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Parc Marin : 2020 sera l’année des changements
Nouveaux membres, budgets, projets… Le Parc Marin va connaître quelques nouveautés en 2020.
2020 sera une année d’élection et de changement, et pas seulement sur le plan politique. Le Parc Marin de la Gironde et des pertuis va lui aussi connaître quelques bouleversements. Le Parc atteindra ses cinq ans d’existence en 2020 et la fin d’un premier mandat. Les soixante-dix membres de son comité de gestion vont donc devoir être renouvelés. Chaque organisme et institution représentés au Parc choisira son ou ses représentants début 2020, après les élections municipales, pour ensuite élire en juillet le futur président du Parc. Le président sortant Philippe Plisson a fait savoir lors du dernier conseil de gestion du 9 décembre qu’il ne se représenterait pas. A presque 69 ans, il considère qu’il est temps de passer la main. Idem pour ses mandats d’élu (Mairie et Communauté de Communes) en Gironde. De ses cinq ans passés à la tête du Parc, il retiendra particulièrement la bataille du Parc contre le projet d’extraction de granulats au large des Mathes-La Palmyre. « Si le Parc n’avait pas été là pour s’y opposer à plusieurs reprises, aujourd’hui on aurait une telle industrie à la sortie de l’estuaire », affirmet- il, fier de ses équipes.
Des études d’impact de l’activité humaine
Nouvelle année rime également avec nouveau budget. « L’Agence française pour la biodiversité (qui est l’organisme de tutelle du Parc, NDLR) ne l’a pas encore établi mais il devrait correspondre à celui de l’année écoulée, c’est-à-dire environ un million d’euros », estime Julie Bertrand, la directrice déléguée du Parc. Il va même augmenter, car l’équipe du Parc est allée décrocher trois projets de recherche financés par l’Europe. Le premier consiste à étudier l’impact de la pêche professionnelle sur les milieux marins, c’est-à-dire non pas sur la réserve halieutique, mais sur les habitats et les espèces, qu’elles soient terrestres ou aquatiques. Pour cette première enquête, le Parc travaille avec les cinq comités de pêche, de la Bretagne à la Gironde, sur vingt-cinq sites classés Natura 2000. Cette étude va durer trois ans avec un budget de 1,2 million d’euros, financé à 80% avec des fonds européens pour les affaires maritimes et la pêche (FEAMP).
Une autre étude sera également menée sur l’impact des loisirs en mer sur l’environnement (720 000€ financé à 100% par le FEAMP). Objectif : dresser un état des lieux des pratiques, sur lesquelles il existe peu de données, dans le but de proposer à terme des solutions pour limiter les pressions de l’activité sur le milieu marin. Un autre état des lieux sera dressé sur les habitats côtiers de la faune et de la flore. Un projet financé à 100% par l’Europe à hauteur de 600 000€, mené en partenariat avec la Ligue de protection des oiseaux (LPO) sur les cinq réserves naturelles nationales présentes dans le périmètre du Parc.
Un bateau pour 2020
Autre changement à l’horizon : l’arrivée d’un bateau, réclamé depuis la création du Parc. La livraison est prévue pour l’automne 2020. Ce Zodiac semi rigide de 7m50 sera équipé de deux moteurs de 250CV et d’outils pour la recherche en mer. Vont être notamment aménagés un treuil pour du relevage de prélèvements, un espace à l’arrière pour trier et analyser les échantillons, et une petite cabine de protection en cas d’intempéries. Coût total : 250 000€, financés par l’Agence de la biodiversité française (ABF), l’organisme de tutelle du Parc.
