Patrice Raffarin et Véronique Richez-Lerouge souhaitent incarner le renouvellement
« L’île de Ré au cœur » comme slogan et une ambition politique au service d’un projet citoyen, l’équipe souhaite changer de cap et de gouvernance publique
D’entrée de jeu, le binôme composé du Maire de Rivedoux- Plage et de la présidente du Modem 17 se positionne contre le président de la Communauté de Communes, Lionel Quillet, candidat à une nouvelle mandature au Conseil départemental.
Confusion entre la CdC et le Conseil départemental
« Il faut dissocier la Communauté de Communes et le Département, le fait que Lionel Quillet soit président de la première et premier vice-président du second le conduit à des conflits d’intérêt, comme on le voit aujourd’hui avec le débat sur le financement de l’aéroport. Je ne juge pas sur le fond, mais sur la forme. La gestion du port de Saint-Martin, en est une autre illustration, le président de la CdC aurait dû être au côté du Maire qui voulait garder le port en gestion communale. La 3ème voie du pont de l’île de Ré et le projet de voie propre longeant la plage sud de Rivedoux ne vont pas dans le bon sens, on voit là aussi que le Département prime sur la CdC », explique Patrice Raffarin.
« Le cumul des mandats a conduit à une confusion, voire un conflit d’intérêts et à une mauvaise compréhension par les citoyens rétais de la répartition des compétences entre la CdC et le Conseil départemental », renchérit Véronique Richez-Lerouge.
Un cap clair
Faisant plusieurs fois référence au premier Conseil de développement de l’île de Ré créé au début des années 2000, alors qu’il entrait au Conseil municipal de Rivedoux-Plage, Patrice Raffarin fait siennes certaines des réflexions de cette instance mise en place par la CdC dans le cadre de la contractualisation avec la Région. « Voulons-nous être une île vitrine, qui se referme sur elle-même ? Ou une île plus dynamique en toutes saisons, avec une économie génératrice de richesses humaines ? Nous ne voulons pas d’une île « sanctuarisée », mais plus ouverte et solidaire, avec une économie diversifiée et durable. »
« Une île surdouée qui s’ignore »
« Notre territoire est riche d’associations très diversifiées, d’individus ayant fait une carrière brillante, des pointures internationales, et dotés d’une expertise exceptionnelle. Il faut mieux prendre en compte ce concentré de matière grise, l’associer aux prises de décisions politiques. L’élu ne doit pas se comporter en « sachant » mais travailler avec les citoyens à travers des points rencontres, des conférences, des assises/débats thématiques, une convention citoyenne locale. Nous en organiserons ! » clame en choeur le binôme.
Voilà pour la méthode, quid du programme ?
Il a été travaillé durant de nombreuses semaines avec des associations et des citoyens.
En matière économique, la volonté de Patrice Raffarin, de Véronique Richez-Lerouge et de leurs remplaçants, Didier Courtemanche et Céline Marotte, est « d’accompagner les porteurs de projets dans le digital, l’économie verte, la micro-nutrition, l’agriculture durable, les énergies renouvelables, les circuits courts », afin de favoriser « une économie diversifiée, relocalisée au plus près des besoins des Rétais ». Car même si l’économie n’est plus une compétence départementale, depuis la Loi NOTRe, « on peut la décliner dans les différentes activités du Département », précise Patrice Raffarin.
Au sujet de la mobilité « le système actuel est mal structuré et dépassé d’un point de vue écologique. On raisonne par tronçons de pistes cyclables, il n’y a pas d’esprit de réseau. Il faut concevoir un réseau de pistes cyclables efficace, pas dangereuses et aussi orientées sur la vie permanente, avec continuité dans les villages. L’île de Ré a besoin d’un vrai projet d’éco mobilité, d’une armature structurante du sud au nord, d’une desserte plus efficace, notamment du nord. Un système de feux prioritaires pour les bus permettrait de s’affranchir de ce projet de troisième voie sur le Pont », estime le maire de Rivedoux, tandis que Véronique Richez-Lerouge souligne le manque de visibilité digitale pour trouver facilement les horaires des bus, les arrêts, etc.
Pour la tarification du pont, les candidats s’engagent à étudier la possibilité d’une tarification spécifique pour les ayants droits souhaitant visiter leur famille proche sur l’île.
Dans le cadre d’un Projet Alimentaire de Territoire (PAT), le binôme souhaiterait associer les équipes pédagogiques du collège de Saint-Martin aux projets du Conseil départemental, lors notamment de la création d’un restaurant scolaire bio et local pour répondre à l’obligation légale de la rentrée 2022.
