- Économie
- Crise économique
Nos territoires à l’épreuve du Covid 19
Établissements fermés, entreprises au ralenti, salariés en arrêt de travail ou au chômage partiel… Après un mois de confinement et alors que les vacances de printemps auraient dû donner le coup d’envoi de la saison, les premières conséquences économiques de la crise sanitaire du Covid-19 se font sentir.
En appui de l’État, la Région Nouvelle Aquitaine se mobilise pour apporter une aide d’urgence aux acteurs économiques et tenter de contenir la crise. Sur l’île, la Communauté de Communes se dit prête à intervenir[1].
L’économie locale en quasi paralysie
Les premières estimations sont tombées fin mars : à l’échelle nationale la perte de PIB engendrée par le confinement est évaluée à un peu plus de 60 milliards d’euros par mois[2]. Le secteur de l’Hébergement-Restauration à l’arrêt quasi total est le plus durement affecté. Suivent ceux du Commerce, des Transports, de la Construction et des Services aux entreprises dont les activités sont réduites de moitié, puis celui des services aux ménages.
A l’échelle de la région, l’enquête réalisée par les quatorze Chambres de Commerce et d’Industrie de Nouvelle Aquitaine[3] est éloquente : fin mars, 88% des entreprises interrogées avaient une activité déjà très fortement impactée, près de 80% enregistraient une baisse de chiffre d’affaires (supérieure à 50% pour 63 %) et 60% étaient en tension sur leur trésorerie. Sans surprise, les petites entreprises, les commerces, l’hôtellerie/restauration mais aussi le bâtiment ont été les premières victimes.
En Charente-Maritime, les chiffres sont plus alarmants encore. Les fermetures temporaires d’établissement, de 42,9% en moyenne régionale, grimpent à 60 % en moyenne dans le périmètre des CCI de La Rochelle et de Rochefort & Saintonge et jusque 83 % pour les CHR[4]. Dans le secteur de l’artisanat, seules 45 % des entreprises enregistrées à la Chambre départementale des métiers CMA17 étaient encore ouvertes fin mars, les plus grandes paralysies étant relevées à la Rochelle, sur le Bassin de Marennes et dans les îles de Ré et d’Oléron avec environ 70 % d’entreprises artisanales fermées. Réduction ou suspension d’activité, les conséquences financières ne se sont pas fait attendre : 84 % des acteurs économiques du département ont enregistré une perte de chiffres d’affaires (de plus de 50 % pour la moitié d’entre eux) et 68 % connaissent déjà des problèmes sérieux de trésorerie (71% des cafés, hôtels et restaurants)[5]. A court terme, 54 % des répondants à l’enquête CCI craignent de devoir mettre la clé sous la porte.
Le contre la montre des aides publiques
Tenir coûte que coûte ! Éviter que la paralysie temporaire mute en une ribambelle de faillites : tel est l’enjeu des dispositifs d’aides aux entreprises déployés par l’État (report des échéances sociales ou fiscales, financement des salariés via le chômage partiel, garanties bancaires, etc.).
Pour soutenir cet effort, la Région Nouvelle-Aquitaine, collectivité territoriale compétente en matière économique, a créé un fonds d’urgence exceptionnel de 50 M€ pour les entreprises et associations : 20 M€ rejoignent le fonds de solidarité d’1 milliard cogéré par l’État et les régions pour les TPE, les travailleurs indépendants et les micro entreprises ; 10 M€ abonderont des prêts bancaires rebonds pour améliorer la trésorerie des entreprises ; 15 M€ seront accordés sous forme de subvention ou avance remboursable pour aider les entreprises régionales non éligibles à ces dispositifs.
L’indispensable mobilisation citoyenne
Si à ce jour personne ne connaît la date de fin de la crise sanitaire, tout le monde s’accorde sur la sortie de crise économique : le plan anti-faillites des pouvoirs publics ne réussira qu’à condition que le confinement soit limité dans le temps et la reprise soutenue une fois la liberté retrouvée.
