- Environnement & Patrimoine
- Lettre ouverte N°6 du Collectif NEMO
Parcs éoliens : quelle production d’électricité ?
APRÈS LES LETTRES OUVERTES DU COLLECTIF NEMO : N° 1, INFORMANT NOS LECTEURS DU PROJET D’UNE « GRAPPE » DE PARCS ÉOLIENS OFFSHORE QUI S’ÉTALERAIENT LE LONG DE CÔTES OLÉRONAISES, RÉTAISES ET VENDÉENNES, JUSQU’AUX SABLES D’OLONNE ; N° 2, EXPLIQUANT EN QUOI CONSISTE UN PARC ÉOLIEN ; N° 3 PRÉSENTANT LES PHASES DE CONSTRUCTION, D’EXPLOITATION, PUIS DE DÉMANTÈLEMENT DES ÉOLIENNES ; N° 4 METTANT EN ÉVIDENCE « LES MANIPULATIONS DE L’ETAT » TOUT AU LONG DE L’ÉVOLUTION DE CE PROJET, PUIS L’INTERVIEW DU PROFESSEUR LAURENT BORDEREAUX SUR LES ENJEUX JURIDIQUES DU PARC ÉOLIEN OFF-SHORE, ET LA LETTRE N° 5 INTITULÉE « VERS LA DESTRUCTION D’UNE ZONE CÔTIÈRE ET MARINE RECONNUE UNIQUE EN EUROPE », NOUS PUBLIONS CETTE LETTRE NEMO N° 6. LE COLLECTIF NEMO PRÉCISE QU’IL N’EST PAS OPPOSÉ PAR PRINCIPE AUX ÉNERGIES ÉOLIENNES, MAIS À CONDITION QUE LES PROJETS NE SOIENT PAS SITUÉS EN PLEINES ZONE NATURA 2000 ET AIRES MARINES PROTÉGÉES
Quelles quantités d’électricité un parc éolien en mer de 1 gw de puissance à Oléron produirait-il ? Quel en serait le cout pour la collectivité ?
1 – LES QUANTITÉS D’ÉLECTRICITÉ PRODUITES
L’hypothèse retenue est celle d’un parc de 1 GW de 83 éoliennes Haliade X-12 de l’entreprise américaine General Electric, d’une puissance électrique nominale de 12 MW. La puissance électrique est un débit d’électricité, la quantité d’électricité produite par seconde. La puissance nominale, appelée aussi capacité de production, est la puissance électrique maximale pouvant être atteinte, rare avec une éolienne. Car sa puissance effective, la puissance électrique qu’elle délivre réellement à chaque instant, varie énormément avec les fluctuations de la vitesse du vent sur le site. On parle d’intermittence ou de variabilité. En moyenne annuelle, cette puissance effective est de 20 à 25 % de la puissance nominale pour les éoliennes terrestres, 30 à 45 % pour les éoliennes en mer. On l’appelle aussi facteur de charge annuel.
Vérifions-le avec la centrale éolienne en mer écossaise de Robin Rigg. La figure 1 montre le profil de la puissance effective de cette centrale, en % de sa puissance nominale pendant le mois de mars 2011, mois pourtant bien venté. Nous voyons ici que bien souvent, la puissance effective délivrée n’est qu’une fraction insignifiante de la puissance nominale. Les variations sont brutales. On notera que, le vent est moins régulier en mer qu’à terre.
Le facteur de charge de ce mois (ligne rouge en pointillé) est d’à peu près 30 % de la puissance nominale.
A Oléron, où les éoliennes seront plus modernes et plus hautes qu’à Robin Rigg, mais la vitesse moyenne annuelle du vent plus faible à la même altitude, il est pour l’instant difficile de s’en faire une idée précise.
General Electric annonce pour l’Haliade X-12 un facteur de charge de 63 % qui dépasse de très loin les meilleurs facteurs de charge actuellement connus de 45 % en Mer du Nord.
Une éolienne tire sa puissance électrique effective de la puissance mécanique effective du vent. Celle-ci varie comme le cube de la vitesse du vent. Dans la gamme des vitesses de vent utilisables par les éoliennes, environ 3 à 30 mètres par seconde (m/s), elle varie donc dans des proportions de 1 à 1000 !