« Les terres sont tellement sanctuarisées qu’il est impossible de les transformer en potagers pour fournir une alimentation durable bio » regrette Véronique Richez-Lerouge. « Il faut ouvrir des parcelles aux cultures, à la polyculture, l’île de Ré est très dépendante des autres territoires. Il faudrait créer une cuisine centrale alimentée en produits locaux », précise-t-elle. « Les enseignants ont besoin d’être plus écoutés, ils ne sont pas associés, par exemple au projet d’internat. Il faut aussi travailler sur la désimperméabilisation des sols, faire un chantier participatif avec les collégiens, dans les cours et les abords extérieurs du collège. »
Le duo voudrait que soient pris en compte les élèves rencontrant des difficultés avec la création d’une classe Ulis et proposer aux jeunes « une Maison écologique éducative, afin de les sensibiliser à la biodiversité, qui pourrait aussi accueillir toutes les générations. Ce serait un lieu d’échanges ».
Concernant la défense des côtes, Patrice Raffarin estime que « l’île de Ré a perdu deux ans dans un conflit inutile avec les services de l’Etat et que certains chantiers de réensablement ou d’enrochement sont entrepris sans étude préalable, sans tenir compte des erreurs, comme par exemple au Moulin Brûlé, à La Couarde. La protection des côtes doit se poursuivre, avec des solutions pérennes différentes et proposées au cas par cas, de manière très localisée. Quant à la perception de la taxe GEMAPI, elle est hasardeuse.»
En matière sociale, l’Analyse des Besoins Sociaux réalisée sous le précédent mandat de l’intercommunalité a mis en évidence le besoin de services à domicile de nos aînés, afin d’encourager le maintien à domicile. Le binôme voudrait favoriser les liens intergénérationnels, mais aussi créer des rencontres entre les aidants indépendants, afin de leur apporter une vraie reconnaissance.
Côté transition énergétique, il faut accompagner les communes dans la recherche d’économies d’énergie, réfléchir aux pratiques d’éclairage public et pourquoi pas équiper d’aérogénérateurs les 76 moulins en activité au XVIIIème siècle et qui existent encore, afin de répondre à une demande locale. Le binôme ne souhaite pas prendre de position au sujet du projet des parcs éoliens off-shore et préfère attendre le débat public.
Rééquilibrage nord-sud
Didier Courtemanche, remplaçant, qui a présenté une liste aux dernières élections municipales à Saint-Clément des Baleines se dit, quant à lui, très attaché à prendre en compte le nord de l’île de Ré de façon bien plus importante : « Il existe deux territoires, le sud tourné vers La Rochelle, et le nord qui s’enfonce dans la mer. Comment repenser l’île de Ré ? J’ai été séduit par Patrice Raffarin, à l’écoute, et le groupe de personnes qui l’entoure. On manque d’une centralité dans l’île, il faut une vraie politique d’aménagement du territoire, afin de cesser de perdre les forces vives, retrouver une cohésion nord-sud, que le sud se préoccupe du nord, de son économie et de son tissu associatif, un vrai projet d’éco-mobilité. »
Un binôme soutenu par le Modem, LREM et les Radicaux de gauche
« L’île de Ré au coeur de son département, des gens, et notre engagement politique, on le fait avec coeur » explique Véronique Richez-Lerouge, engagée en 2014 dans le mouvement « Nous Citoyens », puis qui a rejoint le Modem 17 dont elle a pris la présidence il y a quelques mois.
Patrice Raffarin, lui, n’a jamais été encarté, mais a beaucoup milité dans des associations et s’est toujours senti « au centre ». « J’ai été séduit par le candidat Macron, son approche politique, j’apprécie le Modem et je suis très proche du mouvement radical. » « Nous sommes soutenus par le Modem, par LREM et par les Radicaux de gauche » affirment-ils. Et se disent prêts, s’ils n’étaient pas présents au second tour, à soutenir les candidats du binôme EELV, avec lesquels ils ont réfléchi en commun, avant que ceux-ci ne décident de se présenter, « une candidature politique », commente Patrice Raffarin.
La campagne électorale se déclinera sur les réseaux sociaux et sur le terrain pour aller à la rencontre des Rétais.
CONTACT
reaucoeur@gmail.com
LEUR BIOGRAPHIE EN BREF
Candidats
– Patrice Raffarin, 61 ans, enseignant, maire de Rivedoux-Plage, a été 1er vice-président de la CdC de l’île de Ré sous le précédent mandat, aujourd’hui délégué communautaire.
– Véronique Richez-Lerouge, 57 ans, vit à La Couarde-sur-Mer, présidente du Modem 17, auteure spécialisée en agroalimentaire, conseil en relations médias, et engagée depuis 20 ans pour la défense des fromages au lait cru et des petits producteurs.
Remplaçants
– Didier Courtemanche, 72 ans, vit à Saint-Clément des Baleines, architectepaysagiste, président de l’AVSCB (Association de valorisation de Saint-Clément des Baleines), membre du Césir.
– Céline Marotte, 50 ans, vit à Saint-Martin de Ré, a exercé durant 15 ans dans le secteur de l’e-tourisme, avant de créer il y a 5 ans son entreprise dans le domaine du digital et de la transformation numérique des TPE. Elle souhaite apporter sa contribution aux projets du territoire.
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