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- Interview du député La Rochelle-île de Ré - Olivier Falorni
Olivier Falorni, un Député présent sur tous les fronts
Ré à la Hune a rencontré le Député de La Rochelle-île de Ré, Olivier Falorni, afin de dresser un bilan de son activité de parlementaire, tant sous les aspects législatifs que de travail de proximité et de terrain.
Ré à la Hune : La fonction de Député est-elle très prenante ?
Olivier Falorni : Ma permanence est devenue un lieu d’accueil, je suis entouré de trois collaborateurs remarquables – Sébastien Arzalier, Stéphanie Costa et Magalie Saintherand – et nous sommes en contact avec tous les institutionnels pour essayer de répondre aux sollicitations, nous faisons au mieux pour suivre les dossiers, même si nous ne trouvons pas des solutions à tout. Sur mon activité de Député, 60 % de mon temps concerne des sujets de législateur, environ 40 % des questions très locales. C’est aussi l’intérêt du Député présent dans sa circonscription, qui fait remonter au plan national les thématiques locales. Local et National s’emboîtent. L’individuel représente environ 1/3 des sujets, le collectif local et national 2/3.
« Il est aisé de pousser la porte de ma permanence »
Je ne sais si c’est parce que l’offre crée la demande car il n’y avait pas de permanence parlementaire auparavant, ou encore parce qu’il est aisé de pousser la porte de ma permanence, en tout cas Rochelais et Rétais viennent nombreux nous voir. Tout ceci vient conforter mon choix de non cumul des mandats.
Comment se mesure l’efficacité et l’assiduité d’un Député ?
Le nombre de semaines d’activité, dans l’hémicycle est sans doute le critère le plus objectif, mettant tous les Députés à égalité, car pour ce qui concerne les commissions, certaines se réunissent beaucoup plus que d’autres. Une enquête publiée par Sud-Ouest le 29 juin dernier me place en tête des cinq députés de Charente-Maritime avec 38 semaines d’activité ces douze derniers mois, contre 28 pour le Député le moins bien placé. Mes interventions en hémicycle et les amendements que j’ai signés attestent aussi de mon assiduité, tout comme les 218 questions écrites publiées au JO et les 8 questions d’actualité que j’ai posées au Gouvernement depuis le 1er janvier 2015, concernant par exemple la stratégie portuaire nationale, la desserte TGV de La Rochelle, les conditions de travail des personnels de soins des hôpitaux, ou encore l’AOT des cuves de Picoty… Quant aux statistiques de ma permanence rochelaise, elles parlent d’elles-mêmes : 1500 citoyens accueillis depuis le début de l’année, 14 000 mails réceptionnés, des centaines de courriers reçus et expédiés…
Les questions écrites et d’actualité sont-elles vraiment prises en compte par le Gouvernement ?
La parole d’un ministre ou d’un premier ministre engagent l’Etat, c’est en tout cas ma conception de la politique. Ainsi le volte-face concernant l’A831 relève d’une forme d’autocratie par laquelle une ministre s’arroge le droit de bloquer un projet attendu depuis vingt ans, ceci en opposition avec les engagements pris par le Premier Ministre. Ceci dit, Ségolène Royal est cohérente avec elle-même, puisque cela fait dix ans qu’elle combat ce projet… Il s’agit là d’un très mauvais coup porté à l’économie locale certes, mais aussi pour l’environnement de notre territoire. Ce projet d’autoroute – plus exactement de maillon autoroutier de 60 km – suivait les préconisations de la LPO et était exemplaire au plan environnemental. L’idée de la Région de contournement de Marans est une vaste fumisterie, cela ne résoudra en rien l’objectif de désenclavement de notre territoire, et n‘est pas terrible au plan écologique ! Aucune alternative sérieuse n’est proposée aujourd’hui et le contournement ferroviaire de La Rochelle, en partie compromis, ne se fera de toute façon pas avant 20 voire 30 ans…
Ainsi le Grand Port Maritime de La Rochelle est le seul de France à n’être pas desservi par une autoroute. Ce projet de tronçon d’autoroute était porté par les élus de tous bords politiques des territoires concernés.
Quels sont les sujets locaux sur lesquels vous êtes monté au créneau ces derniers mois ?
