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Nawroos Shjaie : une intégration réussie
Depuis février 2020, neuf jeunes réfugiés ont été accompagnés par l’association Habitat et Humanisme afin de suivre une formation de couvreur avec les Compagnons du Devoir dans la région. L’un d’entre eux, Nawrooz Shjaie, formé par l’entreprise Olivier Tradition à Ars-en-Ré, a reçu son diplôme de couvreur
Avec l’obtention de son diplôme de couvreur, mardi 6 avril, c’est une nouvelle vie qui s’offre à Nawrooz Shjaie, réfugié afghan formé et employé par l’entreprise Olivier Tradition spécialisée dans la couverture, la zinguerie et la charpente à Ars-en-Ré. Pourtant ce n’était pas une affaire gagnée d’avance. Lorsque les Compagnons du Devoir prennent contact avec Yannick Palvadeau, directeur de l’entreprise, celui-ci s’était demandé s’il avait intérêt à engager sa société et ses employés dans cette démarche. Il n’était pas sûr d’appréhender tout ce qu’ impliquait l’introduction d’un réfugié ayant forcément vécu des choses difficiles et venant d’un monde culturellement différent, dans une entreprise appartenant au secteur « plutôt rude » du bâtiment et qui plus est dans le milieu protégé de l’île de Ré. Un an plus tard, il se félicite d’avoir pris la bonne décision en intégrant Nawrooz à son équipe de dix-sept employés.
Confié à un élément particulièrement ouvert du personnel, également bon formateur, Nawrooz a pu dépasser assez rapidement les craintes et tensions qu’il éprouvait les premiers jours. Les plus grosses difficultés par rapport au travail ont été les nouvelles connaissances techniques à acquérir et l’ignorance de la langue française sans laquelle rien n’était possible. Changement de vocabulaire, de grammaire et la nôtre n’est pas facile, de calligraphie… c’est énorme pour un individu qui doit en même temps s’adapter à de nouvelles mentalités, de manières de vivre et de manger et gagner la confiance et le respect de son patron et de ses collègues. Outre ses heures de travail dans l’entreprise, il a dû consacrer du temps à l’apprentissage du Français, apprendre à gérer un logement, se familiariser avec la géographie de la région. Nawrooz partait de loin, car jusqu’alors, pour survivre en Afghanistan, il n’avait fait que des petits boulots.
Le rôle d’Habitat et Humanisme auprès du jeune réfugié
En danger de mort dans son pays, il a dû fuir en 2015. Après un long périple à travers différents pays qui l’a mené en Allemagne puis en France, en raison des accords de Dublin (1), où il est arrivé en août 2016, Nawrooz a végété deux ans durant dans une structure d’accueil. C’est sa volonté de s’en sortir et de se former qui lui a permis d’intégrer Habitat et Humanisme, grâce au « dispositif public de Thrassos, qui accompagne les bénéficiaires de la protection internationale dans un parcours de mobilité géographique vers la formation et un emploi durable » explique Gilles Moutel, président d’Habitat et Humanisme Charente- Maritime Deux-Sèvres. L’association l’a logé en compagnie de deux autres réfugiés pour que les jeunes gens ne sentent pas isolés et se soutiennent et l’a accompagné pour toutes les démarches administratives.
Un an plus tard, Nawrooz a réussi. A 32 ans, une nouvelle vie s’offre à lui loin des dangers et des galères inhérentes à son pays d’origine. Il n’osait plus y croire. Il est conscient qu’il le doit à un patron qui a cru en lui, à des collègues qui ont suivi l’engagement de leur patron et l’ont soutenu et au support de Raphaëlle Palvadeau, fille de Yannick, jeune personne particulièrement dynamique et à l’esprit ouvert. Habitat et Humanisme, qui a su voir un véritable potentiel en lui, a également joué un rôle important. Yannick Palvadeau qualifie cette aventure de « super enrichissante » pour lui et son équipe et souhaite aller plus loin avec Nawrooz. Celui-ci est recruté en CDD afin de faire une formation en zinguerie, qu’il n’aurait pu obtenir s’il avait été en CDI. Ce n’est que partie remise, dès le diplôme obtenu, Nawrooz bénéficiera d’un CDI. Désormais salarié, avec une carte de résident de dix ans, il doit se débrouiller seul et se trouver un logement, indépendamment de l’aide d’Habitat et Humanisme. Yannick Palvadeau prendra en charge la caution du nouvel appartement pour l’aider à s’installer rapidement. Sa situation étant régularisée, Nawrooz peut maintenant entreprendre les démarches pour que son épouse, dont il est séparé depuis sept ans, puisse le rejoindre.
Le méandre des démarches à effectuer, et dont certaines sont déjà entreprises, représente un nouveau parcours du combattant !
(1) – Le Règlement de Dublin, pour ceux qui auraient oublié, est un texte qui s’applique à tous les États Européens qui ont adopté des règles sur la circulation des demandeurs d’asile dans l’espace commun de Schengen. Le principe est qu’un seul État soit responsable de l’examen d’une demande d’asile.
Une action en faveur du logement et de la réinsertion
L’antenne Charente-Maritime Deux Sèvres de l’association Habitat et Humanisme existe depuis 2010. Elle agit en faveur du logement, de l’insertion et de la recréation de liens sociaux. Elle permet aux personnes précarisées en raison de leur situation sociale, de leur âge, de leur handicap ou de leur santé d’accéder à un logement dans un quartier équilibré et de proposer un accompagnement pour favoriser la création de liens sociaux.
L’antenne régionale couvrant les départements de Charente-Maritime et Deux Sèvres est animée par une équipe de 100 bénévoles, dispose de 90 logements et a accompagné plus de 150 familles depuis sa création. Le siège social est à La Rochelle et il existe une antenne à Royan.
www.habitat-humanisme.org
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