Les conditions de vent à Oléron sont moins bonnes qu’en Mer du Nord, même en altitude. Les vitesses moyennes annuelles de vent à 150 mètres d’altitude, seront au mieux de 9 m/s, pour en Mer du Nord 11 m/s (figure 2) soit une puissance mécanique de 80 % supérieure.
C’est pourquoi nous ne tablerons ici que sur un facteur de charge de 35 %.
Cela veut dire que la puissance effective moyenne sur l’année d’une Haliade X-12 à Oléron serait en réalité d’environ 4,2 Mw pour une puissance nominale de 12 MW.
Ce calcul n’est que théorique, car cette électricité est inutilisable en sortie d’éolienne, comme nous le verrons.
Notre 1er Ministre a déclaré que le 1er parc éolien d’Oléron produirait 1 GW, soit deux fois la consommation annuelle de la Charente- Maritime. Or cette consommation, pour une population de 646 000 habitants est d’environ 4,5 TWh par an, soit 9 TWh pour deux fois ce département. La réalité arithmétique est que le 1er parc éolien prévu ne produirait en moyenne que 3 TWh par an. Le Premier Ministre s’est donc trompé d’un facteur 3 !
De plus les habitants du 17 ne manquent pas d’électricité et l’électricité produite ne leur sera pas destinée !
Le 1er Ministre reprend donc tristement les inexactitudes et « fake news » des promoteurs éoliens !
2 – LES COÛTS POUR LA COLLECTIVITÉ
Revenons à l’exemple du parc éolien en mer de Robin Rigg, Ecosse (figure 1).
Les puissances des parcs éoliens sont très voisines (synchronisés)à chaque moment d’un parc à l’autre. Il y a peu de foisonnement, donc de compensation entre parcs pour une production régulière d’électricité, à échelle européenne : quand le vent est très faible, lors des grands anticyclones, il l’est à peu près partout en même temps. La puissance effective délivrée par l’ensemble des parcs éoliens européens dans ce cas n’est alors que de 4 à 5 % de leur puissance nominale2.
Il résulte de cette intermittence quasi synchrone à l’échelle de l’Europe que l’électricité ainsi produite ne coïncide jamais avec la demande des consommateurs, comme le montre la figure 3 pour la France.
Or la stabilité du réseau électrique est indispensable pour éviter de funestes c o u p u r e s d’électricité.
Il faut donc en permanence, « mixer » l’électricité éolienne avec l’électricité des centrales pilotables (nucléaire, hydroélectricité,etc) pour ajuster les électricités produites à la consommation demandée (±1 %). seules les centrales pilotables sont capables d’assurer cette stabilisation, pas les éoliennes3.
L’éolien n’est donc pas utilisable sans une association constante avec des centrales pilotables. Accroître les éoliennes ’est donc une source de difficultés croissantes dans la gestion du parc électrique.
Prétendre que l’électricité éolienne est devenue compétitive avec l’électricité produite par les centrales pilotables, comme le disent les promoteurs de l’éolien marin est une « fake news » tenace. L’électricité en sortie d’éolienne n’a aucun intérêt et donc aucune valeur pour un consommateur. Qui voudrait payer pour une électricité qu’il ne peut pas utiliser ? Les éoliennes ne peuvent que s’ajouter à des centrales pilotables existantes ou à créer : Aussi bas que devienne le coût de production de l’électricité éolienne, le développement de celle-ci fera augmenter le prix de l’électricité pour les ménages puisque pour produire la même quantité d’électricité il faudra un double investissement, en éoliennes ET en centrales pilotables.
Cela d’autant plus que :
• les centrales pilotables sont obligées, à consommation d’électricité identique en France, de produire moins pour laisser de la place à l’éolien. Leurs charges fixes étant inchangées (salaires, charges…), elles doivent augmenter leurs prix ou être subventionnées pour conserver leur rentabilité.
• il faut transformer profondément le réseau électrique, création de nouvelles lignes dont les lignes à très haute tension pour Oléron ou renforcer les anciennes lignes.
