constituer.
Sous ces deux mandats j’ai eu une équipe très solide et compétente, qui m’a aussi permis de consacrer du temps aux projets de la CdC et à d’autres projets départementaux. Je regarde mais je ne repartirai pas sans une équipe du même acabit, je donnerai ma position en fin d’année.
Comment voyez-vous l’île de Ré dans vingt ans ?
Le vrai challenge est – et sera – de maintenir une activité économique et dans notre capacité à permettre à nos Entreprises rétaises d’évoluer, de s’adapter aux enjeux et réglementations. Je ne suis pas toujours d’accord avec Lionel Quillet en ce domaine, certes la protection environnementale est fondamentale, mais il faut aussi savoir adapter l’Environnement aux contraintes économiques.
L’enjeu de la pérennisation des activités économiques et de la construction de logements « sociaux » est le maintien d’une population permanente. Sans activité économique, il n’est pas utile de faire du logement, à mon sens…
Propos recueillis par Nicolas Coûte et Nathalie Vauchez
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