Musique en Ré : des nouveautés remarquables

Cela fera bientôt quarante ans que Kamiar Kian, animé, par la passion de transmettre, cherche à faire découvrir au plus grand nombre la musique classique, tout en la désacralisant et en proposant des styles musicaux accessibles à tous. Belle machine bien huilée et à l’organisation parfaite nécessitant un énorme travail en amont, le 37e festival de Musique en Ré se déroulera du 25 juillet au 8 août. C’est actuellement l’un des trois seuls festivals en France à disposer d’un orchestre symphonique en résidence pendant toute la durée de la manifestation ! Environ quatre-vingts musiciens, sans compter les techniciens, seront présents sur l’île, de fin juillet à début août, auxquels il faudra, entre autres, trouver un logement. En soi, c’est déjà un exploit.

Nouveautés : un spectacle audiovisuel et un ciné-concert

Une réalisation tout à fait inhabituelle réside dans la mise en scène du « Concert Jeune Public » qui se tiendra cette année à Ars le 31 juillet à 18h. Le Petit Prince, conte philosophique d’Antoine de Saint-Exupéry, qui a enchanté des générations de lecteurs, est le thème fédérateur à partir duquel un spectacle complet a été créé. A la musique composée par Marc-Olivier Dupin viendront s’ajouter les dessins originaux de la bande dessinée de Joann Sfar, projetés sur grand écran et soutenus par une lecture du comédien Benoît Marchand. Un véritable défi technique qui fera voyager, avec couleur et poésie, petits et grands. Pour les amateurs de Joann Sfar : à l’heure où nous mettons sous presse, sa venue n’a pas encore été confirmée, mais reste du domaine des possibles.

Autre temps fort, « Le classique crève l’écran », appartenant à la série Sites en scène, à Loix le 2 août, un ciné-concert, jouant sur la mémoire et la sensibilité du public et dont les stars sont Mozart, Beethoven, Bach, Wagner… Les cinéastes ont souvent puisé leur inspiration dans la musique classique. Tout le monde connaît l’Amadeus de Milos Forman (1984) ou le Ludwig van B. de Bernard Rose, dix ans plus tard. Lors de cette soirée, les musiciens de Musique en Ré, réunis autour du célèbre clarinettiste Florent Pujuila, accompagneront certaines scènes mythiques de ces films et d’autres longs métrages, projetées sur grand écran.

Des Sites en scène particulièrement attractifs

Rappelons que les Sites en scène, au nombre de sept, sont des concerts gratuits ayant lieu généralement en plein air. Fort heureusement un repli est toujours prévu en cas de mauvais temps ! Le festival s’ouvrira le jeudi 25 juillet, à Sainte-Marie sur West side story, chef d’oeuvre de Léonard Bernstein et l’une de pièces américaines les plus connues au monde. Une oeuvre demandée par Gisèle Vergnon dont on est sûr qu’elle rassemblera un large public tant elle est appréciée. Suivront deux Sites en scène à Saint- Martin : le 28 juillet, « Voyage en Italie baroque », avec Vincent Beer- Demander, clarinettiste qui s’est donné pour mission de sortir cet instrument des oubliettes. Le 29, Don Giovanni, l’opéra de Mozart s’emparera de la place de la République. Le mercredi 31 juillet, à Ars, c’est Alexis Cardenas d’origine vénézuélienne, l’un des musiciens les plus importants de sa génération et premier violon solo de l’orchestre national d’île de France, qui présentera avec son quartet un ample répertoire instrumental de musique du Venezuela et de Colombie. Carte blanche sera donnée à Alexandre Gallet et ses amis pour traverser les époques et interpréter les mouvements les plus célèbres des « Trésors de la musique classique », le 4 août, place de la Liberté aux Portes. Enfin le dernier Sites en scène aura lieu le 7 août à Saint-Clément en compagnie du guitariste Sotiris Athanasion et de l’accordéoniste Julien Beautemps, tous deux formant le Duo Argos, célébrant l’union de la musique classique et des musiques du monde.

Un final somptueux en l’église de Saint-Martin

Le festival fait la part belle aux oeuvres de Mozart que l’on pourra entendre à cinq reprises au cours de cet événement. En particulier le 29 juillet, dans la série des Sites en scène, Don Giovanni, le plus élaboré et le plus complexe des opéras de Mozart que dirigera Pierre Dumoussaud.

Les autres concerts proposeront des oeuvres des grands noms du répertoire classique : Tchaïkovski, Bethoven, Bach, Dvorak, Brahms… et pour terminer dignement le festival une soirée mémorable avec Shéhérazade op. 35 de Nikolaï Rimski-Korsakov, « un grand monument de la musique » selon Kamiar Kian, dont l’interprétation nécessite quinze musiciens de plus que le quota habituel de l’orchestre symphonique. Shérérazade, cet Orient rêvé par Rimski-Korsakov, est un bel exemple de la vitalité et de la qualité de la musique russe à l’époque. Soirée d’autant plus mémorable que la suite symphonique sera dirigée par Jean- Claude Casadesus qui une fois encore, pour le plus grand plaisir du public, clôturera ce festival.