L’ajournement sine die de la saison touristique 2020 fait donc peser une menace toute particulière sur la Charente-Maritime, première destination touristique de Nouvelle-Aquitaine et dans le top 3 des destinations françaises. L’économie touristique y représente environ 16 700 emplois directs pour un chiffre d’affaires annuel estimé à 1,9 milliard d’euros. Le confinement assorti de l’interdiction stricte de déplacements et de location saisonnière a tué la « poule aux œufs d’or » des vacances de Pâques qui permettent souvent aux professionnels de refaire leur trésorerie. La même menace pèse sur les ponts de mai.
Dans l’attente du lancement salvateur de la saison estivale et de l’indispensable rebond post confinement, il appartient aux autres secteurs d’activité de prendre le relai et aux grands donneurs d’ordre de répondre présents. La commande publique doit également jouer à fond pour maintenir le système productif en place et éviter que la crise ne devienne structurelle. Selon les présidents des CCI de La Rochelle, Thierry Hautier, et de Rochefort & Saintonge, Hervé Fauchet : « Il est en effet indispensable de poursuivre une activité économique même en mode dégradé […] Un minimum d’activité est vital pour notre économie. Les entreprises qui acceptent de travailler en mode dégradé doivent être remerciées car la rentabilité ne sera pas au rendez-vous, mais elles accomplissent un devoir citoyen.»
Demain, il appartiendra à chacun d’entre nous de leur rendre la pareille et de participer à sa mesure à la résilience du tissu économique local. A ce titre, les dynamiques de solidarité engagées avec les producteurs locaux sont de bon augure.
Sandrine Paringaux
[1]Lire notre interview du président Lionel Quillet publiée le 06/04/2020
[2]Source : Science Po, OFCE, Policy brief 65 du 30 mars 2020
[3]Enquête CCI menée auprès de 15 000 entreprises entre le 19 et le 24 mars
[4]CHR : Cafés Hôtels Restaurants
[5]Enquête CCI menée en Charente-Maritime les 23 et 24 mars
La Région mobilisée
« Nous serons très attentifs à soutenir tous les acteurs qui passeraient entre les mailles de ces dispositifs notamment dans les secteurs agricoles et agroalimentaires et plus largement ceux déjà en difficultés avant la crise et qui ne sont plus dans la zone radar des banques. » Alain Rousset, président de la Région Nouvelle Aquitaine.
Outre sa participation au fonds de solidarité, la Nouvelle Aquitaine a mis en place plusieurs mesures complémentaires en faveur des entreprises :
- Moratoire d’un an sur les remboursements des avances remboursables de la Région
- Augmentation du niveau des acomptes versés aux TPE/PME/ETI
- Mise en place d’une cellule d’écoute et de veille pour lutter contre la solitude des dirigeants et les soutenir dans cette période difficile
- Cellule de coordination avec les banques
- En faveur des entreprises de transport dans le cadre des DSP, maintien de la rémunération des entreprises de transports, relative aux charges fixes, à l’exclusion de la couverture du chômage partiel
- En faveur des entreprises du BTP, la Région n’appliquera pas les pénalités pour les entreprises qui réalisent des chantiers pour elle, et qui se trouveraient dans l’incapacité de poursuivre les chantiers en raison de l’épidémie ; elle rééchelonnera les délais contractuels des opérations.
Des interlocuteurs à l’écoute des chefs d’entreprise
CCI de La Rochelle : 05 46 00 54 00 / par mail via le site https://www.larochelle.cci.fr
CCI de Rochefort et Saintonge : 05 46 84 11 84 / par mail : crise@rochefort.cci.fr
Chambre de Métiers et de l’artisanat Charente-Maritime CMA 17 : être rappelé via le site www.cam17.fr
Région Nouvelle Aquitaine : 05 57 57 55 88 / par mail entreprise-covid19@nouvelle-aquitaine.fr
Préfecture de la Charente-Maritime : par mail pref-entreprise-17@charente-maritime.gouv.fr
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