Une mission de police
L’arrivée de ce bateau va permettre une nouvelle avancée dans les missions du Parc. En plus de pouvoir mener seule certaines études scientifiques, cette embarcation légère va lui permettre de faire du contrôle en mer, en complément de ceux de la gendarmerie, des Douanes et des Affaires maritimes. « La coordination entre les différentes forces de l’ordre maritime va se faire autour d’un Plan de contrôle environnement marin élaboré à l’échelle de la façade, coordonné encore au-dessus par les DIRM (direction internationale régionale de la mer) », explique Julie Bertrand. Pour l’instant, il est difficile d’estimer la fréquence des contrôles effectués par les agents du Parc. « Les autres parcs font en général 20% de contrôle dans leur mission, donc on devrait logiquement être dans ces proportions. Dans tous les cas, on n’excédera pas les 50%, l’autre partie des missions étant consacrée à la recherche scientifique », note la directrice déléguée du Parc, qui rappelle que les autres Parcs ont plus de bateaux. Trois agents sont en cours de recrutement. « On cherche des profils de personnes assermentées police de l’environnement, des gens qui savent naviguer et qui ont une bonne connaissance de l’environnement marin ». Des services civiques doivent également être recrutés en ce début d’année. Par ailleurs, le Parc Marin attend toujours les effets de la volonté annoncé de l’Etat de créer une quarantaine de nouveaux postes sur l’ensemble des huit parcs marins français, afin de renforcer les agents actuellement en postes sur huit équivalents temps plein actuels.
Interview
Cinq questions à Dominique Chevillon
Nous avons interviewé Dominique Chevillon, Vice-Président du Parc Naturel Marin de l’Estuaire de la Gironde et des Pertuis charentais, Vice-Président de la LPO France, Président de Ré Nature Environnement.
Ré à la Hune : Qu’est ce qui caractérise le Parc Naturel Marin de l’Estuaire de la Gironde et des Pertuis charentais ?
Dominique Chevillon : Ce parc présente des complexités comme sa surface très grande, la variété, le très grand nombre et l’intensité des activités pratiquées, ainsi que ses nombreuses zones de protections réglementaires :
– sa très grande surface de 6500 km2 en comparaison des 4000 km2 pour le parc du golfe du Lion, 3550 km2 pour celui de la mer d’Iroise, 2343 km2 pour celui des estuaires picards et de la côte d’Opale, et seulement 420km2 pour le parc du bassin d’Arcachon.
– des activités très variées avec deux grands ports de commerce (La Rochelle et Bordeaux), trois ports de pêche et leurs pêcheurs (La Cotinière, La Rochelle, Royan), la conchyliculture la plus puissante d’Europe, des industries, du tourisme avec de très nombreux et grands ports de plaisance pour des activités intenses…
– de nombreuses zones de protections règlementaires, dont 99,5% du parc en Natura 2000, une Zone de Protection Spéciale Oiseaux (ZPS), une Zone Spéciale de Conservation Habitat (ZSC) et cinq Réserves Nationales gérées par la LPO.
La gestion du Parc a connu des débuts difficiles ?
Exact ! L’équipe salariée du Parc a été très peu nombreuse pendant les 3/5ème des cinq premières années et sans moyens réels. Ceci avec les caractéristiques de complexité décrites plus haut ! Mais il faut mettre à son crédit qu’elle a produit un travail considérable en collaboration étroite avec les membres du Conseil de gestion, un plan de gestion du parc d’excellente qualité. Un moment fort et rassembleur pour tout le monde !
Y a-t-il eu des connaissances et des expériences partagées entre les membres du Conseil de Gestion ?
Oui, les membres du Conseil de gestion et les salariés ont acquis des connaissances communes sur les milieux, la faune et la flore du parc. Mais aussi des connaissances intéressantes sur les activités professionnelles grâce à la fréquentation des acteurs professionnels du parc, que sont les pêcheurs, les conchyliculteurs, etc. Ça rapproche forcément même si les intérêts peuvent sembler divergents…
Des regrets ?
Non pas de regrets. Des frustrations plutôt car quand on est représentant d’associations de protection de la Nature, on attend beaucoup plus d’actions de protection. Il faut miser sur les cinq prochaines années pour tirer un vrai bilan, un bilan rigoureux. Des moyens budgétaires avec des salariés supplémentaires et surtout la détermination de mener de vraies actions pertinentes et opérationnelles pour mieux conserver la vie de nos Pertuis charentais seront les clefs du succès du parc. Avec une question : la compatibilité d’activités destructrices des milieux et de leur faune et flore comme un parc industriel éolien offshore dans ces espaces naturels exceptionnels va se poser. La réponse qui sera apportée nous révélera la réelle volonté du Gouvernement (et de l’Etat) de protéger ces lieux merveilleux. Les associations joueront évidemment leur rôle.
Que vous inspire le départ du Président Plisson ?
No comment.
Propos recueillis par Ré à la Hune
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