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Océane, fille de la mer !
A tout juste 18 ans, Océane Dardeau est une jeune fille passionnée et engagée au service des autres. Née et ayant grandi sur une île (de Ré), portant un prénom prédestiné, avec des parents ayant beaucoup navigué, pas étonnant que cette jeune étudiante ait l’océan chevillé au corps et le coeur en bandoulière.
Océane est l’aînée d’une famille de cinq enfants, quatre filles et un garçon. « J’ai donné leur premier bain à mes petites soeurs, j’ai toujours été une petite maman pour elles, faire partie d’une famille nombreuse m’a vite fait gagner en maturité » explique-t-elle. Chez les Dardeau, la vie de famille est centrale, tout comme les valeurs d’entraide, de respect et de partage. « Nos parents – Geofffrey et Harmony – nous ont toujours dit à tous les cinq que ce n’était pas grave si nous rapportions de mauvaises notes mais qu’au niveau discipline nous devions être irréprochables, être dans le respect des autres, dans l’entraide et le partage. »
Option nautisme au Collège des Salières
Après une scolarité à l’école publique de La Flotte, Océane suit l’option nautisme dès la 5ème au collège des Salières, qui lui permet – grâce à un emploi du temps aménagé – de surfer le vendredi après-midi, le mercredi avec l’UNSS… et le week-end encore, elle surfe ! « J’ai toujours été tournée vers l’océan. Le surf est une passion, comme pour mes frère et soeurs » avoue-t-elle d’emblée.
« C’est une vraie leçon d’humilité »
Pour le lycée, elle prend la direction de Fénelon-Notre Dame, à La Rochelle. L’établissement se montre très compréhensif quand, en classe de seconde, à 16 ans, elle annonce partir deux semaines (dont une sur la période scolaire) accompagner sa mère, Harmony, en mission humanitaire médicale, au coeur de la brousse, à Madagascar, avec l’ONG Ar Mada en collaboration avec l’Association Marins sans frontières. Harmony participe chaque année depuis 2017 à l’un de ces six treks itinérants médicaux menés par six mille professionnels de santé bénévoles (médecins, dentistes, infirmier(e)s, sage-femmes, kinés…) sur quatre itinéraires*. Elle convainc Ar Mada de venir cette fois-ci accompagnée d’Océane. Bien qu’encore mineure, Ar Mada accepte exceptionnellement au regard de la maturité et de la débrouillardise de la jeune lycéenne. Chaque équipe de 70 à 80 personnes passe un à deux jours dans chaque village pour effectuer environ 500 consultations par jour, douze heures par jour. Les villageois les attendent dès 4 heures du matin, certains ayant parcouru jusqu’à 90 km à pied. Chaque mission, en autonomie totale, se déplace à l’aide de tous types de moyens de transports : minibus, camions, barges à moteur, pirogues, parfois même en chars à zébus… pour atteindre les villages isolés sur le fleuve Tsiribihina et le canal des Pangalanes.
Attirée par la découverte d’autres cultures, le voyage et le fait de voir comment se déroule une telle mission humanitaire, Océane en est revenue mûrie : « C’est une vraie leçon d’humilité, une expérience humaine avant tout, après cela il devient impossible de se plaindre pour tout et rien. », expliquet- elle, évidemment marquée par une telle expérience de vie.
Sortie major de sa promotion de nageur sauveteur
C’est aussi dès l’âge de 16 ans et pendant deux ans qu’elle suit toute l’année, durant ses week-end et vacances, le parcours de formation de nageur sauveteur en mer et valide successivement six diplômes et certificats indispensables : les PSE 1 et 2, le BNSSA, le permis bateau côtier, le CRR (radiotéléphonie) et pour finir le SSA littoral (Certificat de surveillance et sauvetage aquatique). Le cursus s’est terminé par un stage mer d’une semaine, consistant en une formation pratique sur la plage, à l’île d’Oléron, tous les jours de 7h à 23h !
Ce cursus diplômant permet d’exercer l’emploi saisonnier de sauveteur sur les plages du littoral. Il couvre l’ensemble des connaissances nécessaires à l’accomplissement de la mission : surveillance des zones de baignade, prévention des accidents et des noyades, assistance aux nageurs ou aux usagers de la plage blessés ou en difficulté, réalisation des soins… Une fois diplômés, les nageurs sauveteurs volontaires sont proposés aux collectivités du littoral.
