Olivier Falorni : « La 1ère circonscription ne fait pas comme les autres »
Élu au second tour des élections législatives avec plus de 66 % des voix – près de 59 % sur La Rochelle et 81 % sur l’île de Ré – Olivier Falorni a le triomphe modeste et déterminé. Son choix assumé de rester indépendant aura été à nouveau gagnant, alors que presque partout en France ont prévalu les étiquettes et/ou les regroupements. A l’aube de son 3ème mandat, nous lui avons posé quelques questions.
Ré à la Hune : Quelle est votre première réaction, ce lundi matin, lendemain du second tour des élections législatives ?
Olivier Falorni : Je suis très touché et ému par l’ampleur du soutien des électeurs de la circonscription, et singulièrement par celui des citoyens de l’île de Ré, que je remercie très chaleureusement. Ces résultats sont assez exceptionnels, j’ai été en tête des vingt communes de la circonscription, avec un très bon résultat sur La Rochelle et des scores particulièrement élevés sur toutes les communes de l’île de Ré. C’est une formidable reconnaissance du travail accompli, une démonstration supplémentaire que la 1ère circonscription de Charente-Maritime ne fait pas comme les autres. Les habitants ont fait le choix d’un député et non pas d’une étiquette, dans le contexte national c’est très très rare. Cette élection a pour moi une saveur particulière. Ma première élection s’est faite face à un mastodonte de la politique, Ségolène Royal, la seconde dans un contexte politique totalement renouvelé, pour cette troisième élection nous étions confrontés à des rassemblements et des étiquettes, ce n’était pas gagné de se présenter en indépendant.
Vos très bons résultats vous donnent-ils des ailes pour les prochaines échéances électorales ?
Je n’ai pas d’ailes, mais deux pieds bien ancrés au sol. Je suis très heureux d’être député, cela me passionne, je ne cours pas après les élections et les mandats.
Cela ne va-t-il pas être compliqué d’être indépendant dans la configuration de l’Assemblée Nationale telle qu’elle se profile ?
C’est difficile à dire comment elle va se profiler, mais je pense qu’au contraire si nos institutions fonctionnent bien cette situation de majorité relative va obliger le Gouvernement à une co-construction avec l’Assemblée, qui ne sera plus seulement une chambre d’enregistrement. Il n’y aura plus un seul lieu de décision, le Conseil des Ministres, qui vote les projets de loi ensuite entérinés par l’Assemblée Nationale. J’espère que les parlementaires se prononceront – comme je l’ai évoqué pendant la campagne – en fonction du texte présenté et non de son auteur. Si les institutions fonctionnent bien l’Assemblée Nationale retrouvera son rôle.
La majorité est certes relative, mais il y a une majorité claire. Ce n’est pas la première fois qu’on est dans ce cas de figure. Ce qui est inédit est la présence de deux extrêmes très forts : le Rassemblement National avec 89 députés, et l’extrême gauche avec les Insoumis, très forte.
Vous nous aviez dit lors de la campagne ne pas être favorable au scrutin proportionnel, ces résultats des Législatives 2022 vous confortent-ils dans cette position ?
Oui ces résultats démontrent que tous ceux qui pensaient que seule la proportionnelle permet de représenter toutes les formations politiques avaient tort. Dans cette nouvelle assemblée elles sont bien représentées, on ne peut pas dire que l’Assemblée Nationale d’aujourd’hui ne représente pas la diversité de l’électorat. La force de cette situation est le rôle plus important que l’Assemblée Nationale va pouvoir jouer dans le débat politique. Sa faiblesse est que le pays est fracturé en trois, l’Assemblée Nationale représente cette fracture.
L’abstention forte ne relativise-telle pas votre analyse politique ?
Oui elle est forte, bien que moindre que celle annoncée. Tant qu’on continuera à coller les élections législatives à l’élection présidentielle le taux de participation aux législatives en pâtira. Nombre d’électeurs ont le sentiment que les jeux sont faits avec la présidentielle.
Ces résultats des législatives ne traduisent-il pas au fond une certaine sagesse populaire ?
C’est tout à fait cela. Les citoyens ont fait passer plein de messages. Le premier étant de ne pas donner de majorité absolue à Emmanuel Macron. Ensuite les électeurs ont aussi voulu dire que la défaite de Marine Le Pen à la présidentielle ne signifiait pas la disparition du Rassemblement National. Jean-Luc Mélenchon enfin a les moyens de jouer la première force d’opposition à l’Assemblée Nationale. Ces élections, avec le trio Macron/Le Pen/Mélenchon, ont un réel sens politique. Emmanuel Macron a été réélu président de la République et doté d’une majorité à l’Assemblée Nationale, il n’a pas été désavoué, toute une partie des électeurs a confirmé son choix, mais le président ne bénéficie pas d’un état de grâce. Il y a vraiment trois France, avec une opposition très forte et une Assemblée clivée.
Le risque de blocage des institutions n’est-il pas réel ?
Cela relève de la responsabilité du Gouvernement. Comptablement les deux groupes extrêmes ne peuvent pas bloquer. Il peut y avoir des majorités composées avec la gauche modérée. Si le Gouvernement est à son écoute, il peut ne pas y avoir de blocage… Et la Nupes étant faite de bric et de broc ne va pas tenir longtemps, c’est le mariage de la carpe et du lapin, la carpe va rapidement rejoindre son étang et le lapin son terrier ! Le rassemblement de la Nupes est une semi-réussite, une dynamique a été créée par cette pseudo-union, qui est en fait une fusion absorption de la gauche par l’extrême gauche. Contrairement au Front Populaire, dont le point d’équilibre était les radicaux du centre gauche, et à l’Union de la gauche, dont le point d’équilibre était le centre gauche avec le MRG, là l’union autour de Jean-Luc Mélenchon est centrée sur la gauche la plus radicale, elle est totalement bancale et traduit la volonté de Mélenchon de cannibaliser le PS qui est dans un piteux état.
Je souhaite que le pays ne soit pas bloqué, c’est de la responsabilité du Gouvernement de faire évoluer un régime totalement présidentiel vers une démocratie parlementaire, avec un régime semi-présidentiel.
Avez-vous été félicité dimanche soir par les présidents des intercommunalités rétaise et rochelaise ?
J’ai reçu les félicitations de tous les maires de la 1ère circonscription, enfin tous sauf un, celui de La Rochelle, qui n’a pas honoré cette tradition de courtoisie républicaine. Au regard des résultats et de mon bonheur aujourd’hui, cela m’importe bien peu…
Votre mot de la fin… d’interview ?
La 1ère circonscription de Charente- Maritime est belle et rebelle, elle l’a encore confirmé, je suis fier de la représenter à l’Assemblée Nationale.
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