- Économie
- Economie "parallèle et autres petites et grandes truanderies
« On sait, mais chut, faut pas le dire ! »
Il y aurait beaucoup à dire sur l’économie parallèle, le « travail au noir », et autres pratiques abusives émanant de professionnels et de particuliers, Rétais ou non, sur l’île de Ré. Une certaine Omerta règne sur la question. « Tout le monde sait » mais se tait.
Or ces pratiques ont libre cours au détriment des professionnels qui respectent le cadre légal et réglementaire et toutes leurs lourdes contraintes pesant sur leurs activités et leur rentabilité, ou de particuliers qui auraient vraiment besoin d’être « aidés ».
Ainsi en est-il en matière de logement social, où certains abus sont indécents au regard de la situation dramatique de familles vivant pour certaines dans des caravanes, à l’instar de ces femmes seules avec plusieurs enfants, alors que d’autres « trustent » des logements sociaux en toute impunité, « oubliant » par exemple de signaler au moment où ils se voient attribuer un logement aidé que leur situation personnelle a changé, voire les louent en saison !
Dans un autre registre, le travail de collecte de la taxe de séjour mené en 2016 par la Communauté de Communes, a mis en évidence les très nombreux « oublis » de versements de celle-ci et a permis de récupérer plusieurs centaines de milliers d’euros, qui constituaient jusque-là un « manque à gagner » pour la Collectivité et… la collectivité. Et le « gisement » de la taxe de séjour semble encore loin d’être épuisé.
Passons sous silence le travail au noir largement répandu (qui n’a pas été tenté de payer directement et moins cher une prestation sans facture, oubliant un court instant sa probité ?), le travail « saisonnier » proposé sans contrat de travail, les promesses non tenues (genre quelques jours de période d’essai « gratuits » avant signature d’un CDD qui ne vient jamais), les employés eux-mêmes qui préfèrent être payés au black pour éviter les impôts, certaines gestions de locations immobilières, pratiquées sous couvert d’autres activités plus officielles, par des acteurs qui n’ont ni la carte professionnelle ni le fonds de garanti obligatoire, fermons pudiquement les yeux sur bien d’autres pratiques ! Elle n’est pas belle la vie ?
La rédaction
Pêcher sur l’estran : un marché porteur…
Déguster des crustacés à prix réduit, livraison à domicile et sans facture, est une pratique plus courante qu’on ne le croit, sur l’île de Ré. Il est tout à fait possible de se procurer des palourdes (parfois même sur commande), à des tarifs défiant toute concurrence, au moins aussi fraîches que celles achetées en poissonnerie. Dans toutes les communes de l’île, il existe un « circuit » ou un « réseau » de ventes de palourdes, praires, pétoncles, coques (parfois même coquilles Saint-Jacques pendant la saison). On peut savourer ces coquillages pêchés la veille ou la journée même, sans se rendre au marché. Des pêcheurs généreux et bien intentionnés vous proposent leurs services. M…, de Sainte-Marie et P…, de La Couarde, grands pêcheurs de palourdes, nous confient : « à chaque marée, on a le droit de ramasser jusqu’à 5 kilos, mais ça fait beaucoup pour une consommation personnelle, ou pour un couple. Autant en faire profiter ceux qui peinent à marcher dans la vase et ceux qui ont du mal à se servir du couteau pour gratter (en se fatiguant les reins) ! ». Le tout moyennant, bien sûr, une petite monnaie…
Le pin parasol rétais a caché, durant plusieurs mois, une forêt de profits…
Il n’y a pas que l’estran pour alimenter les réseaux d’ « économie parallèle ».
Jusqu’en 2014, deux ou trois personnes (âgées) venaient récolter des pommes de pins sur le territoire insulaire, afin d’en retirer les pignons pour les revendre. L’année suivante, ce « commerce » s’est développé, prenant des proportions impressionnantes. Jusqu’alors, le ramassage avait un caractère purement artisanal. Mais à partir de 2015, on a vu arriver des équipes à bord de petites camionnettes pour procéder à une récolte « industrielle »… Toutes les semaines, de fin septembre à début mars, un semi-remorque de 25 tonnes, rempli de pommes de pins, partait en direction de l’Espagne où l’on procédait à la récupération des pignons. Ceux-ci étaient revendus, sur place, entre 80 et 120 euros le kilo… Dans la péninsule ibérique, les gens sont amateurs et friands de pignons. Certains récoltants, sur place, ont décidé d’étendre leur périmètre d’approvisionnement au-delà des frontières, pour répondre aux besoins. Hors, il s’avère que l’île de Ré présente la plus forte densité, en Europe, de pins parasols au mètre carré. Des réseaux se sont formés, mais, heureusement, le trafic n’a pas duré longtemps. L’association Ré Nature Environnement, devant ces activités frauduleuses, a mené une enquête et a, immédiatement, porté plainte avec le soutien des élus rétais et celui du Département. Les autorités ont rapidement réagi. Les gendarmes sont intervenus avec beaucoup de diligence et les choses sont rentrées dans l’ordre. Aujourd’hui, il semble bien que le « commerce de la pomme de pin » ait définitivement cessé.
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