Il s’agit là d’un coût d’une centaine de milliards d’euros dans les quinze ans à venir3.
Ceux qui prétendent que l’éolien est devenu compétitif ne réclament pas pour autant l‘arrêt des subventions pour le démontrer.
La figure 4, qui représente le prix de l’électricité pour les ménages dans 16 pays de l’Europe de l’Ouest, montre que celui-ci, loin de diminuer, augmente avec la puissance nominale (= capacité de production) d’éolien et de solaire photovoltaïque installée par habitant. Le solaire photovoltaïque est en effet également intermittent et pose les mêmes problèmes que l’éolien. Plus nous développerons l’éolien en France, mais aussi le solaire plus le prix de l’électricité pour les ménages augmentera. De 2009 date des premiers développements de l’éolien et du solaire en France à aujourd’hui, le prix de l’électricité pour les ménages français a augmenté pour ces raisons, de 50 %4.
En Allemagne, ce prix a doublé de 2000 à 2014.
Ces taxes payées par les consommateurs sont reversées aux promoteurs sous forme de subventions, sans lesquelles éolien, et solaire, ne pourraient subsister en France. Ainsi profitent-ils de l’aubaine des confortables subventions garanties par l’Etat pour 15 à 20 ans.
3 – LES COÛTS D’INVESTISSEMENT DES PARCS ÉOLIENS EN MER
Comparons avec l’appel d’offre le plus récent, celui de Dunkerque, d’une puissance de 600 MW. L’investissement serait de 2 milliards d’euros + le coût du raccordement au réseau à haute tension, d’environ 480 millions d’euros.
L’investissement à Oléron, pour 1 GW de puissance, serait de 3 milliards d’euros, et le coût du raccordement au réseau de 1 milliard (longueur supérieure aux autres parcs éoliens marins). Avec le facteur de charge de 35 %, (voir plus haut) l’électricité produite annuellement serait d’environ 3 TWh.
Comparons avec le coût de l’EPR de Flamanville d’environ 13 milliards (Cour des Comptes), scandaleusement élevé, dit-on. Ajoutons 2 milliards pour son démantèlement. Soit au total 15 milliards.
La durée de vie des éoliennes est d’environ 20 ans. Pour atteindre les 60 ans, ce qui est la durée de vie prévue actuellement pour un réacteur nucléaire de type EPR, il faudra les renouveler deux fois et les démanteler trois fois.
Le coût en euros à chaque renouvellement ne devrait guère changer car les fondations des premières éoliennes ne pourront pas être réutilisées. Les 3 démantèlements complets (environ 10 % du coût de la construction) coûteront environ 1 milliard sur 60 ans.
Le coût du parc éolien sur 60 ans sera donc de l’ordre de11 milliards d’euros pour une production de 180 TWh au total soit 61 millions d’euros par TWh produit.
La puissance d’un EPR est de 1 650 W, mais son facteur de charge devrait être d’au moins 80 %. Sa production annuelle devrait donc être de l’ordre de 12 TWh, et sur 60 ans de 720 TWh. Soit un investissement de 21 millions d’euros par TWh produit.
Le coût d’investissement à Oléron serait donc à peu près le triple de celui de Flamanville par TWh d’électricité produite pendant ces 60 ans. Si le coût de Flamanville est scandaleusement élevé, que dire alors de celui des parcs éoliens d’Oléron ?
Très cher payé la destruction des milieux marins, de la biodiversité, les pollutions et nuisances inhérentes à ces parcs éoliens industriels marins, les affaiblissements de la filière pêche, les altérations visuelles, les chantiers destructeurs des raccordements, à terre, les inévitables accidents de navigations, les catastrophes des possibles naufrages, que CE GIGANTESQUE ET PERMANENT CHANTIER INDUSTRIEL dans notre Charente Maritime, 2e département touristique en France !
Si vous souhaitez approfondir le sujet et consulter les références, vous pouvez télécharger le document complet sur le site NEMO : www.eolien-oleron.fr/wp-content/ uploads/2021/07/Lettre-6c.pdf.
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