L’un de mes combats concerne la desserte en TGV de La Rochelle. Les collectivités locales ont participé au financement de la construction de la LGV dans l’objectif que La Rochelle soit à 2h30 de Paris en direct. Les négociations avec la SNCF sont très serrées, et Guillaume Pepy a récemment reconnu que le point d’équilibre n’était pas trouvé. Ainsi, à ce stade la SNCF s’engage sur un aller-retour direct par jour en 2017, contre les quatre allers-retours que nous demandons, qui sont déjà en-deçà de ce qui avait été prévu contractuellement. L’argument de la SNCF est de dire que les trains directs ne sont pas assez rentables, faute de clientèle suffisante. Or nous pensons qu’un territoire de 600 000 habitants (La Rochelle, Surgères, Fontenay le Comte, Niort) justifie cette offre. L’attractivité économique du bassin en dépend et il s’agit du même combat que ceux de l’A 831 et du maintien de l’aéroport La Rochelle-île de Ré, un combat mené depuis toujours pour le désenclavement du territoire.
Comme nous sommes convaincus qu’il y aura la clientèle, nous proposons d’instaurer à titre expérimental ces quatre allers-retours directs par jour avec une clause de revoyure au bout de 18 mois qui permettra à la SNCF de revenir en arrière si ces liaisons n’ont pas le succès escompté…
Sur un autre sujet, celui de l’Autorisation d’Occupation Temporaire des cuves Picoty en zones classées Seveso, sa reconduction pour une durée de huit années – nous espérions cinq, Picoty demandant trente années – si elle ne constitue pas une victoire totale permet que le processus de recul des cuves les plus proches des habitations soit engagé.
Avez-vous défendu des sujets plus spécifiquement rétais ou intéressant directement les Rétais ?
Oui dans le cadre de la loi NOTRE, qui est actuellement en 2ème lecture, un seuil minimum de 20 000 habitants était nécessaire pour constituer une intercommunalité, avec une dérogation possible pour des zones de montagne, mais rien de prévu pour les îles. J’ai déposé un amendement pour instituer une dérogation insulaire, amendement qui a été accepté. Le seuil a été depuis descendu à 15 000 habitants, le Sénat voulant le baisser à 5000, mais cet amendement constitue une sécurité pour que l’île de Ré garde sa cohérence territoriale.
« J’ai déposé l’amendement sur la dérogation insulaire, qui a été accepté. »
Un autre sujet très suivi des deux côtés du Pont concernait le projet de taxe de mouillage, qui aurait été un très mauvais signal économique pour l’industrie nautique et les retombées touristiques de la plaisance. L’amendement « Giacobbi » a été définitivement rejeté, c’est heureux d’autant que la plaisance est aussi un loisir populaire et qui ne concerne pas que des personnes très aisées.
On vous sait très attaché au sujet de la fin de vie, comment percevez-vous la Loi « Claeys – Léonetti » ?
Cette loi adoptée avec 436 voix (abstentions : 83, contre : 34) crée de nouveaux droits en faveur des malades et des personnes en fin de vie, mais qui sont très en-deçà de ce que proposait mon amendement 825 qui n’a pas été retenu. Ce texte reste dans la logique de « laisser mourir » sans aide au décès. Il s’agit d’un simple toilettage de la Loi Léonetti, le texte d’origine ayant été démantelé au sénat, et elle ne répond pas aux attentes de beaucoup de Français. La frilosité du Président de la République sur ce sujet, qui a peur d’engager une nouvelle réforme de société du type mariage pour tous, constitue à mon sens une profonde erreur. Cela n’a rien à voir, la France est loin d’être coupée en deux sur le sujet de la fin de vie, qui constituait l’engagement 25 du Président en campagne.
En l’occurrence la Loi sur la fin de vie permet aux malades de faire une déclaration anticipée qui devient opposable aux médecins, avec quelques réserves. C’est la seule avancée car on reste dans la logique de l’acharnement thérapeutique, du « laisser mourir », ce qui sous-entend de prolonger les souffrances terminales. On nous donne le droit de choisir, mais pas de mourir. La vie nous est donnée, la mort ne peut pas nous être ainsi volée, on ne peut disposer de sa vie et il est intolérable que les Français soient obligés, pour ceux qui en ont les moyens financiers et physiques, de partir à l’étranger pour bénéficier d’une aide active à mourir. Les soins pallitaifs et l’aide active à mourir doivent s’inscrire tous les deux dans un parcours de fin de vie, j’estime que le combat est du même acabit que celui de Simone Veil en 1974 pour le droit à l’Interruption volontaire de grossesse (IVG).