Sortie major de sa promotion sur quarante- six élèves – excusez du peu ! – elle a le choix de son affectation : ce sera la plage sud de Rivedoux-Plage, commune où elle habite avec sa famille.
Un job saisonnier les pieds dans l’eau
Ainsi à peine son baccalauréat en poche et ses 18 ans sonnés (en avril dernier, ce qui lui a permis de voter pour la première fois aux Européennes et Législatives 2024) Océane passe son été 2024 « en maillot de bain et les pieds dans l’eau », le job d’été idéal pour cette fille de la mer qui aime aider son prochain. Au poste de plage de Rivedoux ils sont cinq le week-end et quatre la semaine. Comment le poste de secours s’organise-t-il ?
« Une journée-type commence avec l’ouverture du poste à 10h30, on prépare le poste, on vérifie la météo, la force et le sens du vent – le vent de terre est le plus dangereux car il pousse vers le large – on prend les températures de l’air et de la mer, on hisse les drapeaux – vert, jaune ou rouge – et on délimite la zone de baignade surveillée. A 11 h on fait l’appel sonore et on dispense quelques informations de prévention aux baigneurs. Sur chaque poste de secours de plage, sous l’autorité du chef de secteur et du chef de poste, il y a trois « places » que les nageurs sauveteurs alternent toutes les 30 minutes à une heure maximum : le premier en bas de la lame, les pieds dans l’eau, le second qui joue le rôle de vigie, situé en hauteur, il sillonne la zone avec ses jumelles, tandis que le troisième reste au poste pour dispenser les soins. On doit durant l’été passer une journée sur deux autres sites, je suis allée déjà au poste de secours de la plage de l’Arnérault à La Flotte puis ce sera celui de Zanuck à Saint-Clément », explique Océane.
Une nouvelle expérience enrichissante
« Au-delà de porter secours à des personnes en difficulté, j’aime ce job qui permet d’être en contact avec les gens – on a les habitués qui viennent nous parler tous les jours – et de travailler dans un cadre de rêve. On fait régulièrement de la prévention, on peut intervenir sur toutes sortes de cas, des malaises dans l’eau ou sur la plage, on a aussi parfois des aquastress – des baigneurs qui soudainement se mettent à paniquer – on intervient sur des paddle ou avec nos bouées tubes auprès des baigneurs qui ont des difficultés pour rejoindre la plage, on fait respecter la zone de chenal… »
Réserve et secret professionnels obligent, Océane restera discrète sur les incidents rencontrés durant cet été – on comprend qu’il y a eu quelques moments durs – sachant qu’en cas d’incident plus sérieux les nageurs sauveteurs appellent la SNSM et/ou le SDIS (pompiers) qui envoient selon les cas les moyens de secours appropriés, y compris des embarcations ou l’hélicoptère Dragon 17. En attendant leur arrivée, les nageurs sauveteurs dispensent les premiers soins de secours. Leur intervention en mer se limite à la bande des 300 mètres, dans laquelle ils sont amenés à porter secours à des baigneurs ou plaisanciers en difficulté.
« Partir à l’étranger… et revenir sur l’île »
L’heure de la rentrée sonnée, Océane va rejoindre les bancs de la fac de langues de l’Université de La Rochelle. Pourquoi les langues ? « Parce que je souhaite partir à l’étranger avec ERASMUS, je veux voyager avant de travailler, voire travailler un temps à l’étranger. Je ne sais pas plus tard ce que j’aimerais faire comme métier, la gendarmerie maritime m’attire, où que j’aille, je resterai toujours près de l’océan et c’est certain que je reviendrai tôt ou tard sur l’île de Ré, à laquelle je suis tant attachée ! »
Ré à la Hune souhaite bon vent à Océane, fille de la mer !
*Lire notre article paru en février 2018 : www.realahune.fr/harmony-dardeau-retaiseengagee- au-dela-frontieres/
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Vos réactions
Bravo Océane.
Bon vent pour l’avenir.
Bises.