Nicole Belloubet promet 600 000 euros pour la Citadelle
La Garde des Sceaux est venue visiter les unités pénitentiaires de Saint-Martin-de-Ré le 11 juillet. Elle a promis des fonds pour restaurer une partie des murs extérieurs de la citadelle de Vauban, et demandé un diagnostic pour d’autres aménagements.
Il est plus de 11h ce matin là, lorsque la ministre Nicole Belloubet franchit les portes de la Centrale, entourée d’une nuée d’appareils photos, de micros et de caméras, accompagnée de divers représentants des institutions de Charente-Maritime, du préfet Fabrice Rigoulet-Roze au vice-président du Département Lionel Quillet, en passant par le député de la première circonscription Olivier Falorni et le maire de Saint-Martin de Ré, Patrice Déchelette.
Dialogue avec des détenus au sujet de la réinsertion
Dans les étages, aux fenêtres grillagées de leur cellule, quelques détenus observent la scène, mi-curieux mi-goguenards. Mais pas le temps de s’attarder, la visite se fait au pas de course. La directrice du centre pénitentiaire, Anne Lavaud, tient à montrer à sa ministre de tutelle les dernières rénovations qui ont été menées ici : deux cours intérieures, mais surtout un gymnase flambant neuf avec un vrai terrain multisports, qui permet quelques rencontres sportives entre détenus. La Garde des Sceaux s’enthousiasme avec modération, pose des questions, félicite. « Des travaux importants ont été faits, qui, je crois, amènent un peu d’apaisement dans la gestion de la détention, même s’il reste des choses à faire, comme dans tous les établissements pénitentiaires », analyse-t-elle.
Sortie du gymnase sur la cour de promenade, elle se fait interpeller par un détenu, gardé à bonne distance. Sans hésiter, Nicole Belloubet va au-devant de lui pour le saluer, affranchissant la distance de sécurité attendue pour un ministre. Le dialogue s’engage sous l’oeil des caméras. Le jeune homme tient à lui faire part de sa situation : quatre ans de prison prolongé à sept ans avec le cumul du sursis de ses condamnations précédentes, une femme et des enfants à Paris qu’il ne peut pas voir à cause de l’éloignement géographique, et un ennuie mortel qui le guette à force de rester inactif. « Il faudrait un vrai système de réinsertion, il n’y a rien ici », implore-t-il.
Nicole Belloubet lui rappelle qu’il existe bien un système de réinsertion, mis en place en fin de peine. « Mais c’est dès le début de la détention qu’il faut le faire. A quoi ça sert d’attendre ? », demande-t-il, argumentant qu’en ce cas, la prison n’a pas de sens, « c’est la double peine ». Un autre détenu renchérit : « La prison, ça sert à rien. Moi, avant, j’étais sportif de haut niveau. J’ai pris huit ans. J’aimerais pouvoir devenir coach en sortant, faire une formation, mettre quelque chose en place. Ce n’est pas possible. » Nicole Belloubet leur rappelle que la prison est surtout faite pour sécuriser le reste des citoyens après un acte répréhensible de leur part. Et les renvoie à leur juge d’application des peines, expliquant qu’elle ne peut évaluer objectivement la situation, ne connaissant pas leurs dossiers. « Le problème, c’est qu’ici on apprend que la haine », conclut l’ancien sportif.
Un diagnostic de l’intérieur des deux sites commandé par la ministre
Mais il est déjà temps de passer à autre chose. La ministre poursuit sa visite, demande ce qu’il manque. Il faudrait refaire l’unité sanitaire, qui n’est pas suffisante pour le nombre de détenus. « Mais c’est compliqué de trouver de l’espace. Il faudrait des travaux d’envergure qui dénatureraient le bâtiment », explique la directrice.
Après un dernier tour par l’atelier de confection, où les détenus fabriquent polos et costumes du personnel pénitentiaire, la ministre prend le chemin de La Citadelle, en voiture. « Je pensais que c’était plus près », note-t-elle, réalisant l’importance du nécessaire dédoublement de tous les services, de la cuisine à l’unité médicale. A l’intérieur de la Citadelle, même scénario qu’à la Centrale. On lui montre les dernières rénovations, dont une cellule inoccupée, toute rafraîchie. « Je pourrais en voir une moche ? », demande-t-elle. On va vite lui chercher les clefs. « On a investi beaucoup d’argent, on a fait les travaux petit à petit, avec les contraintes d’un bâtiment classé », insiste le directeur interrégional des centres pénitentiaires Alain Pompigne. Nicole Belloubet promet une enveloppe de 600 000€ pour restaurer quarante mètres linéaires de la façade extérieure de la muraille de Vauban. Elle demande aux deux dirigeants de lui faire parvenir un diagnostic général sur l’intérieur des deux sites, « pour voir ce qu’il y a d’autres à faire comme travaux ».
Equipement des surveillants, service médico-psychologique et centre de semi-liberté réclamés
Avec à l’esprit les mouvements du personnel pénitencier de l’hiver dernier, Nicole Belloubet ne manque pas d’interroger les surveillants qu’elle croise : « Alors, que pensez- vous de ces nouveaux gilets ? », « vous aimez votre métier ? », « qu’est-ce qui est le plus difficile pour vous ? », s’enquière-t-elle. Certains lui font part de leur besoin d’être davantage équipés : les nouveaux gilets de protection sont biens, mais insuffisants contre les agressions dont ils sont régulièrement la cible. On lui parle de pistolets à impulsion électrique et de capsules de gaz incapacitants, une demande déjà formulée lors du dernier mouvement du personnel. « Une expérimentation [de l’usage de ce type d’arme] va démarrer bientôt dans un certain nombre d’établissements mais pas dans celui-ci », promet-elle, « Nous ne pouvons pas développer ce type d’outils sans expérimentation car une arme peut aussi être retournée contre son possesseur, donc il faut voir précisément qui les utilisent et dans quelles conditions ».
A la fin de la visite, deux juges du tribunal de grande instance (TGI) de La Rochelle profitent d’un intermède pour s’approcher de la ministre. Elles lui font part de la nécessité urgente de créer un service médico-psychologique régional (SMPR) à Saint-Martin de Ré, avec une équipe médicale pluridisciplinaire qui permettrait aux détenus d’être soignés sur place. « En cas d’hospitalisation, ils sont envoyés à Poitiers ou à Gradignan. Souvent, ils refusent car ils ont peur de tout perdre : leur travail au sein de la prison et leur lien social ici, car ces personnes sont là pour de longues peines et ils sont souvent en rupture familiale. C’est tout ce qu’il leur reste », explique Candice Gratecos, vice-présidente chargée de l’application des peines au TGI de La Rochelle. Dans cette même logique, les deux juges estiment qu’il serait bon de créer également un centre de semi-liberté, qui permettrait un accompagnement vers la réinsertion, en particulier en fin de peine. Or pour l’instant, il n’y a que deux places avec ce statut, en expérimentation à la prison de Rochefort. « Nous allons y réfléchir », promet la Garde des Sceaux.
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