« Il n’y a que les combats que l’on n’a pas menés que l’on perd. »
Nous vivons dans un pays hypocrite, qui pratique l’euthanasie clandestine. Je continuerai de me battre sur ce sujet, car l’essentiel est de se battre et « il n’y a que les combats que l’on n’a pas menés que l’on perd » mais je n’ai guère d’espoir.
Où en est le Rapport de la Commission d’enquête sur les filières et les individus djihadistes auquel vous avez activement participé ?
Ce Rapport a été voté à l’unanimité, après six mois de travail, près de 50 auditions « au secret » et plusieurs déplacements. Il propose 24 mesures dont le renforcement, durablement et à tous les échelons, des effectifs des services concernés par la lutte contre le terrorisme. Les fichiers doivent également devenir plus accessibles au service central du renseignement intérieur, à la police et à la gendarmerie. La surveillance des sources de financement du terrorisme doit aussi être améliorée par ces mesures.
Par ailleurs, la prison apparaît comme un pivot essentiel de la lutte contre le djihadisme : point de départ de nombreux parcours de radicalisation, elle en constitue également le point de chute pour la moitié des 213 Français rentrés de Syrie. Notre rapport préconise l’isolement complet des recruteurs en prison et la création de quartiers dédiés pour les autres détenus radicalisés.
Concernant les détenus les plus radicalisés, qui sont des Imams autoproclamés, ils font de la propagande en prison et amènent au radicalisme des détenus parfois de droit commun. Il ne faut plus qu’ils soient en contact avec les autres détenus, on est sur le côté répressif. Pour les individus en cours de radicalisation, nous préconisons une démarche préventive consistant à créer des centres de déradicalisation, comme cela existe en Scandinavie. Un processus expérimental est en cours à Fresnes. L’intérêt de ce type de démarche est de ne pas les couper de leur religion, mais de les mettre en contact avec des Imams formés et qui ont vocation à leur enseigner une autre vision de l’Islam. En dehors des prisons, l’autre sujet concerne les mosquées salafistes qui sont d’autres pépinières du djihadisme. Il faut cesser en France de considérer que le salafisme est un courant de pensée de l’Islam, alors qu’il constitue l’idéologie et le carburant du djihadisme. Il ne s’agit pas de stigmatiser les Musulmans mais de les protéger en démantelant les mosquées salafistes qui sont au nombre de 70 ou 80 dans notre pays, avec pour difficulté que contrairement à la hiérarchie du clergé de l’Eglise, il n’y a pas de hiérarchie ni de formation pour les Imams en France…
Le Projet de loi sur le renseignement adopté par 438 voix a quant à lui pour objectif de combler la lacune des activités des services de renseignements français, La France étant l’une des dernières démocraties occidentales à ne pas disposer d’un cadre légal, cohérent et complet pour ceux-ci.
Quels sont les autres sujets sur lesquels vous vous êtes investi cette année ?
Le nouveau commissariat de La Rochelle, dont la première pierre a été récemment posée en présence de Bernard Cazeneuve, regroupera d’ici fin 2016 la police actuellement située au commissariat de la Place de Verdun et les services de renseignements de la rue Léonce Vieljeux, il s’agit là de l’aboutissement d’un projet vieux de dix ans, qui a été autofinancé par la vente de deux bâtiments.
Par ailleurs, dans le cadre de l’actualisation de la loi de programmation militaire, 3,8 milliards d’euros supplémentaires sont alloués au budget de la Défense entre 2015 et 2019, pour consolider l’effort compte tenu de l’acuité des lourdes menaces qui pèsent contre la sécurité de la France, déployer 7000 hommes dans la durée sur le territoire et recruter 1000 experts civils et militaires en matière de cyberdéfense…
Cette loi instaure l’expérimentation pour deux ans du service militaire volontaire (SMV) qui permet notamment de répondre aux jeunes déscolarisés, en rupture avec leur milieu social et familial, et qui ne parviennent pas à s’insérer sur le marché du travail. Un troisième centre s’implantera début 2016 à La Rochelle. Les jeunes pourront ainsi bénéficier de formations professionnelles liées à leurs propres besoins et à ceux de l’Agglomération. Je suis heureux d’avoir pu oeuvrer pour ce choix de La Rochelle.
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