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Nicolas Baudin : un marin naturaliste
Nicolas Baudin, né à Saint-Martin en 1754 a laissé un bilan scientifique impressionnant malgré un décès prématuré, en 1803, dû à la tuberculose. Sophie Muffat, a publié une biographie dans laquelle elle s’attache plus particulièrement à cet aspect du grand naturaliste et à ce qu’il a apporté à la France dans ce domaine.
Sophie Muffat avait déjà abordé ce sujet lors d’une conférence à Saint-Martin en août 2022. Cette fois, elle revient plus longuement sur le naturaliste qui sommeillait en Baudin dans un ouvrage intitulé Nicolas Baudin, un marin naturaliste au service du Consulat, où elle s’intéresse au personnage alors qu’il a déjà une trentaine d’années et un passé dans la marine marchande, le fait d’être roturier ne lui ayant pas permis de faire carrière en tant qu’officier dans La Royale.
Baudin se découvre une passion de naturaliste
En 1787, à l’âge de 33 ans , il rencontre au cap de Bonne-Espérance Franz Boos, un botaniste autrichien qui le révélera à lui-même. L’homme accompagné de son adjoint Georg Scholl est en mission pour l’empereur d’Autriche, Joseph II, et cherche un convoi pour rapatrier leurs collections. Booz par nécessité, mais aussi par affinité, formera Baudin pour qu’il puisse, Scholl étant malade, assurer le retour des animaux et des plantes vers l’Europe à bord de La Joséphine. L’empereur Joseph II, satisfait du résultat du voyage propose à Baudin une mission scientifique de deux ans en Chine. L’Autriche n’étant pas en guerre avec la France à ce moment-là, Baudin accepte. Il restera environ huit ans au service des Habsbourg, puis la Révolution Française ayant renversé la royauté et l’Autriche déclaré la guerre à la France, il rentre pour ne pas se retrouver dans le camp ennemi.
Le fabuleux retour de la mission effectuée pour le musée d’Histoire naturelle
Il cherche à se faire réintégrer dans la marine nationale sans succès. Il a heureusement l’idée de proposer à Antoine-Laurent de Jussieu, directeur du Muséum d’Histoire naturelle de lui donner sa collection personnelle de plantes et animaux, et qui se trouve à la Trinité espagnole, il demande simplement que l’État finance l’expédition. L’une des priorités du musée est alors d’élargir les collections, Jussieu accepte donc et met tout en oeuvre pour que Baudin puisse prendre la mer. Le départ se fera du Havre.
L’appareillage est difficile, les ennuis se succèdent, l’argent manque et en conséquence des désertions ont lieu. Quant à La Belle Angélique, le bateau de la mission, elle rend l’âme à Ténériffe et devra être remplacée. A Trinidad, les collections en dépôt ont été détruites par les Anglais. L’intelligence et la ténacité de Baudin vont vaincre tous les impedimenta, on procèdera à de nouvelles cueillettes, Baudin vendra des esclaves pour se renflouer et aussi incroyable que cela puisse paraître le bateau après avoir évité le blocus des Anglais arrive à Fécamp le 7 juin 1798 avec une cargaison d’une richesse extraordinaire, juste à temps pour participer à la procession triomphale de Bonaparte sur le Champ de Mars, le 27 juillet ! Jussieu ne tarit pas d’éloges, la presse l’acclame, Baudin est célébré et invité par toutes les sociétés savantes, il sera même fait capitaine de vaisseau le 4 août 1998 !
Le voyage à la Nouvelle Hollande
Baudin aimerait repartir pour une ambitieuse circumnavigation. Mais la période est politiquement peu stable, l’argent manque et personne ne veut prendre de décision à long terme. Le 25 mars 1800, le Premier Consul le reçoit et lui confie une expédition dont les objectifs avoués sont la reconnaissance des côtes de l’Australie (Nouvelle Hollande), mais qui implique également un relevé des positions anglaises, l’inventaire des espèces animales et végétales et la description des populations rencontrées. Deux bateaux, Le Géographe et Le Naturaliste sont mis à sa disposition et c’est à peu près tout. Aucune liberté ne lui est concédée dans le choix des savants qui sont au nombre de 22 alors que Baudin estime que 8 sont suffisants, ou dans celui des officiers plus imbus d’eux-mêmes les uns que les autres ! Dès le départ, le caractère bien trempé de Baudin qui entend faire régner la discipline à bord va lui mettre les savants, les officiers et l’équipage à dos. Les relations s’enveniment avec les deux premières catégories qui prennent de haut un commandant naturaliste autodidacte et de plus roturier, ayant réussi néanmoins à devenir officier de marine par des voies inhabituelles : la reconnaissance de ses talents et non par la naissance. Situation étonnante dans cette France post-révolutionnaire. Tous se conduisent envers lui et la mission de manière inacceptable.
L’expédition sera néanmoins couronnée d’un succès magnifique sur tous les plans y compris diplomatique et malgré toutes les difficultés rencontrées, auxquelles Baudin fit face avec son habituel sang-froid. La malchance est qu’il soit mort de tuberculose à l’île de France (île Maurice de nos jours) sur le chemin du retour et n’était plus là pour défendre son bilan que d’autres n’ont pas hésité à s’approprier.
En tout cas, les Anglais et les Australiens ne se sont pas trompés sur la qualité de l’homme et ses réussites. Matthew Flinders, explorateur britannique, donnera le nom de Baudin à différents endroits que lui Flinders a découvert : Baudin Beach sur Kangaroo Island ainsi que Baudin Point et Baudin Island, deux îles des environs. D’autre part Nicolas Baudin est régulièrement célébré de nos jours sur le continent australien comme le découvreur des rivages du pays et la majorité des ouvrages le concernant sont édités en Australie ou en Angleterre. Saluons donc l’ouvrage de Sophie Muffat qui nous donne l’occasion de pouvoir nous informer en français sur cet homme exceptionnel.
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