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« On devrait être capable de créer une prison en trois ans »
Secrétaire de la Commission d’enquête sur les dysfonctionnements et manquements de la politique pénitentiaire en France, le Député Olivier Falorni s’est rendu le 19 novembre à la maison centrale de Saint-Martin, côté caserne, puis au centre de détention de Bédenac (sud Saintonge).
Accueilli par la directrice Anne Lavaud et attendu de pied ferme par Stéphane Paoli, adjoint au secrétaire national du Syndicat pénitentiaire des surveillants, il a visité les ateliers de travail, puis s’est rendu au second étage du bâtiment B, sur la coursive où s’était déroulée trois jours avant une violente agression, avant de descendre au niveau de la cour de promenade et du vaste espace de détente rénové en 2017, après la destruction des « casinos » qu’il avait obtenue en janvier 2017 au terme d’une bataille fortement médiatisée, dans le cadre de sa lutte contre la radicalisation en prison.
Les conditions de détention se sont améliorées à Saint-Martin de Ré et toutes les cellules sont individuelles, mais leur surface de 6 m2 est inférieure à la norme européenne fixée à 9 m . Ici la coursive sur laquelle a eu lieu une agression, trois jours avant sa visite. ©Sébastien Arzalier
Pas de surpopulation à Saint-Martin…
La Commission visite un grand nombre d’établissements carcéraux, majoritairement touchés par la surpopulation carcérale, la multiplication des agressions et le manque de moyens pour exercer l’autorité, mais aussi par la radicalisation, ou encore le manque d’unités adaptées notamment pour les détenus atteints de troubles psychologiques, qui devraient pouvoir être suivis en établissements spécialisés ou psycho-médicalisés. La ontrôleuse géné- rale des lieux de privation de liberté estimeà30%la part des détenus atteints de troubles psychologiques et psychiatriques en France, qui devraient être suivis dans des établisse- ments spécialisés. Avec 370 à 380 détenus au total sur ses deux sites (Caserne et Citadelle) pour une capacité de près de 450 places, la maison centrale de Saint-Martin ne souffre pas de surpo- pulation, contrairement à certaines maisons d’arrêt pouvant accueillir 138 détenus pour 70 à 80 cellules, dont 60 condamnés qui ne sont pas transférés faute de place. Parfois les détenus y sont trois ou quatre par cellule… A Saint-Martin les détenus qui le souhaitent peuvent rapidement avoir accès à un atelier de travail, la liste d’attente est courte, selon la directrice Anne Lavaud. Ainsi plus de 60 % d’entre eux travaillent, ce qui les aide à gérer leur temps, s’agissant de longues peines et à améliorer un peu le quotidien. D’ailleurs, outre la TV, les détenus ont accès, moyennant finances, à un téléphone à carte dans leur cellule, qui leur permet d’appeler leurs proches à toute heure.
… mais des agressions qui se multiplient
« Je suis venu à Saint-Martin aujourd’hui, car les agressions sur les surveillants se multiplient, avec une quinzaine d’agressions physiques depuis début 2021 et plus de soixante agressions verbales. Le développement des violences entre détenus est aussi inquiétant. L’Etat a le devoir de protéger ceux qui nous protègent : les policiers, les gendarmes, les pompiers et aussi les agents pénitentiaires, qui subissent une société de plus en plus violente. » a expliqué le Député.
« Lors de ma dernière visite en présence de la Ministre Nicole Belloubet en février 2018, j’avais insisté pour que les surveillants pénitentiaires soient mieux protégés, avec un certain nombre d’outils, qui je sais ne font pas consensus parmi les organisations syndicales. Les équipes pénitentiaires qui font les extractions et les transferts, les responsables de coursives, ceux qui travaillent an quartiers disciplinaires et d’isolement devraient être équipés de pistolets à impulsion électrique sécurisés par des dragonnes, couplés à des caméras piétons, dans une optique de prévention, il ne s’agit pas d’en équiper tous les agents mais les gradés. Les aérosols incapacitants sont un autre outil. Une expérimentation est aujourd’hui lancée, avec une cinquantaine de PIE qui vont être testés dans neuf établissements en France. L’Etat a la volonté de développer ce dispositif. C’est une réponse technologique. Mais la présence humaine est nécessaire, il faut développer l’attractivité du métier, les conditions de travail et les salaires.
Il faut aussi créer plus de places, rapidement, afin d’accueillir les détenus dans des conditions dignes, il n’est pas normal de mettre dix ans pour créer une prison, même si se pose le problème du foncier, on devrait être capable de le faire en trois ans. On a pris un retard considérable, les annonces faites au début de ce mandat présidentiel n’ont pas été tenues ».
« On a déjà perdu 5 ans »
Le Député a été interpellé par Joseph Paoli : « Pourquoi venez-vous maintenant à six mois d’une élection ? Le 23 septembre dernier, les organisations syndicales ont posé toutes les ques- tions aux membres de la Commission d’enquête. Que fait-on ? On attend encore six mois ? On a déjà perdu cinq ans. Vous devriez vous rendre à la maison d’arrêt de Bayonne, où le taux d’occupation est de 138 %, une prison poubelle. » La surpopulation carcérale fait de nombreux établissements de vraies cocottes-minutes. « J’en informerai la Commission, qui s’y rendra », a promis le Député.
« L’objectif de ces déplacements de membres de la Commission à l’intérieur de ces milieux fermés est d’alerter la population sur la nécessité de mieux protéger les agents pénitentiaires et sur les pratiques en prison, cela concerne tous les Français » a explique Olivier Falorni.
La Commission rendra ses conclusions et ses préconisations en février 2022.
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