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Nadine Constancin, quand art et vie se confondent…
A quelques jours d’une exposition des créations de ses élèves, l’occasion est belle pour une rencontre avec Nadine Constancin, peintre de l’océan mais pas que…

Silhouette longiligne, yeux bleus presque transparents… au premier regard, Nadine Constancin semble fragile comme du verre. Mais elle emplit l’espace et on comprend bien vite à qui on a affaire : une femme, de celles qui ne soumettent qu’à leurs propres élans, et une artiste, au sens aussi résolu qu’absolu du terme.
Enfance nomade
Si elle est Rétaise de naissance, Nadine Constancin ne passe pas son enfance sur l’île de Ré, la carrière de son père conduisant la famille ici et là, au fil de déménagements successifs. L’île de Ré, ce n’est que le temps des vacances, mais Nadine ne le regrette pas car à cette époque, « il faut bien dire que l’île était très archaïque », sourit-elle avec tendresse. Mais ses racines sont ici et la suite prouvera qu’on y retourne souvent…
La vie d’artiste
Jeune étudiante, Nadine entre à Sciences Po Bordeaux pour s’en échapper aussi vite. « J’ai pris la fuite, ce n’était pas pour moi ! » se rappelle-t-elle. Elle file alors vers sa (première passion), le théâtre et Paris, où elle suit les cours de l’école Charles Dullin. Survient alors une rencontre comme seule la vie en provoque : alors qu’elle vient d’assister à une représentation de la célèbre pièce Les Bonnes de Jean Genet, elle va au-devant du metteur en scène pour lui exprimer son admiration. « Que faites-vous demain soir ? », lui répond celui-ci. L’une des comédiennes jouant dans la pièce s’étant désistée, Nadine reprend son rôle au pied levé… « Une rencontre comme il n’en arrive qu’une fois dans la vie », sourit-elle. Hum, pas si sûr…
Le rideau tombe mais la peinture attend
Après quatre ans d’une belle aventure théâtrale et sentant qu’elle n’ira pas plus loin, Nadine « entre en peinture », car, nous précise-t-elle, « on entre en peinture comme dans un couvent ». Les Beaux Arts ? « Non », répond-elle d’emblée, estimant qu’« on y apprend beaucoup de choses sauf à peindre ». Direction la Belgique et l’école Van der Kelen, où elle trouve un maître et toute la richesse d’un établissement cosmopolite. Sérieuse et déterminée, Nadine se met à peindre, peindre et… peindre encore. Vie sociale réduite au minimum, pas de fêtes nocturnes, l’heure est à l’ascèse. Sortant de cette école prestigieuse, autre rencontre (on vous l’avait bien dit…), on ne se rappelle plus bien avec qui, mais peu importe, cette relation connaît nombre de personnes désireuses de s’initier à la peinture. Voilà Nadine à la tête d’une flopée d’élèves. Jeune peintre en devenir, elle découvre le plaisir d’enseigner et de transmettre. Parallèlement, elle sera aussi peintre décoratrice, créant trompel’oeil et autres fresques. Mais l’horizon s’obscurcit bientôt : nous sommes dans les années 1990, à l’heure d’une profonde crise immobilière. Nadine voit ses chantiers tomber les uns après les autres, la jetant dans une situation financière inextricable. Paris, c’est fini pour elle.
Retour aux sources (océanes)
L’artiste rentre alors en terre rétaise et chez ses parents… Pas si simple lorsqu’on arrive à la quarantaine. Mais Nadine a du ressort sous le pinceau. La découvrant peintre, une voisine montre son enthousiasme pour des cours. « Mais je n’ai pas d’atelier », répond-elle. Qu’à cela ne tienne, son père lui en installe un dans la grange de la propriété familiale. Une nouvelle vie commence. Au Bois-Plage, Nadine peint ce qu’elle a autour d’elle et sous les yeux, l’océan, qu’elle sent, ressent et capte dans tous ses états et sous tous ses ciels. Elle va l’enseigner aussi, ainsi que les forêts, les coquelicots, les chevaux et tant d’autres sujets encore, à l’aquarelle, à l’huile ou aux pigments, ceux-ci étant plus chers mais incroyables à travailler. Textures, matières, couleurs, joie de peindre et de transmettre, « enseigner l’Art, c’est enseigner la vie », affirme-t-elle sérieusement, une lueur pétillante dans le regard.
Ses élèves, Nadine en est fière et elle aime l’ambiance et les liens d’amitié qui se tissent autour des toiles. Des élèves, une quinzaine aujourd’hui, qui l’ont suivie lorsqu’elle s’est vue contrainte de quitter l’île de Ré pour s’installer à L’Houmeau. Elle se réjouit de l’exposition à venir, s’annonçant comme un heureux moment de complicité et de partage.
Quittant Nadine après plus de deux heures d’entretien, on se dit qu’on n’a pas tant parlé peinture que ça… enfin, si finalement on n’a parlé que de ça, de peinture, d’art et de vie. « Une toile vierge est un rendez-vous », nous a-t-elle dit. Une page blanche aussi…
Atelier Nadine Constancin – « Des Songes et des Hommes »
Créations des peintres de l’atelier
Du mardi 29 avril au lundi 12 mai
De 10h à 13h et de 15h à 19h
La Petite Ecole – 43, cours des Écoles à Sainte-Marie de Ré
Vernissage le vendredi 2 mai à 18h
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