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NEMO : « Nous sommes stupéfaits du manque de maîtrise du projet éolien par l’Etat »
A l’invitation du maire de Saint-Clément et de l’APSSC, le collectif NEMO a tenu le 17 août une conférence sur le bilan et les perspectives des projets éoliens marins, devant une centaine de participants.
NEMO rassemble trente-six organisations opposées aux localisations envisagées par l’État sur quatre secteurs : Oléron, Ré, Royan-presqu’île d’Arvert, Aunis-Agglomération de La Rochelle. Très documentées, les Lettres de NEMO ont précédé et accompagné le Débat public du 6 avril 2021 au 18 janvier 2022 et ont été publiées dans nos éditions Ré, LR et RMØ à la Hune. S’y est ajoutée une synthèse des parutions scientifiques sur les « effets récifs » des éoliennes signée par Ré Nature Environnement. « C’est une grosse ficelle, les « pro-éoliens » disaient à tout-va que les éoliennes produisaient un effet récif très positif. L’examen de 250 parutions scientifiques atteste – et c’est confirmé par plusieurs biologistes marins – qu’elles sont au contraire une catastrophe pour les bio-systèmes. » a expliqué Dominique Chevillon.
« La relation a été loyale et riche avec Francis Beaucire, le président de la Commission particulière du débat public, aussi avec tous es élus de Charente-Maritime. A part le Maire et président d’Agglo de La Rochelle, favorable aux éoliennes avec toutefois 38 de ses 79 conseillers communautaires qui sont contre, l’ensemble des élus s’y opposent, l’opposition est massive. »
Nous ne reviendrons pas sur le rapport de la CNDP, que nous avons déjà largement détaillé dans nos colonnes, ni sur les motifs d’oppositions au projet industriel éolien au larges de nos côtes atlantiques. NEMO a précisé qu’il était tout aussi contre le nouveau projet de l’Etat qui se situe toujours sur une voie de migration intercontinentale des oiseaux, dans un golfe de Gascogne qui constitue l’une des principales zones de pêche pour les pêcheurs depuis le Cap Breton jusqu’à la Bretagne, en passant par le bassin d’Arcachon, Oléron ou encore Les Sables d’Olonne. Et aussi l’une des principales zones de frayères d’Europe.
« Sur l’une des plus grandes zones d’Europe, il y aurait un effet de masse à l’impact visuel réel depuis l’île de Ré, avec 200 éoliennes de 280 m de haut. L’Etat encore une fois a choisi une nouvelle zone sans consultation ni études d’impact environnemental et socio-économiques et répète à l’envi le même schéma pour cette 4ème localisation, après avoir déjà reculé trois fois. L’Etat veut sous-traiter aux industriels eux-mêmes les études, pour ne pas les payer. Attention aux tours de passe-passe » a alerté Dominique Chevillon. Le raccordement des deux zones industrielles éoliennes se ferait entre les îles d’Oléron et de Ré, cela est aussi un point de vigilance fort.
« Les mêmes causes produisant les mêmes effets, NEMO prend position contre cette nouvelle localisation. Plus que jamais l’absence de programmation par l’Etat des activités en mer (directive européenne pour éviter les zones environnementales et les activités existantes) est condamnable. Entre deux technologies (posé et flottant) pour des éoliennes qui seraient opérationnelles vers 2030, le choix du flottant plus au large, hors Natura2000 et zone de pêche, est une solution plus vertueuse. » explique le représentant de NEMO.
Ne cachant pas que NEMO ira jusqu’au bout, Dominique Chevillon rappelle que si l’Etat a supprimé deux niveaux de recours pour l’éolien, et que seul en France le Conseil d’Etat peut statuer, celui-ci ne le fera pas forcément défavorablement. Et le dossier est loin d’être « franco-français » précise-t-il aussi, rappelant au passage que plus d’une fois la LPO est allée et a gagné devant la Cour de Justice Européenne…
Claude Rieg a ensuite présenté tous les aspects industriels, tandis que Sylvain Berjon a insisté sur l’intermittence de l’éolien et les difficiles équilibres du système électrique, avant d’évoquer les impacts d’un développement à grande échelle de l’éolien sur les circulations atmosphériques (lire notre article sur realahune.fr). Il faut notamment « prendre conscience que le solaire et l’éolien ne sont durables qu’au niveau de la source primaire, mais que le système de transformation en énergie électrique fait appel à des matériaux et des ressources qui ne le sont pas » a rappelé Claude Rieg. « Faire de l’éolien, c’est décider d’investir deux fois » a expliqué Sylvain Berjon, « car l’éolien ne peut exister sans cette garantie de flexibilité, disponibilité et stabilité qu’offrent les autres moyens de production. »
« L’opposition au projet sort considérablement renforcée par la sortie du Parc Naturel Marin, présentée par l’Etat comme l’alpha et l’oméga, nous sommes toujours 35 organisations soudées (contre 36 au départ). L’Etat présente de grandes insuffisances techniques, économiques, environnementales, sociales. Il y a encore de la place pour faire évoluer le dossier plus à l’Ouest et pour faire reculer l’Etat, nous sommes stupéfaits de voir à quel point il ne maîtrise pas ce dossier. Nous allons formaliser notre opposition pour acter notre contestation. », a conclu Dominique Chevillon.
Le point sur les projets éoliens
A l’invitation de la Maire de Sainte-Marie de Ré, une conférence – débat est prévue le 6 septembre 2022 à 18h30 salle des Paradis à Sainte-Marie de Ré sur le thème : Le point sur les projets d’éoliennes marines d’Oléron, Ré : bilan et perspectives.
Un mois après la décision de l’État de choisir un nouveau lieu d’implantation, le collectif NEMO dresse un état de la situation, les menaces et les opportunités de ces projets, les recours et, les voies d’évolution possibles…
Avec la participation de Dominique Chevillon, Claude Rieg, Sylvain Berjon, Philippe Favreau, membres du collectif NEMO.
Règle de « la non-régression environnementale »
Le journal Les Echos, dans son édition du 17 août explique que l’une des dispositions du projet de loi de facilitation des projets éoliens et photovoltaïques risque de se heurter à la règle de non-régression environnementale instaurée par la loi sur la biodiversité.
« Le gouvernement, qui vient d’engager les premières consultations avec les acteurs concernés par la future loi d’exception visant à combler le retard de développement de la France dans le secteur des énergies renouvelables (ENR), pourrait connaître quelques déconvenues. Selon certains juristes, le texte qui doit être présenté à la rentrée en Conseil des ministres est hautement susceptible de contrevenir à la loi de 2016 sur la biodiversité.
Cette réforme, qui avait été portée par Barbara Pompili, à l’époque secrétaire d’Etat à la Biodiversité, a institué le principe de non-régression. Celui-ci veut que la protection de l’environnement, assurée par les dispositions législatives et réglementaires qui lui sont relatives « ne peut faire l’objet que d’une amélioration constante ».
Une règle d’or à laquelle les décrets liés à l’article 3 de la future loi pourraient contrevenir. Il s’agit de ceux appelés à modifier, même à titre temporaire (48 mois), les critères et les seuils de soumission des projets éoliens ou photovoltaïques à étude d’impact. » écrit le quotidien.
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